Il y aura un jour … le jour du Seigneur

Reconnaissons que certains passages de la Parole de Dieu ont une tonalité redoutable. Ceux de ce 33ème dimanche ont de quoi nous faire trembler: « Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise, affirme Malachie. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera … ». Jésus, quant à lui, parlant de l’impressionnant temple de Jérusalem prévient ses disciples : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ».

 

Notre monde ne manque ni d’arrogants ni d’impies. Il est trop souvent porté à s’extasier et à s’enorgueillir devant ses prouesses techniques et ses nouvelles technologies. Un jour viendra, cependant, … « le Jour du Seigneur » … et que restera-t-il de tout cela ? On dit et  on répète avec raison qu’il ne faut pas « se laisser effrayer par les prophètes de malheur qui profitent des chaos de l’histoire pour annoncer régulièrement la fin des temps ». Faut-il pour autant taire ce « jour du Seigneur » par peur de heurter, pour ne prodiguer que des paroles suaves et doucettes agréables à écouter ? N’y a-t-il pas un devoir d’avertissement ? : Il y aura bel et bien un jour … « Le jour du Seigneur » … Il faut nous y préparer non dans une crainte paralysante mais dans le sérieux d’une vie aimante, dans une foi fervente, dans une espérance réconfortante.

 

Récemment, un grand jeune me confiait ce qu’il a appelé son « miracle ». Sa foi s’était un peu attiédie. Chose inhabituelle pour lui, il s’endormit un soir sans faire sa prière. Cette nuit-la, voici ce qu’il cauchemarda : Alors qu’il était entrain d’étudier à la Fac, il y eut un attentat à la bombe. Il se retrouva amnésique à l’hôpital. On fit de multiples tentatives pour réveiller sa mémoire, déclencher un souvenir. On fit défiler devant lui sa famille, ses meilleurs amis. On lui fit humer les parfums des personnes qu’il aimait. En vain … Pourtant, remonta alors à son esprit et sur ses lèvres ces mots si simples et si profondément enracinés en son cœur, son seul souvenir : « Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne … ». Ce grand jeune se réveilla alors en pleine nuit et fit cette prière qu’il avait oublié de dire avant de s’endormir.

 

Notre monde ne prie guère et se retrouve à cauchemarder. S’il pouvait se rappeler de Dieu, vivre dans l’aujourd’hui avec Lui et pour Lui. S’il pouvait ne jamais oublier qu’il y aura un jour … « le jour du Seigneur ».

 

Père Gilles Morin

Curé

Avec eux par la prière

Ils étaient sept frères, tous admirables. Pourquoi le texte de la première lecture de ce dimanche s’arrête-t-il donc au quatrième, nous privant, par le fait même de l’attitude tout aussi admirable de leur mère, dernière de la famille à verser son sang ? Dommage ! Je vous invite donc à aller lire dans votre bible l’intégralité de ce récit dans le second livre des Martyrs d’Israël. La persécution déclenchée par le roi Antiochus Epiphane est impitoyable ; le

Témoignage de ces sept frères et de leur mère est remarquable.

 

Les martyrs, nous le savons, ne sont pas seulement de cette lointaine époque. De tous temps, au fil des siècles et sur toute notre terre, des croyants ont été jusqu’à mourir pour préserver leur foi. Ils savaient que nos horizons humains ne sont pas une fin ; au diapason de ces sept frères, ils affirmaient : « Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle ».

 

Oui, c’est là l’histoire des croyants de tous temps. Comment ne pas repenser à cette famille chrétienne du Rwanda qui, immergée dans le drame sanglant de 1994, fut massacrée par des miliciens enragés ? :

«  “Toi, dit celui qui paraissait être le chef, en parlant à Marie-Dévote âgée de 21 ans, tu as de la chance, on te laisse le choix : ou bien tu deviens ma femme, ou bien on te tue !“. Marie-Dévote répond calmement : “Je préfère rester fidèle à Jésus“. Elle est immédiatement tuée à coups de machette, de même que sa sœur Yvonne (16 ans) qui répond de la même façon…/…

Les parents, debout, le chapelet à la main, voient ainsi tous leurs enfants massacrés sous leurs yeux. Finalement, au milieu des cadavres, il n’y a plus que la petite Diane de 8 ans qui, chose incroyable, s’adresse aux bandits en ces termes :

“Et à moi, vous ne demandez rien ? Je dois moi aussi donner mon avis !“

Son courage ne suscite aucunement la pitié ; elle aussi est sauvagement éliminée. C’est enfin le tour des parents qui savent que « le roi du monde ressuscitera toute leur petite famille pour une vie éternelle ».

 

Nombreux sont les chrétiens qui vivent aujourd’hui dans des conditions difficiles, affrontant des brimades, subissant des injustices, exposés à de multiples formes de violences pouvant aller jusqu’au martyr. Lundi dernier, l’actualité s’est chargée de nous le rappeler. En cette solennité de la Toussaint, l’hymne magnifique des Béatitudes retentissait dans les églises et résonnait dans les cœurs : « Heureux les doux … Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice … Heureux les artisans de paix … ». Pour Bagdad, en la cathédrale de N.D. du Bon Secours, c’était l’heure de la violence et de l’injustice, du fanatisme conduisant à la tuerie. Nos frères chrétiens d’Irak nous lancent un appel ; « Ce dont nous avons besoin, c’est de votre prière et de votre soutien fraternel et moral. Votre amitié nous encourage à rester sur notre terre, à persévérer et à espérer … Restez  avec nous, restez avec nous jusqu’à ce que soit passé le fléau».

Laissons résonner en nous cet appel. Restons avec eux par la prière… jusqu’à ce que soit passé le fléau.

Père Gilles Morin

Curé