Sans hotte, mais le cœur chargé de cadeaux

Il n’était ni dodu ni joufflu. Il ne portait ni hotte ni vêtement rouge et blanc. Son aspect différait donc beaucoup de l’actuelle représentation américaine l’affublant du nom de « Père Noël ». Il s’appelait Nicolas. Mince et élancé, il s’habillait comme le faisaient prêtres et évêques de son siècle : le IVème ; … dans sa région : celle de Mira, en Turquie. Orphelin et héritier d’une grande fortune, il reçu l’onction sacerdotale puis épiscopale. Toute sa vie, il consacra le temps de l’Avent à parcourir les rues de sa ville en portant des présents à tous les enfants pauvres, spécialement à la veille de Noël. L’Eglise l’honore en ce jour du 6 décembre comme un saint des plus populaires.

Il n’est ni dodu ni joufflu. Il ne porte ni hotte ni vêtement rouge et blanc. Mince et élancé, il est évêque, s’habille comme les évêques de notre début du XXIème siècle, dans notre ville, dans notre diocèse … celui de Paris. Il s’appelle Eric de Moulins-Beaufort. Il vient jusqu’à nous en ce temps de l’Avent, le cœur chargé de cadeaux pour les enfants de Dieu et pauvres pécheurs que nous sommes.

Tout d’abord, les cadeaux bien tangibles qu’il va remettre à nos enfants, nos enfants de chœur, nos servants de messes. Ces croix qu’il va bénir et offrir à chacun ne sont-elles pas le signe du trésor par excellence ? Ces servants ne méritent-ils pas ce précieux présent ? Nous leur devons tant. Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, là encore et au diapason de notre Pape Benoît XVI, le leur rappellera et les encouragera. « Lorsque vous participez à la Liturgie en accomplissant votre service d’autel, vous offrez à tous votre témoignage. Votre attitude de recueillement, votre dévotion qui part du cœur et qui s’exprime dans les gestes, dans le chant, dans les réponses sont un témoignage qui touche les hommes…/…Vous êtes très proches de Jésus Eucharistie, et cela est le plus grand signe de son amitié pour chacun de nous. Ne l’oubliez pas ; et pour cela, je vous le demande : ne vous habituez pas à ce don, afin qu’il ne devienne pas une sorte d’habitude … »

Egalement, le cadeau des bénédictions de Dieu à nos frères malades, accompagné de cet autre présent : celui de nos intentions de prières déposées tout au long de la semaine dans le vase spirituel. Ne sont-elles pas comme autant de biens précieux déposés dans leurs mains et déversés dans leur cœur ?

Enfin et surtout, le cadeau de l’Eucharistie qui fait l’Eglise, qui fait descendre sur l’autel l’unique Sauveur, déjà là, réellement présent, et que nous attendons d’une manière toute spéciale dans la nuit de Noël. En cette journée des Chantiers du Cardinal, Monseigneur vient nous inviter à en prendre toujours mieux conscience. « Rappelle-toi, nous dit-il, ce trésor qu’est ta belle église. N’oublie pas tes frères dans la foi qui ne disposent d’aucun lieu consacré pour célébrer dignement les saints mystères.  C’est Jésus en personne que Monseigneur va nous remettre. Que peut-il nous offrir de plus beau ? Il nous appellera, au nom de notre Archevêque, à toujours nous en émerveiller et à en vivre, à exulter et à en rayonner. Ce sera l’objet de nos deux assemblées paroissiales du 10 janvier et du 11 avril. Il nous exhortera à sortir dans les rues et sur les places, sans hotte ni vêtement rouge et blanc, mais le cœur débordant de ce Jésus, …  Jésus à porter aux enfants, aux pauvres et à tous les hommes de bonne volonté, pour que la joie de Noël résonne et rayonne chaque jour et dans tous les cœurs.

Père Gilles Morin
Curé

Pas un aujourd’hui amélioré mais un monde nouveau 

Le saviez-vous ? « Moins de naissance équivaut à moins d’émissions de CO2 ». Telle est l’affirmation d’un rapport de l’ONU dont certains écologistes ultra s’emparent pour prôner une limitation des naissances, prioritairement dans les populations les plus pauvres, …sous-entendu les plus malheureuses. Une vie nouvelle deviendrait-elle un danger pour notre terre ?
Une maman portant en son sein son enfant peut-elle lui dire : « Tu ne dois pas naître ; tu menaces notre planète ; ne viens pas polluer notre air ? ».
Une femme, pauvre, considère-t-elle chaque naissance comme un surcroît de malheur, comme une atteinte à son bonheur ?
Il y a un peu plus de 2000 ans, une jeune fille exulta à l’annonce de sa maternité. Elle s’appelait Marie. Son cantique d’action de grâce, son Magnificat, résonne encore dans tout l’univers.
Il y a un peu plus de 2000 ans, un enfant naissait dans la pauvreté d’une crèche, à Bethléem. Loin de menacer l’équilibre écologique de notre planète, il venait y porter lumière et pureté, amour et sainteté. Il s’appelait Jésus ; c’était le Sauveur, le Dieu de toute vie.

L’avez-vous su ? Il est apparu sur les chaînes de télévision : Il s’appelle Rom Houben. Dans le coma depuis 23 ans, il était cependant bien conscient. « Je criais, affirme-t-il aujourd’hui, mais on ne pouvait pas m’entendre … Pendant tout ce temps, je rêvais d’une vie meilleure. Depuis peu, Rom a enfin pu recommencer à communiquer avec l’extérieur grâce à un système informatique lui permettant d’écrire des messages sur ordinateur. « Je n’oublierai jamais le jour où on a identifié mon problème, dit-il. Cela a été comme une seconde naissance ». Nombreux sont ceux qui ont été touchés par ce témoignage. Trop de malades en état de coma entendent médecins et proches programmer leur mort ; ils protestent, ils crient … mais on ne peut les entendre. Menacent-ils le bien-être de notre planète ? Doivent-ils donc disparaître ?

En ce dimanche où s’ouvre le temps de l’Avent, nous réveillons notre attente, nous ravivons notre espérance. N’aspirer et ne travailler qu’à un aujourd’hui amélioré expose notre humanité aux errances dont nous sommes les témoins (sacrifier les petits et les fragiles, réduire l’homme à sa dimension sanitaire, productive ou économique). On en vient ainsi à perdre le sens et jusqu’au souvenir du Nouveau-Né de Béthléem, du crucifié de Jérusalem, celui « sans qui rien ne s’est fait et par qui tout a été fait ». Rappelons-le : ce n’est pas un simple monde amélioré que Jésus a voulu instaurer ; il est venu pour nous faire entrer dans un monde nouveau, une terre nouvelle, des cieux nouveaux. Voilà le fond de notre attente ; voilà l’objet de notre espérance. C’est tellement plus haut ; c’est tellement plus beau.

Père Gilles Morin
Curé