« Notre ambition, c’est de plaire au Seigneur »

 

Voilà ce qu’affirme l’apôtre Paul aux Corinthiens. Puisse-t-elle aussi être la nôtre. C’est sagesse.

 

J’ai passé mon enfance dans le 15ème arrondissement de Paris. Vers l’âge de 16 ans, avec toute ma famille, nous avons déménagé à Athis-Mons, dans l’Essonne, pour être plus vastement logé. L’une de mes sœurs qui avait alors 20 ans participa au concours de miss de la ville. Elle exulta d’être classée 2ème. Ce fut pour elle une page de son histoire, avec acclamations, festivités et une certaine gloire. Elle avait cherché à plaire aux hommes (pas de manière provocatrice ni sensuelle, rassurez-vous). Les années ont passé. Elle a aujourd’hui 59 ans et m’est très chère. Je la vois l’une ou l’autre fois chaque année et c’est toujours pour nous une joie de nous retrouver. Où est sa beauté physique d’antan ? Ma sœurette est aux antipodes du filiforme et des canons humains de la beauté. C’est maintenant une femme bien enveloppée au visage quelque peu ridé : Bref, pas de celle dont on prendrait la photo pour mettre dans les magasines. Pourtant, à mes yeux, elle reste attachante et belle de cette beauté du cœur parce que, justement, elle garde un grande cœur. Au fil des ans, la semence posé en elle par le Seigneur a germé et grandi. Les hommes ne sont guère porté aujourd’hui à poser sur elle leur regard, mais je sais que Dieu, Lui, la contemple et ne cesse de l’aimer. Elle plaît à son Créateur et Sauveur. Voilà l’essentiel.

 

Tout récemment, passant dans l’une des salles du patro, j’entendais un enfant de 11 ans se vanter auprès de l’un de ses camarades d’avoir des chaussettes « Nike ». C’est capital, pensez-donc… des chaussettes dont personne ne peut identifier la marque à moins de vous déchausser. Les marques … oui les marques qui multiplient au moins par trois le prix des vêtements. Mais il faut paraître. Les parents savent d’expérience combien ils doivent batailler sur ce point avec leurs enfants. On cherche à plaire aux hommes comme si leur regard nous donnait d’être valoriser et quasi d’exister.

 

« Nous cheminons dans la foi », dit encore l’apôtre Paul, et il ajoute : « nous cheminons sans voir ». Aujourd’hui, des jeunes de notre paroisse font leur profession de foi. C’est une célébration solennelle. Ils sont tout de blanc vêtus pour rappeler l’événement vital de leur baptême. Approchez-vous si vous le voulez, mais soyez sûrs que vous ne trouverez sur leur aube aucune marque de quelque grand couturier que ce soit. Leur engagement veut exprimer leur désir ardant de plaire non aux hommes mais au Seigneur. Ils font la promesse de vivre sous son regard. Ce qu’il y a au fond de leur cœur, vos yeux ne peuvent le voir. Tout comme moi, vous savez pourtant que c’est beau, que c’est grand, que c’est pur, que c’est saint. Vous le savez par la foi. Qu’en grandissant, ils ne s’écartent pas de ce qu’ils portent aujourd’hui au plus intime d’eux-mêmes et que toujours ils puissent affirmer en toute vérité : « Notre ambition, c’est de plaire au Seigneur ».

 

Père Gilles Morin, curé