Message du Saint-Père pour la journée mondiale de prière pour les vocations

 

…/… La vérité profonde de notre existence est ainsi contenue dans cet étonnant mystère : chaque créature, en particulier chaque personne humaine, est fruit d’une pensée et d’un acte de l’amour de Dieu, amour immense, fidèle, éternel (cf. Jr 31, 3). Découvrir cette réalité change véritablement notre vie en profondeur. Dans une page célèbre des Confessions, saint Augustin exprime avec une grande intensité sa découverte de Dieu, suprême beauté et suprême amour, un Dieu qui lui avait été toujours proche, auquel il ouvrait enfin son esprit et son cœur pour être transformé : « Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors. C’est là que je te cherchais. Tout disgracieux, je me ruais sur tes gracieuses créatures. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi. Loin de toi, elles me retenaient, elles qui ne seraient, si elles n’étaient en toi. Tu m’appelas, crias, rompis ma surdité. Tu brillas, et ta splendeur a ôté ma cécité ; tu répandis ton parfum, je respirai, je soupirai, je t’ai goûté, et j’eus faim et soif; tu m’as touché, et je brûlai du désir de ta paix » (X, 27.38). Par ces images, le saint Évêque d’Hippone cherche à décrire le mystère ineffable de la rencontre avec Dieu, avec son amour qui transforme toute l’existence. Il s’agit d’un amour sans réserve qui nous précède, nous soutient et nous appelle tout au long du chemin de la vie et qui s’enracine dans l’absolue gratuité de Dieu…/…

 

En tout temps, à la source de l’appel divin, il y a l’initiative de l’amour infini de Dieu, qui se manifeste pleinement en Jésus Christ…/… L’amour de Dieu demeure pour toujours, il est fidèle à lui-même, à la « parole édictée pour mille générations » (Ps 105 [104], 8). Il faut donc ré-annoncer, spécialement aux nouvelles générations, la beauté attrayante de cet amour divin, qui précède et accompagne : c’est lui le ressort secret, la motivation qui ne fait jamais défaut, même dans les situations les plus difficiles.

 

Chers frères dans l’épiscopat, chers prêtres, diacres, consacrés et consacrées, catéchistes, agents pastoraux, et vous tous qui êtes engagés dans le domaine de l’éducation des nouvelles générations, je vous exhorte avec une vive sollicitude à vous mettre à l’écoute attentive de tous ceux qui à l’intérieur des communautés paroissiales, des associations et des mouvements perçoivent les signes d’un appel au sacerdoce ou à une consécration particulière. Il est important que dans l’Église se créent les conditions favorables afin que puissent éclore beaucoup de ‘oui’, comme autant de réponses généreuses à l’appel d’amour de Dieu.

 

Père Gilles Morin

Curé

Le grand absent

 

J’aime les litanies au Saint-Sacrement : « Dieu soit béni ; béni soit son saint nom … » Ainsi commencent les invocations.

 

Tout comme vous, je m’apprête à accomplir mon devoir de citoyen en me rendant aux urnes pour y déposer mon bulletin de vote. Tout comme vous, j’ai reçu sous enveloppe personnalisée les tracts des divers candidats à l’élection présidentielle. J’ai pris le temps de les lire. Non seulement le nom de Dieu n’y est pas béni mais il n’en est fait aucune mention. Nous sommes bien dans une France marquée par une laïcité exclusive du nom de Dieu, au moins dans ses institutions et ses interventions officielles. Et pourtant …

 

Chaque candidat se livre à diverses propositions, martèle son slogan, émaille son texte de belles promesses, en vue du bien économique, social et international de notre pays. Mais qu’en est-il de la recherche du bien spirituel ? Notre pape Benoît XVI, en diverses interventions, a rappelé la gravité de la crise que nous traversons, … une crise pas seulement financière ou structurelle mais, plus profondément, éminemment morale et spirituelle. Comment espérer y répondre sans mentionner ne serait-ce qu’une seule fois le nom de Dieu ?

 

Il est un autre aspect qui demande notre attention. Je sais combien il est difficile de synthétiser nos idées et de les exprimer en peu de mots. Les textes que nous avons reçus nécessitent donc un certain décryptage. Celui-ci n’est possible que si nous avons pris le temps de regarder d’un peu plus près et en amont les positions des candidats sur les 13 éléments de discernement que nous ont proposé nos évêques dans leur document « Elections : un vote pour quelle société ? ». De même pour ce qui concerne  ce que Benoît XVI appelle « les principes non négociables », à savoir :

– La protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle.

– La reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille – comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage.

– La protection du droit des parents d’éduquer leurs enfants.

 

Chacun, bien sûr votera en conscience. Le Pape Jean-Paul II, en son exhortation apostolique sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde, soulignait que « l’Eglise tient en grande considération et estime l’activité de ceux qui se consacrent au bien de la chose publique et en assument les charges pour le service de tous ». Il corrigeait notre vision parfois excessivement sombre pour ne pas dire malveillante de la politique. « Les accusations d’arrivisme, écrivait-il, d’idolâtrie du pouvoir, d’égoïsme et de corruption, qui bien souvent sont lancées contre les hommes du gouvernement, du parlement, de la classe dominante, des partis politiques, comme aussi l’opinion assez répandue que la politique est nécessairement un lieu de danger moral, tout cela ne justifie pas le moins du monde ni le scepticisme ni l’absentéisme des chrétiens pour la chose publique ».

 

Les candidats ont le mérite de se passionner, de se dépenser voire de s’épuiser pour une cause qu’on peut très bien ne pas partager et que l’on doit même parfois contester. Avons-nous le mérite, nous aussi, de nous passionner avec la même énergie et la même fougue pour la cause de l’Evangile. Ceux qui nous côtoient nous entendent-ils proclamer à temps et à contretemps : « Béni soit le nom de Dieu ; béni soit le nom de Jésus, l’Amour incarné, Lui qui est mort et Ressuscité pour nous, Lui le Vivant pour les siècles des siècles » ?

 

Père Gilles Morin, curé