Les éboueurs de l’âme

 

Je les ai vu débarquer dans l’enceinte de notre paroisse l’été dernier. Tout de vert vêtus, ils n’avaient rien de martiens venus d’une autre planète. Dans leur tenue que nous connaissons bien, il s’agissait en fait d’éboueurs … un homme et une femme. En des termes plus appropriés, disons que c’étaient des « agents de propreté » qui nous sont si précieux dans notre vie au quotidien pour préserver la beauté de notre capitale. Ceux qui ont connu les périodes de grèves d’éboueurs se souviennent combien nos rues peuvent devenir d’immenses décharges nauséabondes qui empoisonnent l’atmosphère. Cet homme et cette femme venaient voir une amie qui se plaisait à papoter avec eux lorsqu’ils passaient ramasser nos ordures devant le 351 de la rue Lecourbe. Depuis quelques temps, ils ne la voyaient plus et s’en inquiétaient. Je les ai accueillis de mon petit mieux et, au terme d’une brève conversation, les ai menés jusqu’à l’église, les invitant à y revenir.

 

Lazare, nous dit l’Évangile de ce dimanche, était au tombeau depuis plus de trois jours. « Il sent déjà » dit spontanément Marthe à Jésus. Alors que nous approchons de la Semaine Sainte, interrogeons-nous : quelle est l’odeur qui émane de nous ? Que sentons-nous ? Le bon parfum de la sainteté, ou bien les relents de notre médiocrité et du marasme dans lequel nous sommes trop souvent englués ? Le péché enténèbre, empoisonne et empuantit notre cœur. Parfois, nous laissons toutes sortes d’ordures s’entasser au plus intime de nous-mêmes. Voilà trois semaines, voilà trois mois, voilà trois ans que l’éboueur n’est pas passé nettoyer mon cœur… Voilà si longtemps que je ne me suis pas confessé. Vraiment, ça ne sent pas très bon.

 

« Qu’attends-tu, nous lance Jésus ? Ne le sais-tu pas ? Quels que soient la multiplicité et la gravité de tes fautes,  » Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais « . Le crois-tu vraiment ? » Et Jésus de nous crier d’une voix forte : « Viens dehors ! » c’est-à-dire sors des affres de la mort ; retrouve la bonne odeur de la sainteté.

 

Notre pape François vient d’annoncer une Année Sainte  de la Miséricorde, qui s’ouvrira le 8 décembre 2015. Tout récemment, il a offert aux pèlerins réunis sur la place Saint Pierre un petit livret intitulé « Prends soin de ton cœur ». N’est-ce pas une invitation pressante à ne pas rester figer, à sortir, pour aller nous plonger dans la Miséricorde divine. Vous avez certainement déjà noté sur vos agendas la Journée du Pardon qui aura lieu en notre paroisse le Lundi 30 mars. D’autres jours de confession seront abondamment proposés. Ne passons pas à côté de la grâce de ce sacrement. Prenons soin de notre cœur. Les prêtres vous espèrent, les prêtres vous attendent. Ce sont de bons « éboueurs » de l’âme. Ce ne sont pas des extraterrestres mais des êtres de chair, faibles comme vous, pécheurs comme vous. Mystérieusement, au nom de Jésus, ils peuvent vous faire sortir du tombeau et vous dire « Viens dehors … Tes péchés sont pardonnés ».

 

Pardon, Jésus, en la personne de tes prêtres, de te comparer ainsi à un  agent de propreté, au grand éboueur des âmes. Tu es tellement plus que cela … Je le sais : Tu es la Résurrection et la Vie. Tu es mon Sauveur et mon Dieu.

 

Père Gilles Morin

Curé