Vivre de Sa Vie

Durant une dizaine d’années, alors que nous vivions en banlieue parisienne, maman fut une nounou … une bonne nounou. Elle n’avait aucun diplôme spécifique et ne pouvait donc revendiquer le titre de « nourrice agréée ». Mais les enfants … elle connaissait ! N’en avait-elle pas eu sept ? Ne les avait-elle pas bien élevés ? Les parents qui, chaque matin avant de partir au travail, venaient lui confier leur petit, le savaient bien et lui faisaient pleinement confiance.

 

Maman était une bonne nounou. Elle aimait ces enfants, garçons et filles âgés de deux à cinq ans, si mignons à certaines heures, si diablotins à d’autres. Elle s’émerveillait souvent  mais aussi s’emportait parfois. Elle laissait déborder sa tendresse mais n’hésitait pas à hausser la voix, faire les gros yeux et parfois même fesser. Lorsqu’elle voyait ces tout-petits se mordre entre eux et se griffer, se frapper et se tirer les cheveux, elle ne pouvait s’empêcher de s’exclamer : « Quand je pense qu’il y en a qui ne croient pas au péché originel ! En voilà pourtant la preuve sous mes yeux ». C’est précieux une maman qui a du bon sens et de l’expérience.

 

À Noël, nous avons accueilli l’Emmanuel « Dieu avec nous ». Pourquoi donc le Verbe s’est-il fait chair ? Pour être Jésus, c’est-à-dire Dieu Sauveur. Mais de quoi l’humanité a-t-elle besoin d’être sauvée ? : Du péché qui nous coupe de Dieu, nous plonge dans les ténèbres et nous conduit à la mort éternelle. Or – nous dit le catéchisme de l’Eglise Catholique (N° 1250) –   « naissant avec une nature humaine déchue et entachée par le péché originel, les enfants eux aussi ont besoin de la nouvelle naissance dans le Baptême … ». Certes, ces chers petits  sont incapables de commettre un péché lucidement et volontairement tant qu’ils n’ont pas l’âge de raison ; il n’empêche qu’ils héritent d’une nature humaine, magnifique sous certains angles mais si perturbée et  blessée sous d’autres. Eux aussi ont donc besoin d’être sauvés … sauvés de « ce péché originel qui est appelé « péché » de façon analogique : c’est en effet un péché « contracté » et non pas « commis », un état et non pas un acte (N° 404)  » ».

 

En ce dimanche du baptême du Seigneur, Celui que nous avons accueilli comme Sauveur durant la nuit de Noël nous indique la voie ordinaire du Salut. Il nous montre l’exemple, nous ouvre le chemin. « Il faut renaître d’en-haut » ; il faut être baptisé ; il faut être immergé dans l’amour trinitaire. Créés par Dieu, nous sommes faits pour Dieu, pour vivre de la plénitude de sa vie. Savoir que déjà elle nous irrigue, n’est- ce pas une pure merveille ?

 

 

 

 

Père Gilles Morin

curé

Durant une dizaine d’années, alors que nous vivions en banlieue parisienne, maman fut une nounou … une bonne nounou. Elle n’avait aucun diplôme spécifique et ne pouvait donc revendiquer le titre de « nourrice agréée ». Mais les enfants … elle connaissait ! N’en avait-elle pas eu sept ? Ne les avait-elle pas bien élevés ? Les parents qui, chaque matin avant de partir au travail, venaient lui confier leur petit, le savaient bien et lui faisaient pleinement confiance.

 

Maman était une bonne nounou. Elle aimait ces enfants, garçons et filles âgés de deux à cinq ans, si mignons à certaines heures, si diablotins à d’autres. Elle s’émerveillait souvent  mais aussi s’emportait parfois. Elle laissait déborder sa tendresse mais n’hésitait pas à hausser la voix, faire les gros yeux et parfois même fesser. Lorsqu’elle voyait ces tout-petits se mordre entre eux et se griffer, se frapper et se tirer les cheveux, elle ne pouvait s’empêcher de s’exclamer : « Quand je pense qu’il y en a qui ne croient pas au péché originel ! En voilà pourtant la preuve sous mes yeux ». C’est précieux une maman qui a du bon sens et de l’expérience.

