Les yeux levés pour prier

 

« Les yeux levés au ciel, Jésus priait », affirme l’évangile. Et pour qui priait-il ? Pas seulement pour ceux qui étaient là mais encore pour ceux qui croiraient en Lui. Il priait donc aussi pour nous.

 

Etienne, face à ses accusateurs, « rempli de l’Esprit Saint, fixait le ciel du regard« . Sous le coup des attaques, il priait. À l’image de son Seigneur, par son martyr, il irriguait notre terre de son sang ; il la fécondait.

 

Quant à Saint Jean, il est celui qui a vu ; il a vu et il a cru. Dans la finale du livre de l’Apocalypse, ce contemplatif et méditatif affirme : « J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle ». Et de nous confier : « J’ai entendu une voix qui me disait :  » Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin » … Celui qui entend, qu’il dise « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement ». Nous sommes là dans un climat de prière, de confidence et de contemplation.

 

En chaque célébration de l’Eucharistie, pour introduire la préface, le prêtre nous adresse cette invitation : « Élevons notre cœur« , et nous répondons : « Nous le tournons vers le Seigneur« . Nous avons grand besoin de ce rappel, tant nous sommes trop souvent les yeux rivés vers les réalités d’en bas, le cœur et l’esprit englués dans le matérialisme et le consumérisme. Si seulement nous levions davantage les yeux, comme Jésus. Si seulement nous fixions davantage le ciel, au quotidien. Si seulement nous étions plus contemplatifs dans une relation intime avec Celui qui est l’alpha et l’oméga !

 

Laissons-nous toucher par cette réflexion de Mustapha, ce musulman qui de temps à autres vient prier avec la communauté chrétienne de sa prison : «Quand vous priez, affirme-t-il, vous êtes beau ». Quelle différence en effet entre le musulman qui prie prostré la face contre terre et le chrétien qui est invité à lever les yeux vers son Seigneur et son Dieu, à tourner son visage vers Celui du christ, reflet de la gloire de Dieu.

 

En ce 8 mai, comment ne pas évoquer Sainte Jeanne d’Arc dont c’est la fête liturgique. C’est la patronne secondaire de notre pays et celle qui est présentée comme modèle à nos patronages qui sont sous le vocable de « la Jeanne d’Arc de Vaugirard ». Nous le savons : que de fois elle a levé les yeux vers le ciel ! que de fois elle a été en prière ! que de fois encore elle a entendu la voix du Seigneur qui, par l’intermédiaire de l’archange Saint Michel et de sainte Catherine, parlait à l’intime de son cœur. Jeune adolescente, elle répond en toute vérité à l’archange : « Je ne suis qu’une pauvre fille ; je ne connais ni a ni b ; je ne sais ni monter à cheval ni faire la guerre ». Les animateurs du patronage qui sont en retraite ce week-end savent lire et écrire – certes- mais la plupart sont pauvres eux-aussi. Ils savent jouer -oui- mais eux non plus ne savent guerroyer. Par contre, dans le contexte privilégié de leur retraite spirituelle, ils savent lever les yeux vers le Ciel ; ils savent recentrer leur vie sur Celui qui est « l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » ; en un mot, ils savent prier pour aviver et cultiver en eux le désir de s’abreuver à la source, pour raffermir au plus intime d’eux-mêmes leur volonté de prier au quotidien. Ils le savent : c’est ainsi qu’à l’image de leur sainte patronne, ils pourront faire de grandes et belles choses.

 

 

Père Gilles Morin,

Curé