Ce qui nous unit

 

Parce que nous aimons Jésus, son message trouve écho en notre cœur. Ses paroles nous touchent et nous percutent ; certaines ont une résonnance particulière. Ainsi de ce véritable cri de supplication qui devrait nous conduire à la conversion et déboucher sur des résolutions. « Que tous soient un, dit Jésus en une bouleversante et ultime prière.… Que soit parfaite leur unité pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Contemplons le Crucifié ; regardons son sang versé et son cœur transpercé. Pourquoi un tel déploiement et une telle démesure de l’amour ? Pour que nous nous aimions … pour que notre unité soit parfaite, dans la vérité et dans la charité.

 

Parce qu’il est le « doux Christ sur notre terre », le Pape prolonge la résonance et les appels du Sauveur. Il est épris d’unité ; pour cette cause, il se donne sans compter jusqu’à s’épuiser. Dès l’ouverture de son Pontificat, Benoît XVI affirmait : « C’est donc en toute conscience, au début de son ministère dans l’Eglise de Rome que Pierre a baigné de son sang, que l’actuel successeur prend comme premier engagement celui de travailler sans épargner ses forces, à la reconstruction de l’unité pleine et visible de tous les disciples du Christ. Telle est son ambition, tel est son devoir pressant. »

 

Son vénérable prédécesseur Jean-Paul II qui sera béatifié le 1er mai, ne disait pas autrement. En son encyclique « Ut unum sit … (Qu’ils soient un) » on peut lire : « Quand j’affirme que pour moi, Evêque de Rome, l’engagement œcuménique est une des priorités pastorales de mon pontificat, je pense au grave obstacle que constitue la division pour l’annonce de l’Evangile » Et en un autre passage : « Ceux qui croient au Christ, unis sur la voie tracée par les martyrs, ne peuvent pas rester divisés. S’ils veulent combattre vraiment et efficacement la tendance du monde à rendre vain le mystère de la Rédemption, ils doivent professer ensemble la vérité de la Croix. La Croix ! Le courant antichrétien se propose d’en nier la valeur et de la vider de son sens ; il refuse que l’homme y trouve les racines de sa vie nouvelle et prétend que la Croix ne peut ouvrir ni perspectives ni espérance : l’homme, dit-on, n’est qu’un être terrestre qui doit vivre comme si Dieu n’existait pas »

 

Il y a quelques décennies, le bon pape Jean XXIII faisait remarquer avec sagesse que « ce qui nous unit est beaucoup plus fort que ce qui nous divise »,. Disciples du Christ, nous savons tous que l’homme n’est pas qu’un être terrestre, une simple mécanique ou un amas de cellules. Il est à l’image de Dieu, à sa ressemblance. Il a une âme spirituelle, immortelle ; il est fait pour le bonheur éternel. Sa vie est don de Dieu, elle a du prix aux yeux du  Seigneur, … et pas n’importe quel prix : celui de son sang. Elle est sacrée. Soyons parfait dans l’unité pour le proclamer et nous mobiliser … et plus encore pour prier.

 

 

 

 

Père Gilles Morin

curé

Une simple bourde ? J’ai bien du mal à le croire

«Une seule famille humaine». Tel est le thème retenu par notre Saint-Père Benoît XVI pour cette journée mondiale du migrant et du réfugié. Ils sont si nombreux ceux qui, parce que brimés et persécutés, doivent fuir, se cacher et s’exiler. Ils sont trop nombreux les chrétiens qui, par fidélité à leur foi, sont malmenés, agressés, massacrés ou acculés à migrer. Ils forment même « le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions » a rappelé le Pape dans son message du 1er janvier à l’occasion de la journée mondiale de la paix. Dans ce même message, le Saint-Père affirme également « qu’il existe des formes plus élaborées d’hostilité envers la religion, qui, dans les pays occidentaux, se manifestent parfois par le reniement de l’histoire des symboles religieux dans lesquels se reflètent l’identité et la culture de la majorité des citoyens ». Et il ajoute : « J’exprime aussi le souhait qu’en Occident, spécialement en Europe, cessent l’hostilité et les préjugés à l’encontre des chrétiens qui veulent donner à leur vie une orientation cohérente avec les valeurs et les principes exprimés dans l’Evangile. Que l’Europe apprenne plutôt à se réconcilier avec ses propres racines chrétiennes : elles sont essentielles pour comprendre le rôle qu’elle a eu, qu’elle a et veut avoir dans l’histoire ».

