Extraits de l’homélie de clôture de l’assemblée spéciale pour l’Afrique du synode des évêques

« Confiance, lève-toi… ». C’est ainsi qu’aujourd’hui le Seigneur de la vie et de l’espérance s’adresse à l’Eglise et aux populations africaines, au terme de ces semaines de réflexion synodale. Lève-toi, Eglise en Afrique, famille de Dieu, parce que le Père céleste t’appelle, Lui que tes ancêtres invoquaient comme Créateur, avant d’en connaître la proximité miséricordieuse, révélée dans son Fils unique, Jésus Christ. Entreprends le chemin d’une nouvelle évangélisation avec le courage qui te vient de l’Esprit Saint. …/… Dans cette mission de grande importance, toi, Eglise pèlerine dans l’Afrique du troisième millénaire, tu n’es pas seule. Toute l’Eglise catholique t’est proche par la prière et la solidarité active, et du Ciel t’accompagnent les saints et les saintes africaines, qui, par leur vie et parfois par leur martyre, ont témoigné leur pleine fidélité au Christ.

Confiance! Lève-toi, continent africain, terre qui a accueilli le Sauveur du monde quand, enfant, il dut se réfugier avec Joseph et Marie en Egypte pour avoir la vie sauve de la persécution du roi Hérode. Accueille avec un enthousiasme nouveau l’annonce de l’Evangile afin que le visage du Christ puisse éclairer par sa splendeur la multiplicité des cultures et des langages de tes populations. Alors qu’elle offre le pain de la Parole et de l’Eucharistie, l’Eglise s’engage aussi à agir, par tous les moyens dont elle dispose, afin que ne manque à aucun africain son pain quotidien. C’est pour cela, avec l’action de première urgence de l’évangélisation, que les chrétiens sont actifs dans les interventions de promotion humaine.

Benoît XVI  le Dimanche 25 octobre 2009

Deux morceaux de bois

« Je ramasse deux morceaux de bois », dit la veuve de Sarepta. Oui, ramasse-les et assemble-les. Tu y verras comme par anticipation la croix du Sauveur. Tu n’as qu’une poignée de farine et un peu d’huile. Lui n’a que son corps livré et son sang versé. Sur la croix s’étendent ses membres sacrés ; de son cœur transpercé jaillissent les flots de son amour. De ce sacrifice découlent notre salut, notre vie, notre joie, notre éternité.

« N’aie pas peur », ô femme, prends ces deux morceaux bois, saisie la croix à pleine main, garde confiance et tu ne mourras pas. Quelle que soit ta pauvreté, tu y trouveras toujours le pain de la vie et la coupe du salut,… et tu pourras poursuivre ta route vers l’éternité.

 

Ô Europe, ne néglige  pas les deux morceaux de bois qui ont façonné ton histoire ! Ne rejette pas la croix. ! Une sentence de la cour européenne des Droits de l’homme de Strasbourg vient de décréter que les crucifix doivent disparaître des salles de classe des écoles publiques italiennes. Cette décision du 3 novembre n’est certes pas contraignante mais elle est hautement révélatrice. « Cette Europe du troisième millénaire, réagit le Cardinal Bertone, ne nous laisse que les citrouilles (d’Halloween) et nous enlève les symboles les plus chers ». Le vice-maire de la ville de Rome, le sénateur Mauro Cutrufo, se joint à la consternation : « En ne reconnaissant pas les racines judéo-chrétiennes et en ne les insérant pas dans la Constitution, l’Union européenne a commis une première erreur, parce qu’elle a tenté d’effacer d’un coup l’histoire et l’identité de l’Europe elle-même, au nom d’un laïcisme pas mieux précisé qui n’a rien à voir avec la laïcité… L’Italie et l’Europe ont une histoire et une culture qu’une sentence ne pourra pas effacer ».

 

Une Europe privée de ces deux morceaux de bois doit craindre pour elle-même et ses enfants. Sans croix, elle devient sans âme. « Europe qui est au début du troisième millénaire, lançait le pape Jean-Paul II en 2003, retrouve-toi toi-même. Sois toi-même. Découvre tes origines. Avive tes racines. Au cours des siècles, tu as reçu le trésor de la foi chrétienne. Il fonde ta vie sociale sur les principes tirés de l’Évangile et on en voit les traces dans l’art, la littérature, la pensée et la culture de tes nations. Mais cet héritage n’appartient pas seulement au passé ; c’est un projet pour l’avenir, à transmettre aux générations futures, car il est la matrice de la vie des personnes et des peuples qui ont forgé ensemble le continent européen » Et Jean-Paul II ajoutait : « Ne crains pas ! L’Évangile n’est pas contre toi, il est en ta faveur ».

Que serait l’espérance des pauvres sans ces deux morceaux de bois, croix où s’est immolé le Christ, pauvre parmi les pauvres … signe de son amour et certitude de sa victoire ? Que serait notre vie si, telle la veuve de Sarepta,  nous n’allions  nous incliner devant ces deux morceaux de bois pour y déposer et y consumer sur l’autel le peu que nous avons et que nous sommes ? C’est là que Jésus nous redit : « N’aie pas peur ». Effectivement, nous ne mourons pas, nous avons toujours au moins un petit quelque chose au quotidien. Plus encore, nous ne mourrons pas puisque Jésus lui-même se donne à nous en nourriture éternelle.

 

 

Père Gilles Morin

Curé