De bondissements en bondissements

 

« Réjouis-toi, comblée de grâce » lui avait dit l’ange Gabriel … et elle a bondi de joie en Dieu son Sauveur. « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus », lui avait annoncé le messager du Seigneur … et elle n’a pas manqué de méditer dans le silence et la prière ce si grand mystère. Reste-t-elle statique pour autant ? La voilà maintenant qui se rend avec empressement chez sa cousine Elisabeth. Ne porte-t-elle pas en son sein le Verbe, le Messie, l’unique Sauveur ? Comme elle est légère, leste, aérienne ! Comme dit l’Ecriture (Ha 3,19), « elle marche dans les hauteurs et le Seigneur lui donne l’agilité du chamois ». Toute la joie messianique se lit dans son élan. Qu’ils sont beaux sur la montagne les pieds de celle qui porte en elle la Bonne Nouvelle (cf. Is 52,7) !

 

C’est maintenant, non plus un ange mais Elisabeth qui loue la Vierge tant attendue, « l’Alma redemptoris mater », celle qui doit enfanter l’Emmanuel. Elle est comme un extraordinaire haut-parleur du ciel. « Tu es bénie entre toutes les femmes, lance-t-elle à Marie, et le fruit de tes entrailles est béni ». Ô Combien cela est vrai ! Et l’on passe d’une exultation à l’autre, de la joie de Marie à celle de sa cousine visitée. Et l’on passe aussi d’un bondissement à l’autre, de celui de la Vierge à celui du petit Jean dans le sein d’Elisabeth.

 

Attention : nous, nous savons. Oui, nous savons ce qu’est Noël ; nous connaissons l’essentiel de ce profond mystère et déjà nous exultons et nous bondissons de joie. Tout, en nous, se met à frétiller et à exulter à quelques jours de la solennité de la Nativité. En offrant aujourd’hui à notre méditation le mystère de la Visitation, l’Eglise nous invite à entrer dans une danse qui part de Marie. Oh ! elle ne nous propose ni la break dance, le locking, le smurf ou le krump qui sévissent dans les boîtes de nuit et sont davantage des trémoussements d’excitation que des bondissements d’exultation. Non ! L’Eglise nous propose plutôt d’entrer dans une grande farandole. Savez-vous que cette danse traditionnelle est considérée comme la plus ancienne et qu’elle est la plus caractéristique et la plus représentative de la Provence. Sa popularité, nous dit-on, l’a même faite entrer dans la crèche. N’avons-nous pas, ici, à Notre-Dame de Nazareth, une magnifique crèche provençale ?  Exultant de joie, nous sommes donc bel et bien appelés à prendre la main de celles et ceux qui ne savent pas ce qu’est Noël et qui trop souvent restent figés dans la morosité de notre monde. « Allez, viens, prends ma main, entre dans la danse. Je t’annonce une grande joie : le Sauveur vient ; il est là … Ce n’est qu’un petit enfant ; n’aie pas peur. Viens réjouis-toi ; prends ma main ».

 

Il nous faut donc désirer vivre un Noël en farandole. Cette grande farandole part de la Vierge Marie. Elle bondit ; elle bondit ;  et au centre, bien sûr, il y a Jésus : quelle merveille !

 

P. Gilles Morin

Curé