Baptisés pour communier et annoncer

« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». Il est le Sauveur de l’humanité, la lumière du monde ? le Roi de l’univers, le Seigneur des seigneurs. Avec les bergers, avec les mages, nous sommes venus nous prosterner et l’adorer. Notre bonheur, c’est Lui ; notre soleil, c’est Lui ; le cœur de notre cœur, c’est Lui. Nous voulons mettre nos pas dans ses pas, vivre de la plénitude de sa vie, ne plus faire qu’un avec Lui.

Jésus est baptisé au Jourdain ; nous sommes baptisés. Quelle grâce ! C’est un débordement de joie, c’est le chemin du ciel qui s’ouvre à nous. Nous sommes en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint.
Une jeune maman m’écrivait il y a quelques mois à la suite du baptême de son fils David :
« J’ai une petite anecdote à vous raconter. David est un peu en retard au niveau moteur. Alors que les enfants commencent à se retourner vers l’âge de 4/5 mois, lui ne s’est retourné vraiment qu’à 7 mois. Á 9 mois, les enfants peuvent s’asseoir seul, se mettre à quatre pattes, et même ramper un peu et pour certains, commencer à se mettre debout. David a eu 10 mois et ne savait que se retourner sur le dos et difficilement revenir sur le ventre, les autres exercices n’étant encore que de lointains projets, malgré mes efforts pour le stimuler. Le lendemain de son baptême, il a passé la journée à transiter de la station allongée à la station assise. Le lundi, il a commencé à ramper, et un caprice l’a même soulevé dans son lit au point qu’il s’est tenu debout tout seul. Il cherche de plus en plus à être debout. J’aime à croire que son sacrement de baptême lui a donné des ailes et a ouvert cette petite porte qui l’empêchait de s’ouvrir au monde et d’aller de l’avant. J’aime à croire que le Seigneur protège mon petit ange et qu’il le sait, que désormais tout peut être entrepris. »

Jésus nous ouvre le chemin. Nous ne sommes faits ni pour rester assis, ni pour ramper, encore moins pour nous traîner ou nous vautrer. La grâce baptismale nous relève et nous donne des ailes … des ailes pour nous élever vers le Ciel. Qu’il est beau, face au épreuves si rudes soient-elles, de nous redire : « Allons, debout ; ne te décourage pas, ne désespère pas … Allons, debout ; n’es-tu pas baptisé ? N’es-tu pas « devenu le Christ » ? Alors marche, avec Lui, comme Lui, et pour Lui.

Baptisés à la suite du Christ, nous avons vocation à ne faire qu’un avec Lui. Le Saint Père nous rappelle que « le sacrement du Baptême par lequel nous avons été conformés au Christ, incorporés à l’Église et établis fils de Dieu, constitue la porte d’entrée à tous les sacrements. Par lui, nous dit-il, nous sommes insérés dans l’unique Corps du Christ, peuple sacerdotal. Cependant, c’est la participation au Sacrifice Eucharistique qui perfectionne en nous ce qui est donné dans le Baptême.

En ces temps où le nombre d’enfants baptisés décline nettement et où la participation régulière à la messe dominicale à Paris stagne tout au plus à 8%, pouvons-nous ignorer ou minimiser le trésor que nous portons au plus intime de nous-même ? N’y a-t-il pas pour chacun d’entre nous le devoir impérieux et l’exigence incontournable de témoigner, de rayonner, d’être une étoile qui scintille dans le ciel de notre monde ?
Ce dimanche est celui de notre première assemblée paroissiale. C’est donc une occasion privilégiée de mieux prendre la mesure de ce trésor et de cette exigence. Le curé d’Ars allait jusqu’à affirmer qu’au sortir de la messe, nous sommes en toute vérité des Porte-Dieu mais que nous l’oublions trop souvent. Et il ajoutait : « En sortant de la table sainte, nous sommes aussi heureux qu’eussent été les mages, s’ils avaient pu emporter l’Enfant-Jésus ». Vous rendez-vous compte ? Nous, nous emportons l’Enfant-Jésus pour le porter et le montrer au monde.

Père Gilles Morin
Curé

Tous … bergers et mages

Les bergers, ces hommes simples et pauvres, étaient aux champs lorsque la Bonne Nouvelle leur a été annoncée. Tout proches du lieu de l’Evénement et tout à la joie de l’Avènement, ils se sont précipités pour contempler et admirer.

Les mages, ces savants fortunés, vivaient au loin, en Orient. Dans leur ciel, une étoile s’est levée, signe, à leurs yeux, d’un roi à vénérer. Guidé par cet astre, ils se sont levés ; longtemps ils ont cheminé ; enfin ils sont arrivés. Chargés de présents, ils se sont prosternés et ont adoré.

Chaque jour, et tout spécialement chaque dimanche, ici à Notre-Dame de Nazareth et en chaque église où l’Eucharistie est célébrée, l’Evénement nous est rendu présent, nous revivons l’Avènement. Par les paroles de la consécration et dans les mains du prêtre, Dieu descend sur notre terre pour être déposé sur nos autels et jusqu’en nos corps. Qu’il est grand ce mystère ! Nous sommes là à nous en émerveiller et à nous prosterner. « Nous », c’est-à-dire les bergers comme les mages d’aujourd’hui ; « Nous », ce sont les personnes simples comme les esprits cultivés, les pauvres comme les fortunés, les proches résidants du quartier comme ceux qui sont géographiquement plus éloignés. « Nous », ce sont les tout-petits qu’il faut porter, les enfants et grands jeunes en pleine santé, les malades et handicapés, les personnes âgées. « Nous », ce sont ceux qui sont nés et ont grandi dans une famille chrétienne, tout comme ceux qui n’ont découvert le Christ qu’au terme d’un long cheminement, après bien des hésitations et interrogations.

Dimanche prochain, nous serons là, si différents mais tous ardents, pour vivre notre première assemblée paroissiale sur le thème : « Eucharistie et Mission ». Cette assemblée est POUR  NOUS ; elle est POUR TOUS, parce que TOUS nous sommes conduits par une lumière intérieure jusqu’au Christ Sauveur. TOUS, nous vivons de l’Eucharistie et nous en rendons grâce. TOUS, nous savons qui nous attire, qui nous conduits et qui nous fait vivre : Jésus, l’Enfant-Dieu, l’unique Sauveur, le Roi de l’univers. Tous aussi, nous savons le désarroi de notre monde et sommes conscients de l’urgence de la mission.

Dimanche prochain, comme tous les dimanches, nous nous mettrons en marche vers N.D. de Nazareth. Nous aurons l’empressement joyeux des bergers, nous nous laisserons guider comme les mages. N’ayez crainte : il n’y aura rien de très compliqué. Pas besoin d’or ni d’encens ni de myrrhe, mais simplement de bonne volonté. Par-delà les dimensions d’enseignement, de réflexion, de partage et de convivialité, nous serons tout à la joie de vivre l’Eucharistie, de nous prosterner et d’adorer. L’Etoile qui nous aura attirés et rassemblés fera de nous des étoiles pour aller porter au monde la Bonne nouvelle du Salut.

Père Gilles Morin
Curé