Lettre aux puissants de ce monde

Cet éditorial date de la solennité du Christ, Roi de l’Univers, de l’année 2010. Alors que nous sommes en période marquée par les discours électoraux, alors que dans la nuit de samedi à dimanche, sur demande du Pape, nous nous unirons à toute l’Eglise pour prier à l’intention du respect de la vie et de la famille, je ne vois rien à y retoucher. Je vous le livre donc tel que je l’ai écrit il y a déjà 6 ans en y rajoutant seulement le dernier paragraphe, bien de circonstance, en ce dimanche de clôture de l’Année Sainte de la Miséricorde.

Lettre aux puissants de ce monde

Ô vous les rois et les reines, les présidents et les présidentes, ô vous les chefs d’état et les puissants de ce monde, souvenez-vous de Celui qui règne au-dessus de vous et à qui vous devez tout. Lui est le Roi de l’univers. Quand bien même fussiez-vous élus par le peuple, souvenez-vous que vous n’auriez aucune autorité si elle ne vous avait été donnée d’en haut par votre Père des cieux. Vous n’êtes pas Dieu ; vous en êtes les intendants. Vous n’êtes ni maîtres de la vie ni tout-puissants.

Ô vous les rois et les reines, les présidents et les présidentes, ô vous les chefs d’état et les puissants de ce monde, n’oubliez pas Celui qui vous a doté de tant de talents, qui vous a confié tant de biens et vous a assigné une si belle mission. Vous êtes ses gérants, ses ouvriers dans Son champ, ses vignerons dans Sa vigne. Tournez-vous vers Lui et suppliez-le de vous faire souvenir de Lui. Un jour viendra où il reviendra et vous demandera compte de votre gestion.

Ô vous les rois et les reines, les présidents et les présidentes, ô vous les chefs d’état et les puissants de ce monde, souvenez-vous de Celui par qui tout fut créé et sans qui rien ne s’est fait. Il est le Christ, le Seigneur. Contemplez-le pour régner comme il a régné, pour gouverner comme il a gouverné, pour servir comme il a servi, pour vous donner comme il s’est donné. Que vos paroles soient en harmonie avec Ses Paroles ; que vos actes soient en consonance avec Ses actes. Un jour viendra, pour vous comme pour tous,  où « tout genoux fléchira et où toute langue proclamera : « Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » ».

Ô vous les rois et les reines, les présidents et les présidentes, ô vous les chefs d’état et les puissants de ce monde, écoutez les petits, les pauvres, les souffrants, les vieillards  et les agonisants qui crient vers le Roi des rois : « Jésus, souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton royaume ». Fussent-ils des sans voix, des embryons ou des moribonds, leur cri résonne dans le cœur de Dieu. Si aujourd’hui vous pouvez nous gouverner, c’est parce que dès votre conception, votre vie a été respectée et protégée. Demain, si Dieu vous prête vie, vous serez très âgés et diminués ; vous souhaiterez alors être considérés, accompagnés, toujours respectés, et aimés.

Ô vous les rois et les reines, les présidents et les présidentes, ô vous les chefs d’état et les puissants de ce monde, nous prions pour vous. Mère Teresa, affirmait que le monde irait mieux si vous passiez plus de temps à genoux, en prière. Alors, priez, vous aussi ; priez pour vous et pour notre monde. Et s’il vous plaît, souvenez-vous de nous, priez pour nous.

Ô vous les rois et les reines, les présidents et les présidentes, ô vous les chefs d’état et les puissants de ce monde, avec toute l’Eglise nous clôturons l’Année Sainte de la Miséricorde. « Soyez donc miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux ». C’est le Christ, Roi de l’Univers, qui vous le demande, qui vous en supplie.

Père Gilles Morin, curé

La puissance de la miséricorde

Certains passages de la Parole de Dieu ont une tonalité redoutable. Ceux de ce 33ème dimanche ont de quoi nous faire trembler: « Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise, affirme Malachie. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera … ». Jésus, quant à lui, parlant de l’impressionnant temple de Jérusalem prévient ses disciples : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ».

Notre monde ne manque ni d’arrogants ni d’impies. Il est trop souvent porté à s’extasier et à s’enorgueillir devant ses prouesses techniques et ses nouvelles technologies. Un jour viendra, cependant, … « le Jour du Seigneur » … et que restera-t-il de tout cela ? On dit et  on répète avec raison qu’il ne faut pas « se laisser effrayer par les prophètes de malheur qui profitent des chaos de l’histoire pour annoncer régulièrement la fin des temps ». Faut-il pour autant taire ce « jour du Seigneur » par peur de heurter, pour ne prodiguer que des paroles suaves et doucettes agréables à écouter ? N’y a-t-il pas un devoir d’avertissement ? : Il y aura bel et bien un jour … « Le jour du Seigneur » … Il faut nous y préparer non dans une crainte paralysante mais dans le sérieux d’une vie aimante, dans une foi fervente, dans une espérance réconfortante, par une immersion dans le cœur miséricordieux du Sauveur.

L’Année Jubilaire et Sainte de la Miséricorde s’achève. Dimanche dernier, j’invitais ceux qui ne l’avaient pas encore fait à franchir une porte sainte. Mercredi, un grand jeune du patronage est venu me trouver pour me demander des précisions concernant cette démarche. Après une belle confession, il est reparti tout joyeux, le cœur bien en paix, décidé à se rendre à l’une des basiliques pour accueillir le don de l’indulgence plénière. Trois heures plus tard, son petit frère, déjà plus grand que moi, est arrivé à son tour. Dans le hall du patronage, au milieu d’autres jeunes, avec sa simplicité habituelle, il répétait : « J’ai l’âme toute noire ; il me faut une belle confession ». Lui aussi m’a interrogé sur le passage de la porte sainte. Puis, belle confession … et même résolution. Dans mon cœur, quelle action de grâce pour ces jeunes pénitents, pèlerins jubilaires « de la dernière heure » ! Pour l’un comme pour l’autre, ce fut le « jour du Seigneur », le jour de sa miséricorde ; jour brûlant comme une fournaise, certes, mais fournaise de l’amour miséricordieux du Sauveur qui, loin de détruire, restaure toutes choses dans le Christ.

Le Père Marie-Eugène, prêtre Carme, fondateur de l’Institut Notre-Dame de Vie, sera béatifié samedi prochain, 19 novembre, en Avignon. Décédé le 27 mars 1967, il se plaisait à faire écho à la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus et allait jusqu’à affirmer : « J’ai compris la miséricorde. Sainte Thérèse en a senti la douceur, moi j’en sens la puissance. » Moi aussi, je peux vous l’avouer : tout au long de cette année sainte, j’ai senti la puissance de la miséricorde. Et vous, qui que vous soyez, l’avez-vous senti ?

 Père Gilles Morin,  Curé