N’avez-vous donc pas compris ?

Notre cœur n’était-il pas tout brûlant lors de notre première communion, de notre Confirmation, de notre Profession de foi, de notre mariage, de notre Consécration religieuse …? Jésus était là ; nous le savions, nous le sentions. Nous étions dans une paix profonde et une joie inénarrable. Pourquoi donc avons-nous tant de mal à le reconnaître encore aujourd’hui dans l’ordinaire de nos vies ? N’est-il pas toujours là, bien présent sur nos routes humaines, tandis que marqués par l’usure du temps, le stress, les préoccupations et les épreuves, nous descendons trop souvent avec tristesse les sentiers de l’oubli ? N’avons-nous  donc pas compris ?

 

Jésus est là ; toujours là ; comment pourrait-il ne pas être là, Lui le Ressuscité et le Vivant à jamais … Lui qui ne cesse de nous aimer à l’infini ? Ah ! si nous savions le reconnaître. Il faut demander la grâce d’ouvrir nos yeux, nos oreilles, notre intelligence et notre cœur à sa présence dans nos vies. Il fallait poser un acte de foi pour reconnaître en Jésus de Nazareth, fils du charpentier, le Verbe fait chair par amour pour les pécheurs. Il fallait poser un acte de foi pour voir dans le Serviteur souffrant, défiguré, humilié et crucifié, le Fils Unique du Père né avant tous les siècles. Il fallait poser un acte de foi pour discerner dans Son Heure celle de notre salut. Il fallait même poser un acte de foi pour affirmer face au Christ Ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

 

Jésus est là ; toujours là ; comment pourrait-il en être autrement ? Il est là, bien présent, dans tout ce qui fait la trame de nos vies… dans les événements, les circonstances, les démarches que nous entreprenons, les personnes que nous côtoyons …  Il faut poser un acte de foi pour le reconnaître dans nos joies comme dans nos peines, dans nos réussites humaines comme dans nos échecs. Il est cet ami et cet intime qui chemine avec nous pour ranimer notre foi, raviver notre Espérance et nous embraser de sa Charité. Avec Lui, nous revenons tout joyeux vers Jérusalem, nous courons vers le Ciel. Avec Lui, ni découragement ni désespérance mais une force persévérante et paisible qui nous fait aller de l’avant.

 

Tout comme moi, vous avez sans doute remarqué, lorsque vous marchez dans la rue, que bon nombre de passants ont le visage tendu, les traits crispés, les yeux baissés, un air attristé. Ils sont pressés ; ils sont stressés. Il m’arrive ainsi de croiser des paroissiens qui ne me saluent pas, tout simplement parce qu’ils ne me voient pas. Pourtant, je suis là, sur leur route. Je n’ose les interpeller de peur de les déranger… peut-être à tort. J’aimerais leur dire : « Levez les yeux ; souriez ; Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia !  N’avez-vous donc pas compris ? » Je suis bien persuadé que s’ils me voyaient, ils me salueraient et même s’attarderaient, comme pour me dire : « Père, restez un peu avec nous ». Je crains, hélas ! que trop pressé, je ne décline une telle invitation, … parce que tout va si vite … il y a tant à faire … et que moi, le premier, je n’ai pas assez compris.

 

Père Gilles Morin

Curé

Bienheureux Jean-Paul II, prie pour nous

L’une des grandes joies qu’il nous soit donnée de connaître ici-bas, c’est de rencontrer un homme de Dieu, de se retrouver en présence d’un saint. J’ai eu cette grâce, inoubliable pour moi, tant elle fut intense et émouvante.

C’était en 2011 où, avec six autres religieux de ma congrégation,  j’ai pu concélébrer l’eucharistie avec Jean-Paul II dans sa chapelle privée. C’était déjà un vieux pape, malade et fatigué, mais dont émanaient une force et une ferveur qui ne pouvaient que vous bouleverser. Son secrétaire m’avait demandé si je pouvais chanter le psaume. Le moment venu, j’étais tout ému de laisser ma voix s’élever à deux mètres du Pape. Je le regardais comme pour lui dire en chaque verset : « Par ta lumière, je vois La Lumière ; par ta tendresse, je vois Celui qui est toute Tendresse et tout Amour ; par ta force, je vois Celui qui est toute Force et toute Puissance. En toi resplendit la Miséricorde de Dieu ». Combien se vérifiait pour moi ce qu’affirmait un avocat ayant rencontré le Saint Curé d’Ars : « J’ai vu Dieu dans un homme ». Quelle grâce !

Vous le devinez : Lors du retour à Dieu de notre bien-aimé pape Jean-Paul II, je m’unissais à la foule amassée sur la place Saint-Pierre de Rome qui scandait : « Santo Subito » – « Saint tout de suite ». Il n’a fallu que six années  pour parvenir à ce jour où Benoît XVI célèbre la béatification de son prédécesseur. Six ans, pour l’Eglise, … c’est « tout de suite ».

Cette célébration se déroule dans le cadre de la fête de la Divine Miséricorde, instituée par Jean-Paul II en l’an 2000. Le nom de sa première encyclique n’est-il pas « Dives in misericordia » « Dieu riche en miséricorde » ? « Il n’existe pas pour l’homme d’autre source d’espérance en dehors de la miséricorde de Dieu, affirmait-il avec force. Nous désirons répéter avec foi : Jésus, j’ai confiance en Toi! ». Il ajoutait : « Nous avons particulièrement besoin de cette annonce, qui exprime la confiance dans l’amour tout-puissant de Dieu, à notre époque, où l’homme éprouve des sentiments d’égarement face aux multiples manifestations du mal. Il faut que l’invocation de la miséricorde de Dieu jaillisse du plus profond des cœurs emplis de souffrance, d’appréhension et d’incertitude, mais dans le même temps à la recherche d’une source infaillible d’espérance ». En lien avec l’évangile de ce jour, Jean-Paul II soulignait : « Comme les Apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l’humanité d’aujourd’hui accueille elle aussi dans le cénacle de l’histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix à vous! Il faut que l’humanité se laisse atteindre et imprégner par l’Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C’est l’Esprit qui guérit les blessures du cœur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l’amour du Père et celle de l’unité fraternelle ».

C’est dans le cadre de la fête de la Divine Miséricorde, le 2 avril 2005, que le Seigneur, dans sa Miséricorde, a accueilli Jean-Paul II « le grand » dans la maison du Père. Les noces du prince William et de la princesse Catherine, si somptueuses fussent-elles, me paraissent bien ternes en comparaison du banquet éternel dont jouit maintenant le bienheureux Jean-Paul II. Le baiser de Dieu et de Celui qui fut le chef de l’Eglise durant plus d’un quart de siècle s’échange éternellement, non sous le feu des photographes et des caméras. Il est trop intense ; il est dans le Ciel et du Ciel. Mais, n’en doutons pas, il est d’une autre teneur que celui que se sont échangés le prince William et son épouse Catherine.

Père Gilles Morin

Curé