À qui ressembles-tu ? À qui appartiens-tu ?

 

Les pharisiens et les partisans d’Hérode en sont persuadés. Cette fois-ci, le piège est habile ; le rabbi de Nazareth ne s’en sortira pas. Mais les piégeurs vont être piégés. « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? » leur demande Jésus. La réponse va de soi : « De César ». Et le Christ de conclure : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Il nous faut laisser retentir ces mots de sagesse et les faire résonner comme en écho dans notre société d’aujourd’hui. C’est comme si Jésus était là à nous interroger : « Regarde-toi ; creuse en ton cœur ; qu’y vois-tu ? À qui ressembles-tu ? De qui es-tu l’image ? N’oublie pas ta grandeur, ta noblesse, ta dignité. Tu es à l’image et à la ressemblance de Dieu. Lis-bien au plus intime de toi-même et tu trouveras ces mots magnifiques :  » Enfants de Dieu « . Ne te comporte pas comme un individu suffisant voire méprisant. Rends à Dieu ce qui est à Dieu … et tout est à Dieu. Tout vient de Lui, tout est par Lui, tout est pour Lui ».

 

Peut-être avons-nous du mal à le croire. Notre vie est trop souvent terne et médiocre ; nous faisons l’expérience douloureuse de nos fragilités et de nos chutes répétées, voire de notre animalité dépravée. Nous nous sentons si défigurés. Certes, le péché nous défigure ; mais regardons bien, regardons loin. Dépoussiérons, nettoyons l’effigie de notre cœur, et nous retrouverons le visage du crucifié-ressuscité qui est venu tout restaurer. Voilà notre évangile dans toute sa splendeur.

 

A l’occasion de la journée mondiale des missions, le pape Benoît XVI rappelle que  » l’Evangile n’est pas un bien exclusif de celui qui l’a reçu, mais est un don à partager, une bonne nouvelle à communiquer « . Vas donc, nous dit en quelque sorte le Saint Père ; vas donc sur les routes du monde, à commencer par celles de ta famille, de ton travail, de ton quartier. Vas et rappelle à tous et à chacun : « Tu es à l’image de Dieu ; rends à Dieu ce qui appartient à Dieu … et tu appartiens à Dieu ». Saint François de Sales, patron secondaire de notre Congrégation, écrivait dans son Traité de l’amour de Dieu : « Quand nous voyons un prochain créé à l’image et ressemblance de Dieu, ne devrions-nous pas dire les uns aux autres : »Tenez, voyez cette créature, comme elle ressemble au créateur ? » Ne devrions-nous pas nous jeter sur son visage, la caresser et pleurer d’amour pour elle ? Ne devrions-nous pas lui donner mille et mille bénédictions ? … Et pourquoi donc ? pour l’amour de Dieu qui l’a formée à son image et ressemblance … pour l’amour de Dieu, dis-je, de qui elle est, à qui elle est, par qui elle est, en qui elle est, pour qui elle est… »


Alors, allons de l’Eucharistie à la charité. Allons … pour l’amour de Dieu. Allons dire Dieu ; Allons montrer Dieu. Ne sommes-nous pas à son image et à sa ressemblance ? Cela doit se voir et cela doit s’entendre.

 

Père Gilles Morin

Curé

Rien que de très normal, n’est-ce pas ?

 

Ne cherchez ni baccalauréat, ni licence, ni maîtrise et encore moins de doctorat dans le cursus des études de votre curé. Il est sans doute le ou l’un des curés les moins diplômés de France : le BEPC (Brevet des collèges) et le CAP de banque … c’est tout ; rien de plus. C’est qu’à l’âge de 16 ans, il m’a fallut entrer dans le monde du travail pour aider à la subsistance de ma famille. Nous étions 7 frères et sœurs ; nous étions pauvres. Il fallait bien avoir un toit, pouvoir dresser une table et rassasier les ventres affamés. Le salaire de mon papa n’y suffisait pas. Je n’étais plus un enfant ; j’avais grandi tant bien que mal, disposant du minimum pour le vêtement et la nourriture. Mes deux grandes sœurs m’avaient précédé, arrêtant prématurément leurs études pour travailler et nous permettre ainsi de vivre. Elles étaient fières lorsqu’en fin de mois, elles rapportaient, triomphantes et souriantes, les quelques billets de banque qui s’ajoutaient à ceux du chef de famille. Il me paraissait si normal, à mon tour, de suivre leur exemple. Et c’était pour moi une vraie joie. Mon salaire mensuel s’élevait alors à environ 600F ; 550F pour ma famille et 50F pour moi. Sans cet apport, il n’y aurait pas eu de toit, il n’y aurait pas eu de table, il n’y aurait pas eu de pain.

 

Vous comprendrez aisément la résonnance douloureuse que provoque en moi la vue de grands jeunes gens en âge de travailler et restant pourtant dans l’oisiveté ; ou encore de ceux qui, gagnant un bon salaire, se le réserve intégralement, rentrant tranquillement à la maison pour mettre les pieds sous la table et déguster les plats patiemment, courageusement et tendrement apprêtés par leur maman. Enfants, ils recevaient tout ; jeunes adultes, ils demeurent immatures, simples consommateurs à qui tout est dû, insouciants et irresponsables à l’égard de leur propre famille.

 

C’est aujourd’hui dans notre diocèse le second appel pour le Denier de l’Eglise.

L’Eglise ! c’est notre maison, notre famille. C’est elle qui nous a enfantés par la grâce du baptême ; c’est elle encore qui ne cesse de dresser la table, qui l’apprête, nous invite au festin des noces éternelles et nous nourrit du pain eucharistique. Elle fait tant pour nous ; que faisons nous pour elle ? De par la grâce de notre Confirmation, nous devons prendre une part active à sa vie, lui porter notre soutien, subvenir à ses besoins. Rien que de très normal, n’est-ce pas ?

 

Les statistiques à l’échelon de notre diocèse dégagent un double constat :

  • La générosité des donateurs au Denier de l’Eglise est grande, même en période de crise économique. Voilà qui se vérifie au niveau de notre paroisse et qui suscite notre émerveillement. Belle occasion de vous redire ici un immense MERCI.
  • Le nombre de donateurs est en baisse. Nous ne le ressentons guère, pourtant, à N.D. de Nazareth où nous parvenons à garder une certaine stabilité. Nous pourrions faire mieux, sans nul doute. Pour cela, juste une question que chacun doit se poser : Je suis chrétien, baptisé et confirmé ; quel que soit mon âge et ma situation, ai-je pensé à ma contribution au Denier de l’Eglise ? Rien que de très normal, n’est-ce pas ?

 

Père Gilles Morin

Curé