 

À Noël, nous avons accueilli l’Emmanuel « Dieu avec nous ». Pourquoi donc le Verbe s’est-il fait chair ? Pour être Jésus, c’est-à-dire Dieu Sauveur. Mais de quoi l’humanité a-t-elle besoin d’être sauvée ? : Du péché qui nous coupe de Dieu, nous plonge dans les ténèbres et nous conduit à la mort éternelle. Or – nous dit le catéchisme de l’Eglise Catholique (N° 1250) –   « naissant avec une nature humaine déchue et entachée par le péché originel, les enfants eux aussi ont besoin de la nouvelle naissance dans le Baptême … ». Certes, ces chers petits  sont incapables de commettre un péché lucidement et volontairement tant qu’ils n’ont pas l’âge de raison ; il n’empêche qu’ils héritent d’une nature humaine, magnifique sous certains angles mais si perturbée et  blessée sous d’autres. Eux aussi ont donc besoin d’être sauvés … sauvés de « ce péché originel qui est appelé « péché » de façon analogique : c’est en effet un péché « contracté » et non pas « commis », un état et non pas un acte (N° 404)  » ».

 

En ce dimanche du baptême du Seigneur, Celui que nous avons accueilli comme Sauveur durant la nuit de Noël nous indique la voie ordinaire du Salut. Il nous montre l’exemple, nous ouvre le chemin. « Il faut renaître d’en-haut » ; il faut être baptisé ; il faut être immergé dans l’amour trinitaire. Créés par Dieu, nous sommes faits pour Dieu, pour vivre de la plénitude de sa vie. Savoir que déjà elle nous irrigue, n’est- ce pas une pure merveille ?

 

Père Gilles Morin

curé

Et moi, et moi, et moi… !

Rassurez-vous, je n’ai aucunement l’intention de vous fredonner la chanson de Jacques Dutronc des années soixante. Le « Et moi, et moi, et moi… ! » que je souligne dans cet éditorial remonte à dimanche dernier et me valut une belle distraction. J’étais avec le Père Lecuyer dans l’allée centrale de l’église à donner la sainte communion aux fidèles. Sur la file qui était à ma gauche se trouvait une jeune maman qui tenait dans ses bras son tout jeune enfant. Celui-ci eut ce beau geste de tendre la main vers le ciboire comme pour s’emparer d’une hostie. A côté d’elle se tenait sur ses deux jambes un plus grand, âgé de 3 ou 4 ans, qui tapotait des pieds avec énergie en réclamant : « Et moi, et moi, et moi… ! ». Je ne pus m’empêcher de tourner la tête pour regarder ce blondinet qui, sous forme de protestation, affirmait précocement sa faim de l’Eucharistie et manifestait ainsi prophétiquement son désir de ne faire qu’un avec Jésus.

 

Le jour de Noël, l’Eglise nous a fait entendre le prologue de l’Evangile de Saint Jean. Il nous y est dit magnifiquement que le Verbe, Celui qui s’est fait chair dans la nuit de Noël, EST la Vie, qu’il EST la lumière qui éclaire tous les hommes en venant dans le monde. … tous les hommes … Oui, tous sont appelés à la Lumière pour jouir de la plénitude de la Vie. Mais comment parvenir à Jésus ? Comment le trouver ? Les mages, ces savants épris d’absolu, aspiraient à la vraie vie. Ils ont eu leur étoile qui les a guidés. Ils ont pu ainsi admirer et s’émerveiller

 

En ce dimanche de l’Epiphanie, l’Eglise laisse résonner la voix du prophète Isaïe : « Debout, nous dit-il,  resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ». Mais il ajoute : « Regarde, l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ». Pouvons-nous contempler égoïstement le mystère de la Nativité tout en sachant tant de nos frères errer dans l’ignorance ou l’indifférence ? Alors que nous baignons dans la Lumière et que nous savourons la Vie,  ne les entendons-nous pas nous lancer : « Et moi, et moi, et moi… ! » ?

 

Petit bonhomme blondinet qui tapotait du pied en t’écriant « « Et moi, et moi, et moi… ! », tu as ton étoile. Ton étoile, c’est ta maman. Continues de te laisser guider par elle ; elle te fera avancer de plus en plus dans la Lumière et dans la Vie du Christ.

 

Vous tous, qui ne savez plus où est la vraie lumière, où est la vraie vie, nous voulons être une étoile sur votre route. Allons, levez les yeux, regardez, cherchez et vous trouverez … et vous serez radieux … et votre cœur frémira et se dilatera.

 

 

 

Père Gilles Morin

curé