Des paroles qui entraînent

En cette solennité des solennités, en ce jour de résurrection où nous jubilons, laissons résonner à nouveau en notre cœur la voix puissante du pape Jean-Paul II : « Frères et sœurs, s’écriait-il, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! Ouvrez tout grand les portes du Christ ! À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des Etats, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme et lui seul le sait ! ».

Plus tard, ce grand pape pourra avouer : « Quand le 22 octobre 1978, sur la place Saint-Pierre j’ai lancé « N’ayez pas peur ! », je ne pouvais évidemment pas savoir jusqu’où ces paroles nous entraîneraient, moi et l’Eglise … Pourquoi ne devons-nous pas avoir peur ? Parce que l’homme a été racheté par Dieu ! ».

Le Christ a été crucifié au lieu dit « le Crâne », ou « calvaire », en hébreu : « Golgotha ». On croyait s’en être définitivement débarrassé. On ne devait plus en entendre parler. Et voilà qu’il est Vivant, qu’il est présent et toujours aimant. Les chefs des prêtres et des membres du sanhédrin auront tout fait pour le conduire à sa Passion ; ils feront tout pour occulter sa résurrection. Mais voilà : il devient impossible à ceux qui n’ont pas peur … à ceux qui n’ont plus peur … de taire cette Bonne Nouvelle. Partout, tel un feu qui se propage, l’inouï est annoncé, proclamé : « Le Christ est ressuscité, Alléluia ! Il est vraiment ressuscité, Alléluia ! ».

 

En lançant ces quelques mots et en rayonnant de leur foi en la résurrection, les premiers chrétiens ne pouvaient évidemment pas savoir jusqu’où cette proclamation entraînerait l’humanité, l’Eglise et nous-mêmes. Aujourd’hui, nous sommes débordants de la joie de la Victoire du Christ sur la mort parce que, tout au long des deux premiers millénaires, des voix se sont élevées, sans peur, pour témoigner, crier et chanter : « Le Christ est ressuscité ! L’homme a été racheté par Dieu ! »

 

Aujourd’hui, joignons nos voix à celle de cette longue cohorte ; unissons nos voix à celle de Jean-Paul II « le grand » qui sera béatifié dimanche prochain sur cette place Saint Pierre où résonne encore son « N’ayez pas peur ». On cherchera sans doute à nous faire taire … mais nous n’aurons pas peur … nous n’aurons plus peur ? Pourquoi ? « Parce que l’homme a été racheté par Dieu ». Au sein de notre monde, nous serons vivants, présents et aimants.

 

Père Gilles Morin

Curé

Quelle que soit l’odeur, … enlever la pierre

« Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir … ». Dieu l’a dit et il l’a fait. Il tient toujours ses promesses. Lazare était au tombeau, … depuis quatre jours. Il sentait déjà. Et voilà que le Christ, vrai Dieu, se dresse devant lui et crie d’une voix forte :  » Lazare, viens dehors ! ».  « Et le mort sortit, atteste l’Evangile, les pieds et les mains attachés… » Et Jésus d’ajouter : « Déliez-le, et laissez-le aller » ».

 

Certaines images restent gravées dans notre mémoire. J’ai eu, jadis, à approcher un corps, déjà en phase de décomposition. C’était horrible et nauséabond à vomir. J’ai eu il y a quelques semaines, à prier près d’une princesse qui venait de mourir. Ses traits s’étaient détendus ! Qu’elle était belle ! … comme une reine. L’odeur de l’huile des malades embaumait son corps. Ô Dieu, qu’elle sentait bon !

 

« L’homme périt quand il perd la vie éternelle », affirmait le pape Jean-Paul II. Le péché grave est effectivement une véritable mort … la mort de l’âme. Lorsqu’on reste ainsi au tombeau des jours et des jours, voire des semaines et des années, c’est horrible et nauséabond. On se dégoûte soi-même et on dégoûte les autres. Nous sommes faits pour la vie et non pour les miasmes de la mort.

 

Jésus s’approche toujours de nous dans ce merveilleux sacrement qu’est celui de la réconciliation. « Viens dehors ! », nous lance-t-il. A l’approche de notre Journée du Pardon, il nous faut laisser résonner son appel. Abandonnons nos ténèbres ! Sortons de nos tombeaux ! Allons à la lumière ; courons vers celui qui est « la résurrection et la vie ». Que l’ampleur et la gravité de nos péchés ne nous arrêtent aucunement ! Il suffit d’une chose : Enlever la pierre … celle de notre orgueil ou de notre indifférence. Alors le miracle s’accomplit : nous sommes déliés et nous allons … nous allons le visage paisible et rayonnant, nous allons comme des rois, comme des reines, en diffusant la bonne odeur de la grâce qui nous habite.

 

Lazare était mort ; il est revenu à la vie. Il ne pouvait s’empêcher dès lors de proclamer les merveilles accomplies par Jésus, son Maître, son Seigneur, son ami.  Oui, il parlait, il se montrait. Trop souvent, comme chrétiens, nous nous taisons, nous nous cachons. Peut-être parce que nous ne faisons pas assez l’expérience de cette véritable résurrection qu’accomplit en nous le sacrement du pardon.

 

Père Gilles Morin

Curé