Les pèlerins qui sont allés en Terre Sainte se souviennent de ce lieu impressionnant qu’est le Wadi Qelt. Il s’agit d’un profond canyon de calcaire entouré de falaises au-delà duquel s’ouvre le désert de Judée. Quelle merveille !… Pas un bruit ; des horizons désertiques à vous couper le souffle ; des paysages d’une grande majesté ; au fond du canyon, un monastère isolé. Tout invite au silence ; tout murmure une présence. Après nous avoir donné quelques explications, notre guide nous a demandé de tendre l’oreille pour percevoir le doux bruit d’une eau coulant en contrebas dans un aqueduc antique, invisible à l’œil nu. De cette écoute attentive, nous sommes passés à l’écoute d’une voix plus douce encore qui n’est autre que celle de Dieu. Pendant une vingtaine de minutes, chacun s’est isolé ; en silence, chacun a prié. En ce lieu, quelle présence ! quelle éloquence !
En ce deuxième dimanche de l’Avent, la voix de Jean, le Baptiste, retentit dans le désert : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ». L’appel est alors entendu puisque − nous dit-on− de partout on vient à ce fougueux prédicateur, on court vers le Précurseur. Sera-t-il perçu aujourd’hui encore ? Qui osera se retirer au désert ? Qui élèvera la voix ? Qui aura la joie et l’audace de proclamer : « Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche » ?. Qui invitera les hommes de notre temps à venir à l’écart au Wadi Qelt, c’est-à dire à quitter le brouhaha et les turbulences quotidiennes pour chercher le silence et percevoir le doux murmure de la voix intérieure de Dieu ? C’est que le silence est justement « le berceau de la Parole. Tout le reste n’est que bruit de fond ». Et que nous dit la Parole ? : « Je t’aime d’un amour éternel ; Je viens ; n’aies pas peur ; ne désespère pas ; je suis là ; je suis ton Sauveur ». Une telle Parole doit résonner dans les cœurs ; c’est un impératif. Et pour la percevoir, le Wadi Qelt spirituel est un incontournable.
Notre archevêque, le Cardinal André Vint-Trois, vient d’ouvrir pour nous une « Année de l’appel ».
« Soyez à l’écoute des appels du Seigneur dans votre vie », nous lance-t-il. Nous avons besoin du silence du désert pour nous mettre véritablement à l’écoute. Oui, plus de silence dans notre vie. Je le redis : plus de silence pour savourer le murmure de l’Enfant-Dieu qui vient dans la nuit de Noël.
« Soyez attentifs aux besoins de ceux qui vous entourent », ajoute le Cardinal. Or bien souvent, ceux qui nous entourent aspirent plus ou moins confusément à sortir du stress et à s’échapper du bruit. Qui leur proclamera l’appel à la conversion ? Qui les attirera vers un Wadi Qelt ? Qui les mènera au désert pour qu’ils écoutent cette voix de Dieu en eux qui dit à toute âme : « Je t’aime d’un amour éternel. Je viens ; n’aies pas peur . Ne désespère pas ; Je suis là ; Je suis ton Sauveur ».
Qui … sinon nous ?
Père Gilles Morin
Curé