 

Les chrétiens seraient-il devenus hors-la-loi, citoyens de seconde zone, population inconsidérée et devant être rectifiée, même en Europe, au nom de je ne sais quel principe de laïcité ? Le fait que j’évoquais lors de l’homélie de dimanche dernier est significatif. Une Commission européenne a produit récemment plus de trois millions d’exemplaires d’un agenda aux couleurs de l’Union européenne pour les écoles secondaires. « Cet agenda comprend la mention des fêtes juives, hindoues, sikhs et musulmanes, mais aucune fête chrétienne n’y est signalée. Même la page du 25 décembre est vide … ». Schuman, Adenauer et de Gaspesi, considérés comme les « fondateurs » de cette Union européenne, doivent « se retourner dans leur tombe ». Avant d’entamer les délicates négociations qui aboutirent en 1951 à l’adoption du traité de Paris, ils s’étaient retirés pour méditer et prier ensemble dans un monastère bénédictin du Rhin. Robert Schuman alla jusqu’à dire : « Tous les pays européens ont été pétris par la civilisation chrétienne : c’est cela l’âme de l’Europe qu’il faut faire revivre ». Il semble plutôt qu’on soit en train de vouloir la faire mourir.

 

On ne peut que se réjouir des réactions qui sont venus de la France face à une telle aberration, une telle discrimination, une telle provocation. Christine Boutin, la première, s’est insurgée : « L’Europe n’est pas née sous « X » ! dit-elle. Cette affaire montre le risque actuel de faillite d’une Europe qui se ment à elle-même.». Dans sa foulée, Laurent Wauquiez, notre ministre chargé des Affaires européennes, a haussé le ton et protesté lui aussi avec véhémence. «  L’Europe, ce n’est pas une coquille creuse, c’est une communauté de valeurs, de grands personnages de l’Histoire, de grandes dates. Assumons cette identité. [Dans cet agenda], il y a beaucoup de fêtes religieuses qui sont mentionnées, ce n’était pas obligatoire. Des fêtes indoues, des fêtes chinoises, musulmanes et aucune fête chrétienne comme Noël ou Pâques. A quoi ça rime ? […] On a honte de notre identité chrétienne ? On a honte que l’Europe des clochers a été constitutive de notre identité européenne ? »

Devant ces réactions françaises énergiques, appuyées par celles venant d’Italie et de Pologne, le commissaire européen chargé des consommateurs, John Dalli, reconnaît là « une bourde ». … Une bourde ? Un simple oubli ? … Pardonnez-moi si je fais un jugement téméraire et un procès d’intention, mais j’avoue que j’ai peine à le croire. Cela m’apparaît tellement comme une négation, une exclusion et une discrimination délibérées. L’Europe vise-t-elle à exclure de sa « famille humaine » les chrétiens qui l’ont fondée et façonnée ? Ceux-ci devraient-ils accepter de perdre leurs racines ou de faire fi de leur foi sous peine de s’exposer à être brimés, persécutés, voire même acculés un jour à devoir s’exiler ?

 

A l’heure matinale où j’achève cet éditorial, j’apprends que notre Saint-Père Benoît XVI vient d’annoncer la béatification de son prédécesseur Jean-Paul II prévue le 1er mai 2011. Quelle bonne nouvelle ! Ce grand pape, en 2003, avait exhorté ainsi notre continent : « Europe qui es au début du troisième millénaire : « Retrouve-toi toi-même. Sois toi-même. Découvre tes origines. Avive tes racines » ». Faisons nôtre cette prière qui était la sienne : « Marie, donne-nous Jésus ! Fais que nous le suivions et que nous l’aimions ! C’est lui l’espérance de l’Eglise, de l’Europe et de l’humanité ».

 

Père Gilles Morin

curé