Et moi, et moi, et moi… !

Rassurez-vous, je n’ai aucunement l’intention de vous fredonner la chanson de Jacques Dutronc des années soixante. Le « Et moi, et moi, et moi… ! » que je souligne dans cet éditorial remonte à dimanche dernier et me valut une belle distraction. J’étais avec le Père Lecuyer dans l’allée centrale de l’église à donner la sainte communion aux fidèles. Sur la file qui était à ma gauche se trouvait une jeune maman qui tenait dans ses bras son tout jeune enfant. Celui-ci eut ce beau geste de tendre la main vers le ciboire comme pour s’emparer d’une hostie. A côté d’elle se tenait sur ses deux jambes un plus grand, âgé de 3 ou 4 ans, qui tapotait des pieds avec énergie en réclamant : « Et moi, et moi, et moi… ! ». Je ne pus m’empêcher de tourner la tête pour regarder ce blondinet qui, sous forme de protestation, affirmait précocement sa faim de l’Eucharistie et manifestait ainsi prophétiquement son désir de ne faire qu’un avec Jésus.

 

Le jour de Noël, l’Eglise nous a fait entendre le prologue de l’Evangile de Saint Jean. Il nous y est dit magnifiquement que le Verbe, Celui qui s’est fait chair dans la nuit de Noël, EST la Vie, qu’il EST la lumière qui éclaire tous les hommes en venant dans le monde. … tous les hommes … Oui, tous sont appelés à la Lumière pour jouir de la plénitude de la Vie. Mais comment parvenir à Jésus ? Comment le trouver ? Les mages, ces savants épris d’absolu, aspiraient à la vraie vie. Ils ont eu leur étoile qui les a guidés. Ils ont pu ainsi admirer et s’émerveiller

 

En ce dimanche de l’Epiphanie, l’Eglise laisse résonner la voix du prophète Isaïe : « Debout, nous dit-il,  resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ». Mais il ajoute : « Regarde, l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ». Pouvons-nous contempler égoïstement le mystère de la Nativité tout en sachant tant de nos frères errer dans l’ignorance ou l’indifférence ? Alors que nous baignons dans la Lumière et que nous savourons la Vie,  ne les entendons-nous pas nous lancer : « Et moi, et moi, et moi… ! » ?

 

Petit bonhomme blondinet qui tapotait du pied en t’écriant « « Et moi, et moi, et moi… ! », tu as ton étoile. Ton étoile, c’est ta maman. Continues de te laisser guider par elle ; elle te fera avancer de plus en plus dans la Lumière et dans la Vie du Christ.

 

Vous tous, qui ne savez plus où est la vraie lumière, où est la vraie vie, nous voulons être une étoile sur votre route. Allons, levez les yeux, regardez, cherchez et vous trouverez … et vous serez radieux … et votre cœur frémira et se dilatera.

 

 

 

Père Gilles Morin

curé