L’effigie divine en notre cœur

Les pharisiens et les partisans d’Hérode en sont persuadés. Cette fois-ci, le piège est habile ; le rabbi de Nazareth ne s’en sortira pas. Mais les piégeurs vont être piégés. « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? » leur demande Jésus. La réponse va de soi : « De César ». Et le Christ de conclure : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Il nous faut laisser retentir ces mots de sagesse et les faire résonner comme en écho dans notre société d’aujourd’hui. C’est comme si Jésus était là à nous interroger : « Regarde-toi ; creuse en ton cœur ; qu’y vois-tu ? À qui ressembles-tu ? De qui es-tu l’image ? N’oublie pas ta grandeur, ta noblesse, ta dignité. Tu es à l’image et à la ressemblance de Dieu. Lis-bien au plus intime de toi-même et tu trouveras ces mots magnifiques :  » Enfant de Dieu « . Rends donc à Dieu ce qui est à Dieu … et tout est à Dieu.»

Peut-être avons-nous du mal à le croire. Notre vie est trop souvent terne et médiocre ; nous faisons l’expérience douloureuse de nos fragilités et de nos chutes répétées, voire de notre animalité dépravée. Certes, le péché nous défigure ; mais regardons bien, regardons loin. Dépoussiérons, nettoyons l’effigie en notre cœur, et nous retrouverons le visage du crucifié-ressuscité qui est venu tout restaurer. Voilà notre évangile dans toute sa splendeur.

A l’occasion de la Journée Mondiale des Missions, le pape François rappelle que la mission est au cœur de la foi chrétienne. Il s’agit véritablement pour nous de refléter le Christ et de révéler à tous qu’ils portent au plus intime de leur cœur l’effigie du Christ. Par notre exemple, par notre rayonnement de foi, nous devrions proclamer à tous les hommes  » Ne sais-tu pas que tu es créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ? Ne sais-tu pas que tu appartiens à Jésus-Christ qui t’a sauvé et racheté ? ». Il est étrange de constater notre peu d’entrain pour une telle mission, une telle proclamation. Nous sommes trop timorés parce que pas assez embrasés du feu de l’amour divin. Saint François de Sales, patron secondaire de notre Congrégation, écrivait dans son Traité de l’amour de Dieu : « Quand nous voyons un prochain créé à l’image et ressemblance de Dieu, ne devrions-nous pas dire les uns aux autres : »Tenez, voyez cette créature, comme elle ressemble au créateur ? » Ne devrions-nous pas nous jeter sur son visage, la caresser et pleurer d’amour pour elle ? Ne devrions-nous pas lui donner mille et mille bénédictions ? … Et pourquoi donc ? pour l’amour de Dieu qui l’a formée à son image et ressemblance … pour l’amour de Dieu, dis-je, de qui elle est, à qui elle est, par qui elle est, en qui elle est, pour qui elle est… »

Avouons que notre société marquée par un individualisme suffoquant et un laïcisme sclérosant nous anesthésie spirituellement au point de nous faire perdre l’audace et la joie de l’annonce. Pourtant, « Le monde a essentiellement besoin de l’Evangile de Jésus Christ, nous redis le pape François dans son message pour cette Journée Mondiale des Missions ; Que la Vierge nous aide à dire notre  » oui  » dans l’urgence de faire résonner la Bonne Nouvelle de Jésus à notre époque ; qu’elle nous obtienne une nouvelle ardeur de ressuscités pour porter à tous l’Evangile de la vie qui remporte la victoire sur la mort ; qu’elle intercède pour nous afin que nous puissions acquérir la sainte audace de rechercher de nouvelles routes pour que parvienne à tous le don du salut. »

Nous sommes encore dans le mois du Rosaire. Avec la Vierge Marie, allons dire Dieu, allons porter Dieu, allons montrer Dieu. Ne sommes-nous pas à son image et à sa ressemblance ? Pas seulement nous, mais aussi tous nos frères.

Père Gilles Morin, curé