Avec eux par la prière

Ils étaient sept frères, tous admirables. Pourquoi le texte de la première lecture de ce dimanche s’arrête-t-il donc au quatrième, nous privant, par le fait même de l’attitude tout aussi admirable de leur mère, dernière de la famille à verser son sang ? Dommage ! Je vous invite donc à aller lire dans votre bible l’intégralité de ce récit dans le second livre des Martyrs d’Israël. La persécution déclenchée par le roi Antiochus Epiphane est impitoyable ; le

Témoignage de ces sept frères et de leur mère est remarquable.

 

Les martyrs, nous le savons, ne sont pas seulement de cette lointaine époque. De tous temps, au fil des siècles et sur toute notre terre, des croyants ont été jusqu’à mourir pour préserver leur foi. Ils savaient que nos horizons humains ne sont pas une fin ; au diapason de ces sept frères, ils affirmaient : « Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle ».

 

Oui, c’est là l’histoire des croyants de tous temps. Comment ne pas repenser à cette famille chrétienne du Rwanda qui, immergée dans le drame sanglant de 1994, fut massacrée par des miliciens enragés ? :

«  “Toi, dit celui qui paraissait être le chef, en parlant à Marie-Dévote âgée de 21 ans, tu as de la chance, on te laisse le choix : ou bien tu deviens ma femme, ou bien on te tue !“. Marie-Dévote répond calmement : “Je préfère rester fidèle à Jésus“. Elle est immédiatement tuée à coups de machette, de même que sa sœur Yvonne (16 ans) qui répond de la même façon…/…

Les parents, debout, le chapelet à la main, voient ainsi tous leurs enfants massacrés sous leurs yeux. Finalement, au milieu des cadavres, il n’y a plus que la petite Diane de 8 ans qui, chose incroyable, s’adresse aux bandits en ces termes :

“Et à moi, vous ne demandez rien ? Je dois moi aussi donner mon avis !“

Son courage ne suscite aucunement la pitié ; elle aussi est sauvagement éliminée. C’est enfin le tour des parents qui savent que « le roi du monde ressuscitera toute leur petite famille pour une vie éternelle ».

 

Nombreux sont les chrétiens qui vivent aujourd’hui dans des conditions difficiles, affrontant des brimades, subissant des injustices, exposés à de multiples formes de violences pouvant aller jusqu’au martyr. Lundi dernier, l’actualité s’est chargée de nous le rappeler. En cette solennité de la Toussaint, l’hymne magnifique des Béatitudes retentissait dans les églises et résonnait dans les cœurs : « Heureux les doux … Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice … Heureux les artisans de paix … ». Pour Bagdad, en la cathédrale de N.D. du Bon Secours, c’était l’heure de la violence et de l’injustice, du fanatisme conduisant à la tuerie. Nos frères chrétiens d’Irak nous lancent un appel ; « Ce dont nous avons besoin, c’est de votre prière et de votre soutien fraternel et moral. Votre amitié nous encourage à rester sur notre terre, à persévérer et à espérer … Restez  avec nous, restez avec nous jusqu’à ce que soit passé le fléau».

Laissons résonner en nous cet appel. Restons avec eux par la prière… jusqu’à ce que soit passé le fléau.

Père Gilles Morin

Curé