Question-réponse

Ma maman aimait à regarder certains jeux télévisés qui enrichissaient sa culture générale et entretenaient sa mémoire. Elle était prompte, devant l’écran, à avancer la bonne réponse, à devancer le candidat. « Questions pour un champion » … C’était une championne. « Qui veut gagner des millions ». Elle aurait pu gagner des millions. Tout en se passionnant pour ces émissions, elle se scandalisait face à l’inculture religieuse de certains candidats qui, savants en mille choses, et répondant aux questions les plus difficiles, calaient et s’effondraient face à une question élémentaire de catéchisme primaire. Ils semblaient savoir tout sur tout, ou presque …. Ils ignoraient tout du Christ, ou presque.

 

Des millions de spectateurs sont suspendus à leur écran de télévision durant la coupe du monde de football. Certains sont capables de vous citer une litanie de noms de joueurs, parfois même leur taille, leur poids, le nom du club dans lequel ils évoluent au long de l’année. Dites-leur : « Ronaldo Cristiano » et les voilà à étaler leur science. Prononcez le nom de « Messie » … et ils s’empresseront de vous dévoiler le palmarès de Lionel Andrés Messi, ce joueur talentueux du FC Barcelone. Existerait-il donc pour eux un autre « Messie » ? Que savent-ils d’un certain Jésus de Nazareth ? Parfois rien ou si peu.

 

Nombreux sont les lycéens qui se sont déjà ou vont se confronter aux épreuves du baccalauréat. Il faut savoir pour avoir ; il faut réussir pour obtenir. Devant leur feuille blanche, certains vont devoir philosopher. Et si parmi les sujets se trouvait celui-ci : « D’après ce que disent les gens, qui est Jésus ? Et pour vous, qui est-il ? ». La philosophie n’est-elle pas la science de  la sagesse … et n’est-ce pas sagesse de connaître le Christ ?

 

Ce week-end, des jeunes de notre paroisse font leur profession de foi. Ils ne sont encore qu’en classe de 5ème et ignorent encore bien des choses. Mais ils vont proclamer leur connaissance de l’essentiel et leur adhésion de tout leur être à ce qui, seul, peut satisfaire l’intelligence et combler le cœur. Ils vont affirmer leur foi ; ils vont dire « Je crois ». Interrogez-les ; demandez-leur qui est le Messie : Ils vous répondront sans hésiter : « Jésus ». Questionnez-les encore : « Pour vous, qui est Jésus » : Ils vous répondront sans tergiverser : « C’est le Messie, le Fils du Dieu vivant ».

 

« Qui sait Jésus sait tout », disait le Père Le Prevost, le fondateur de notre congrégation des religieux de Saint Vincent-de-Paul.  Qu’il est beau en effet de savoir que Jésus est notre Sauveur, qu’il est le Verbe fait Chair, qu’il est Dieu prenant visage et livrant sa vie par amour pour nous, pauvres pécheurs. Savoir cela, quelle science, quelle vie !

 

Père Gilles Morin

Curé

S’agenouiller devant qui ?

Il faut le dire et le répéter à ce pharisien de l’évangile : Jésus est bien plus qu’un prophète, il est le messie, le Fils du Dieu vivant. Il sait qui est cette femme qui se jette à ses pieds. Il connaît l’entièreté de son histoire peu édifiante ; il a en pleine lumière jusqu’aux moindres recoins de son cœur. Cette pécheresse publique qui s’incruste chez Syméon considère comme vital de s’effondrer devant Celui qui est toute miséricorde. Pour cela, elle est prête à tout.

 

Oui, Jésus sait qui est cette femme. Lucidement et volontairement, il accepte que ses pieds soient baignés des larmes de cette pénitente, qu’ils soient baisés par des lèvres souillées par tant de fautes avilissantes. Il accepte même qu’ils soient essuyés par ces cheveux qui jusqu’alors étaient signes de l’orgueil et du plaisir coupable. Cette femme de mauvaise vie, il ne l’accuse pas, il ne la confond pas. Il sait combien ce qui se passe en elle, en ce moment, est au-delà de tout discours. Il se contente d’adresser à cette pécheresse au cœur aimant ces mots de résurrection et de vie : « Tes péchés sont pardonnés…Ta foi t’a sauvée. Va en paix ».

 

Nombreux sont ceux qui, dans les semaines à venir, vont se prosterner, non devant le Dieu trois fois saint mais devant les « dieux » du stade. Le mondial est lancé, les excès vont se multiplier, les passions se déchaîner. On va idolâtrer des hommes talentueux, des génies du ballon rond, des virtuoses du football. Certains seront prêts à tout pour les approcher et les toucher, les honorer et les louer. Ils repartiront, fiers et enthousiastes, s’imaginant que leur existence s’en trouvera changée. Nulle star du football, si brillante soit-elle, n’aura pourtant osé leur dire : « Tes péchés sont pardonnés…Ta foi t’a sauvée. Va en paix ». Aucune vedette du stade, si célèbre soit-elle, n’aura eu le pouvoir de transfigurer leur vie.

 

Les prêtres ne sont ordinairement ni des génies ni des stars. Leurs limites et leurs défauts s’étalent trop souvent sous nos yeux. Pourtant, en des moments privilégiés, ils tiennent la place du Christ, ils prononcent les paroles du Christ, ils prodiguent la miséricorde du Christ. Il faut donc venir vers eux comme on vient vers le Christ. Eux peuvent nous dire : « Tes péchés sont pardonnés…Ta foi t’a sauvée. Va en paix ». Eux encore ont ce pouvoir de nous relever et de nous transfigurer. N’est-ce donc pas eux que nous devrions chercher à approcher ? N’est-ce pas devant eux que nous devrions nous agenouiller ? « Quand vous voyez un prêtre, pensez à Notre Seigneur », disait le saint curé d’Ars. Le samedi 26 juin, ceux parmi nous qui le pourront se rendront à la Cathédrale pour les ordinations sacerdotales. Ils approcheront les nouveaux prêtres, ils s’inclineront et même s’agenouilleront pour recevoir leur bénédiction. Tout simplement parce qu’ils savent que le ministère de ces hommes sera marqué par ces mots de résurrection et de vie : «Tes péchés sont pardonnés…Ta foi t’a sauvée. Va en paix ».

 

Père Gilles Morin

Curé