Écoute et chante

Ce jeune homme était en face de moi, éberlué et comme assommé. Que de fois je lui avais parlé de son créateur et sauveur ! Que de fois je m’étais efforcé de lui dire tout le prix qu’il avait aux yeux du Seigneur. Les mots résonnaient à ses oreilles mais ne pénétraient pas au plus intime de lui-même. Son cœur restait sourd. ; sa vie n’était qu’un immense brouhaha, un grand vacarme sans harmonie ni beauté.

 

Ce jour-là, ce fut un ébranlement. Nous étions seuls, à l’écart. Il venait de me déballer son amertume, ses désillusions et sa révolte. Il en voulait à la terre entière ; il s’en prenait au ciel. Je l’interrompis pour instaurer le silence. D’un ton empreint de douceur, je ne pus que lui dire ces simples mots : « Ouvre-toi à l’amour de Dieu ; si tu savais combien il t’aime». Pour la première fois, les oreilles de son cœur s’ouvrirent. Ce qu’il ne concevait jusqu’alors que de manière cérébrale retentit en tout son être.  Ce fut pour lui un temps de recréation et de transfiguration. Sa voix s’adoucit et les mots qui jaillirent de sa bouche furent d’une toute autre mélodie.

 

Le sourd-muet de l’évangile de ce dimanche se trouve en face de son Dieu et il ne le sait pas. Que fait Jésus ? Il l’emmène « à l’écart, loin de la foule ».  C’est là que s’opère le miracle, dans l’intimité, par le toucher. Enfin … oui enfin cet homme peut entendre une voix, l’écouter et la savourer. Cette voix n’est autre que celle de son Seigneur et Sauveur. Pour lui, c’est d’emblée l’application et l’incarnation du  » Shema Israël »… « Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique«  Il écoute, et il aime. Ce miraculé ne peut désormais que chanter les merveilles de Dieu. Il est comme recréé, il est transfiguré.

 

Notre société surmédiatisée offre un déploiement de technologies de communication et nous immerge trop souvent dans un brouhaha abrutissant. Pourtant, que de sourds ! que de muets ! N’est-ce pas en effet la pire des surdités que de ne jamais percevoir la voix du créateur et sauveur qui murmure inlassablement : « Je t’aime d’un amour infini » ? N’est-ce pas un véritable mutisme que de ne jamais parvenir à chanter les beautés et les merveilles de Dieu ?

 

En cette période de rentrée, emportés par les multiples démarches et vite happés par le rythme parisien, laissons Jésus nous conduire à l’écart pour nous redire tout son Amour. Cet Amour, savourons-le en notre cœur, proclamons-le joyeusement, aujourd’hui et tous les jours de notre vie.

 

Père Gilles Morin

Curé