Plus belle est votre vie

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde », nous rappelle l’Evangile de ce dimanche. Il y a un air salin au Mistral, mais il est profondément malsain. Il y a du soleil dans le ciel de ce quartier imaginaire de la ville de Marseille, mais il y a tant d’obscurité dans le cœur de ses habitants. À regarder un seul épisode du feuilleton « Plus belle la vie », on ne peut que s’écrier : « Oh oui ! Que votre vie soit plus belle que celle de ces personnages  de série ».

 

Croyez-vous pouvoir respirer un air aussi malsain au quotidien sans vous en trouver contaminés ? Pensez-vous parvenir à vous immerger chaque jour dans cet univers glauque et immoral, fait d’imbroglios amoureux scabreux, sans en être pollués ? … Couples éclatés et recomposés, homosexuels, bisexuels, … on cherche en vain une famille stable et saine où l’on s’aime… Relations extraconjugales, adultères et banalisation du sexe forment la trame de fond de cette série de plus de 1600 épisodes… Chaque jour, cinq millions de français en rient et se passionnent. N’y aurait-il pas lieu de suffoquer et de s’en détacher ?

 

Avec beaucoup de simplicité et de lucidité, l’une de nos jeunes paroissiennes m’avouait, ces jours derniers, que sa famille s’était laissé accrocher un temps par cette série télévisée. « Maintenant, me confiait-elle, on reconnaît, quand on y réfléchit, que la série a réussi à nous pervertir quelque part l’esprit dans la mesure où, les intrigues policières, les meurtres, les situations d’adultère ou la banalisation de l’Amour au sexe ne nous étonnent plus et où on arrive même à les anticiper, aussi rocambolesques soient-ils ». J’ai voulu vérifier par moi-même. Durant 25 minutes, l’espace d’un épisode, j’ai  respiré à contrecœur l’air du Mistral de Marseille. Il était profondément malsain, je vous le confirme.

 

Nos jubilaires de mariage sont « sel de la terre » et « lumière du monde ». Ils sont bien réels. Leur vie ne se déroule pas dans un cadre imaginaire. Leur toile de fond des années écoulées n’a guère été faite d’intrigues complexes et interminables, ni même d’incessantes rigolades. Elle a été souvent simple, laborieuse, persévérante et courageuse. Avec eux,  nous respirons un air sain et tonifiant. Aujourd’hui, en notre paroisse, nous les mettons comme sur le lampadaire pour qu’ils nous portent leur lumière … lumière de la beauté d’un amour vrai… de l’amour d’un homme et d’une femme dans une union stable scellée dans le mariage … lumière de la famille qui est source d’espérance.  Fêter en ce jour nos jubilaires, c’est reconnaître que plus belle est leur vie pour que plus belles soient nos vies.

 

 

 

Père Gilles Morin

curé

Que nous ayons ta joie et ton bonheur d’aimer !

La sagesse aux yeux des hommes est folie aux yeux de Dieu. Le bonheur formaté par notre monde est en effet aux antipodes de celui que le Seigneur nous propose : Ni fortune, ni puissance, ni jouissance, ni vie doucette et indolore … Il s’agit de tellement plus que cela. Notre bonheur passe par notre adhésion à la personne du Christ unique Sauveur, et à notre configuration amoureuse à Celui qui nous est dépeint dans l’évangile des Béatitudes.  Jésus, pauvre, doux, affamé de justice, miséricordieux, prince de la paix, mais aussi persécuté, insulté et calomnié EST la joie du Père ; il est notre joie ; là est notre bonheur. C’est donc Lui que nous devons chercher en toute humilité, Lui que nous devons imiter, Lui que nous devons aimer.

 

La sagesse de Dieu est folie aux yeux des hommes. « Ce qu’il y a de fou dans le monde, nous dit l’apôtre Paul, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort … ». Il y a trente ans, le 6 février 1981, Dieu rappelait près de Lui Marthe Robin, fondatrice avec le Père Finet des Foyers de Charité.

 

Marthe était faible, … si faible. Durant plus de cinquante ans, terrassée par la maladie, elle ne quittait pas son lit. Marquée en sa chair, chaque vendredi, par les stigmates de la Passion, elle ne se nourrissait que de l’Eucharistie. Elle souffrait ; elle souffrait tellement ; mais elle aimait, elle aimait plus encore. Elle était faible … si faible … Mais elle était pleine de la sagesse de Dieu. Durant un demi-siècle, des gens de toutes conditions, y compris des grands de ce monde, sont venus par milliers jusqu’à elle pour lui demander conseil, se recommander à ses prières, et percevoir à travers elle la sainte volonté de Dieu.  Bien des fondateurs de communautés nouvelles lui doivent beaucoup.

 

Marthe était faible ; elle était d’origine modeste ; aux yeux du monde, elle n’était rien qu’une infirme inutile et alitée que certains seraient tentés de nos jours d’euthanasier. Dieu l’a élue non pour subir mais pour offrir. Dieu l’a choisie pour porter du fruit et un fruit qui demeure. « Que Dieu, disait-elle, fasse de moi un vrai foyer de lumière et d’amour, une parole pour porter sa joie. » Et elle avouait : « Je connais maintenant la joie la plus pure, la plus douce que l’on puisse connaître : celle de vivre pour les autres et pour leur bonheur ». Elle ajoutait même, à l’intention de chacun d’entre nous :  «Une chose reste toujours, elle est à la portée de chacun : la joie des autres…donner un peu de calme, de courage, d’espoir, provoquer un sourire, tout cela est un doux travail et il n’est pas nécessaire d’être en santé pour le faire ».

 

Marthe était pauvre ; elle était si douce ; elle a tant pleuré ; elle était pleine de miséricorde et toute pure … Aussi fou et stupéfiant que cela puisse paraître aux sages de ce monde, dans sa souffrance elle avait trouvé la Joie.  « Je prie ardemment et de toutes mes forces, affirmait-elle, ou ce qui est plus juste, de toutes les impuissances de mon cœur pour que ma joie, mon bonheur d’aimer soit donnés à tous ». Ô Marthe, continue de prier pour nous, spécialement pour tous les petits et les faibles, les malades et les souffrants ; oui, prie pour nous pour que nous partagions ta joie et ton bonheur d’aimer.

 

Père Gilles Morin

curé