Homélie de Jean-Paul II (extraits)

La croix se trouve au centre de la liturgie d’aujourd’hui. Très chers jeunes, par votre participation attentive et enthousiaste à cette célébration solennelle, vous montrez que vous n’avez pas honte de la Croix. Vous ne craignez pas la Croix du Christ. Au contraire, vous l’aimez et vous la vénérez, car elle est le signe du Rédempteur, mort et ressuscité pour nous. Celui qui croit en Jésus crucifié et ressuscité porte la Croix en triomphe, comme preuve indubitable de son amour …/… Le mystère pascal que nous revivrons au cours des journées de la Semaine Sainte est toujours actuel. Nous sommes aujourd’hui les contemporains du Seigneur et, comme les habitants de Jérusalem, comme les disciples et les femmes, nous sommes appelés à décider si nous voulons rester avec Lui ou fuir, ou demeurer de simples spectateurs de sa mort …/…

…/… Ne perdez pas votre saveur de chrétiens, la saveur de l’Evangile ! Gardez-la vivante en méditant constamment le mystère pascal : que la Croix soit votre école de sagesse. Ne vous vantez de rien d’autre, si ce n’est de cette sublime chaire de vérité et d’amour …/…

…/… Celui que vous avez choisi comme Maître n’est pas un marchand d’illusion, il n’est pas un puissant de ce monde, ni un calculateur astucieux et habile. Vous connaissez celui que vous avez choisi de suivre : c’est le Crucifié ressuscité ! Le Christ mort pour vous, le Christ ressuscité pour vous.

Et je vous assure que vous ne serez pas déçus. Personne d’autre, en dehors de Lui, ne peut en effet vous donner cet amour, cette paix et cette vie éternelle à laquelle aspire profondément votre cœur. Bienheureux êtes-vous si vous devenez de fidèles disciples du  Christ ! Bienheureux êtes-vous si, en toute circonstance, vous êtes disposés à témoigner que cet homme est véritablement le Fils de Dieu !

Sur sa tombe, j’ai prié pour vous

Vous le savez : je rentre de Rome où j’ai passé quatre jours avec les animateurs du patronage des garçons. Pour ma part, j’y étais déjà allé à diverses reprises ; pour la plupart d’entre eux, c’était leur premier contact avec la « ville éternelle ». Se retrouver au cœur de la chrétienté, admirer et se laisser enseigner par ces magnifiques basiliques, fouler une terre ensemencée par le sang des martyrs, vénérer ces lieux où reposent les colonnes de l’Eglise que furent Pierre et Paul … quelle grâce !

 

L’un des moments particulièrement marquants de notre pèlerinage furent ces quelques minutes de prière silencieuse devant la tombe de Jean-Paul II « le grand ». Chacun d’entre nous, à genoux, confiait à ce grand pape les nombreuses intentions qu’il portait dans son cœur. C’était beau ! c’était intense ! Soyez en sûrs, je ne vous ai pas oubliés.

 

Lorsque je me suis retrouvé à l’extérieur de la basilique, je n’ai pu m’empêcher de penser à ce dimanche des Rameaux et de la Passion que nous célébrons aujourd’hui. Sur cette immense place Saint-Pierre, le pape Jean-Paul II a été tant de fois acclamé, on l’a vu les bras levés … mais sur cette même place, il a été agressé, on l’a vu s’effondrer. « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître ». Lorsque Karol Wojtyla fut élu comme 264ème successeur de Pierre, il savait qu’il lui faudrait livrer sa vie pour son troupeau, … pour l’Eglise … pour le monde. Il savait que par-delà les heures de gloire, il y aurait la croix. Oui, on l’a acclamé mais on l’a aussi tellement critiqué. Un ministre français n’a-t-il pas, en son temps, menacé de traduire Jean-Paul II devant un tribunal international ? « Les guignols de l’info » n’ont-ils pas été jusqu’à le caricaturer de manière infamante sous la forme d’un pontife gâteux, d’une « épave abrutie et infestée d’asticots impatients « .  Rien n’a détourné Jean-Paul II de son Seigneur et Maître. Rien ne l’a arrêté ; rien ne l’a découragé ! Il est allé librement et fermement jusqu’à l’oblation totale, celle d’une vie livrée par amour, « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

 

Nous sommes si inconstants et versatiles, parfois vis-à-vis de nos parents et amis mais plus encore à l’égard de Dieu. Dans cet évangile bouleversant de la Passion qui nous est lu solennellement en ce jour, nous sommes tout à la fois cette foule chantant  « Hosanna ! » et de ceux qui crient « à mort ». Nous sommes Judas qui trahit et Pierre qui renie. Soyons davantage ce que nous devrions être : des passionnés du crucifié ressuscité… de ceux qui ne s’imaginent pas être au-dessus de leur maître et qui savent que leur vie sera marquée par la Croix… C’est un incontournable pour entrer dans la gloire …  non celle des hommes mais celle de Dieu… avec et comme Jean-Paul II.

 

Père Gilles Morin

Curé