Nul n’est censé ignorer la loi

Tout comme moi, vous connaissez certainement cet adage : « Nul n’est censé ignorer la loi ». Voilà  qui devient pourtant chose de plus en plus difficile quand on sait que notre pays est doté d’une surabondance de textes législatifs qui dépassent le nombre de 10 000 lois et de 120 000 décrets. En France, la longueur moyenne du Journal officiel de ces dernières années est de l’ordre de 23 000 pages. Bonne lecture et bon courage aux étudiants en droit. Je comprends donc que la plupart d’entre vous puisse ignorer la loi du 10 juillet 1920, adoptée à l’unanimité par la Chambre des députés et le Sénat, quelques semaines après la canonisation de Jeanne d’Arc. En voici le contenu :

Art 1er – La république française célèbre annuellement la fête de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme
Art. 2 
– Cette fête a lieu le deuxième dimanche de mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans.
Art. 3 
– Il sera élevé, en l’honneur de Jeanne d’Arc, sur la place de Rouen, où elle a été brûlée vive, un monument avec cette inscription :
A Jeanne d’Arc,
LE  PEUPLE FRANÇAIS  RECONNAISSANT

La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi d’Etat.

Qu’en est-il aujourd’hui de cette loi si lointaine dans le temps ? Dans le Journal Officiel du 8 septembre 1994, le premier ministre d’alors rappelait : « La loi du 10 juillet 1920 qui institue une fête nationale de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme, est toujours en vigueur. Cette fête donne lieu chaque année à une célébration le deuxième dimanche du mois de mai…/… Le Gouvernement veillera, comme par le passé, à ce que la fête de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme, continue d’être célébrée à l’avenir conformément aux dispositions de la loi… »

Ce dimanche est donc jour de fête nationale. Historiquement, nous nous rappelons que notre paroisse sous le vocable de Notre-Dame de Nazareth s’est installée en un lieu où il y avait déjà un patronage du nom de « la Jeanne d’Arc de Vaugirard ». Nos patros actuels sont restés sous ce vocable. Nous ne saurions oublier celle qui en est la patronne.

J’ai un souvenir marquant qui remonte à quelques années. Dans l’une de nos œuvres de proche banlieue, nous avions une statue de « la sainte de la patrie ». Chaque année, le deuxième dimanche du mois de mai, conformément à la loi, les autorités civiles se rassemblaient devant cette statue, avec fanfare et discours. On m’avait demandé de me joindre à cette cérémonie et d’y apporter ma pierre en disant quelques mots. Les intervenants précédents avaient été poliment applaudis. Au terme de mon petit discours, ce fut un grand silence. Qu’avais-je donc dit ? J’avais parlé de Jeanne ; j’avais rappelé cette voix de l’archange saint Michel disant à cette pucelle : « Il y a grande pitié au royaume de France » ; j’avais cité les papes ; j’avais rappelé la vocation chrétienne de notre pays, fille aînée de l’Eglise. Après la célébration, nombreux furent celles et ceux qui vinrent me trouver pour m’avouer privément leur enthousiasme et me prodiguer leurs remerciements : « J’avais tellement envie d’applaudir, mais je n’osais pas », me répétaient-ils.

Les saints et les saintes doivent être applaudis ; ce sont nos modèles. Plus encore, ils faut les prier. Bien sûr, nous avons à confier à Jeanne d’Arc notre pays et son nouveau président, mais nous avons aussi à confier à son intercession nos patros qui seront en fête dimanche  prochain. Vous le savez : ce sera le Trophée des patros ; vous y êtes invités. Jeanne la battante, Jeanne la pucelle, Jeanne la priante, Jeanne la sainte … Quel magnifique modèle pour les jeunes d’aujourd’hui, pour nous tous et pour notre pays ! Donc bonne fête nationale à tous.

Père Gilles Morin, Curé