Seigneur, ouvre les yeux de mon cœur

Les pharisiens ont des yeux et ne voient pas. « Serions-nous aveugles, nous aussi ? », demandent-ils. La réponse de Jésus est cinglante : « Vous prétendez voir ; vous êtes dans l’illusion ; votre cœur est bel et bien frappé de cécité. Vous refusez de contempler la merveille du miracle que je viens d’accomplir ; vous rejetez la Lumière que je suis. Votre péché demeure ».

 

Les yeux de cet homme qui se trouve sur le passage de Jésus étaient fermés aux splendeurs du monde. Aveugle de naissance, il ne pouvait imaginer les merveilles de l’univers dans lequel il vivait. Et voilà que, par la puissance de ce Rabbi de Nazareth, sa vie est bouleversée ; son regard découvre les formes, les couleurs, les visages. Pour ses yeux c’est l’illumination ; pour son cœur c’est la contemplation.

– Crois-tu au Fils de l’homme ? l’interroge Jésus.

Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ?

– Tu le vois, et c’est lui qui te parle.

– Je crois, Seigneur  », affirme le miraculé.

 

Voilà l’homme enfin dans la lumière ; le voilà face à face avec Celui qui est la Lumière du monde.

 

Nos yeux voient, mais qu’en est-il de notre cœur ? Humblement et amoureusement, n’avons-nous pas à interroger le Christ : « Serai-je aveugle, moi aussi ? Réponds-moi, éclaire-moi».

 

Les pharisiens légalistes méconnaissent la tendresse, la bonté et l’amour de Yahvé. Et nous ? Savons–nous vraiment à quel point le cœur de Dieu est un océan de miséricorde ? « O mes enfants, que Dieu est bon ! s’écriait Saint Jean Marie Vianney. Quel amour il a eu et a encore pour nous ! Nous ne le comprendrons bien qu’un jour en paradis ».

 

Ces mêmes pharisiens engoncés dans leur suffisance anesthésient leur conscience. Et nous ? Gardons-nous une âme éprise de sainteté, ayant un sens aigüe du péché ? « Je ne découvre en moi, quand je me considère, que mes pauvres péchés, disait encore le Curé d’Ars. Encore le bon Dieu permet-il que je ne les voie pas tous. Cette vue me ferait tomber dans le désespoir. Je n’ai pas d’autre ressource que de me jeter au pied du Tabernacle, comme un petit chien aux pieds de son maître ». Conscient de sa misère, il allait se blottir contre Celui qui est Miséricorde.

 

Sans nul doute, nous souffrons tous de cécité, celle du cœur ; nous avons donc tous besoin d’être illuminés, d’être sauvés. Je ne peux que vous redire avec le Curé d’Ars (toujours lui) : « Nous sommes de pauvres aveugles. Tout à l’heure, mes enfants, quand je tiendrai Jésus dans mes mains, demandez-lui qu’il vous ouvre les yeux du cœur. Si vous lui disiez … : “Seigneur, faites que je voie“, vous obtiendriez certainement ce que vous désirez. Il a ses mains pleines de grâces, cherchant à les distribuer ; hélas ! personne n’en veut ! O indifférence ! O ingratitude ! »

 

Père Gilles Morin
Curé