Soyons cohérents

 

De temps à autres, certains paroissiens me déposent des articles de journaux qu’ils estiment pouvoir m’intéresser. Je les en remercie. Ainsi en fut-il cette semaine encore. Je découvris par ce biais qu’il existait une journée mondiale. Pas n’importe laquelle. J’en connaissais de multiples, à commencer par les JMJ qui marqueront l’été prochain. Mais j’ignorais qu’il y avait une journée mondiale pour le droit à l’avortement. Cela me fit bondir tant l’article était marqué par le mensonge et les incohérences.

 

C’est aujourd’hui, dans l’Eglise de France, « le dimanche pour la création ». Il veut faire écho à la récente encyclique de notre pape François « Laudato si«  traitant du thème de l’écologie, donc du « souci de la maison commune« . Du 30 novembre au 11 décembre se tiendra à Paris la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP 21. Comment comprendre cette mobilisation louable lorsque, dans le même temps, on laisse se déployer des forces destructrices exécrables. Notre Saint Père le martèle tout au long de son encyclique : Tout se tient . Il s’agit fondamentalement de reconnaître que tout vient de Dieu, que tout est don de Dieu, que nous ne sommes pas Dieu. « Quand, écrit-il, on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’en embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap – pour prendre seulement quelques exemples – on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié. Si l’être humain se déclare autonome par rapport à la réalité et qu’il se pose en dominateur absolu, la base même de son existence s’écroule, parce qu’au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et ainsi finit par provoquer la révolte de la nature …/… On ne peut pas envisager une relation avec l’environnement isolée de la relation avec les autres personnes et avec Dieu ».

 

Comment ressasser des slogans tels que « C’est ma vie, je choisis » ou  « Mon corps m’appartient ». Tu ne t’es pas donné la vie ; tu l’as reçue ; tu ne t’es pas non plus donné ton corps … de plus,  le corps du petit que tu portes en toi n’est pas le tien. Pourquoi revendiquer une domination absolue sur ce qui t’a été donné, sur ce que Dieu a créé ?

 

Aujourd’hui s’ouvre à Rome la seconde session du synode sur la famille. Elle a de multiples défis à relever dans le monde contemporain. En union avec notre Saint Père, notre archevêque, le Cardinal André Vingt-Trois, nous demande de nous mobiliser dans la prière à cette intention, tant sur le plan personnel que communautaire et familial. Là encore, il faut revenir à la source : « La famille a une citoyenneté qui est divine, a réaffirmé notre pape François dimanche dernier à Philadelphie ; sa carte d’identité est donnée par Dieu. C’est la plus belle réalité que Dieu créa ». Ajoutons ces mots prononcés le 16 septembre sur la place Saint Pierre à Rome : « La famille est une communauté humaine fondamentale et irremplaçable, dont la portée est universelle. Dieu a confié à l’homme et à la femme l’émouvant projet de rendre la terre habitable. Tout ce qui arrive entre eux laisse une empreinte sur toute chose ».

 

Qu’il serait juste, bénéfique et sain pour notre monde de voir les grandes instances internationales se mobiliser pour promouvoir la beauté de la famille – union stable d’un homme et d’une femme ouverts au don de la vie – et du respect de la vie depuis la conception jusqu’à sa fin naturelle. Après la COP 21, voilà qui serait cohérent avec une saine écologie.

 

Père Gilles Morin

Curé

Il y a 80 ans

 

Il y a 80 ans, le Frère Etienne Devismes, le Père Emile Fournier et le Père Emmanuel Bonté arrivaient au 351 de la rue Lecourbe. C’étaient les premiers religieux de saint Vincent-de-Paul de l’œuvre actuelle de Notre-Dame de Nazareth. Sur demande du curé de la paroisse saint Lambert de Vaugirard, ils venaient prendre la succession de l’abbé Rousseau, prêtre diocésain, pour s’occuper du patronage « la Jeanne d’Arc de Vaugirard » et de l’école primaire de filles qui y était attenante. L’œuvre n’était alors dotée que d’une petite chapelle. Très vite, elle fut mise sous le vocable de « Notre-Dame de Nazareth », si cher à nos fondateurs, excepté le patronage des garçons qui resta sous la protection de Sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France. Depuis, que de chemin parcouru. Au fil des ans, sous la houlette des religieux de saint Vincent-de-Paul qui se succédèrent, cette œuvre s’est développée et embellie pour devenir ce que nous voyons et ce dont nous bénéficions aujourd’hui. Nous en rendons grâce à Dieu.

 

Dimanche dernier, dans le cadre d’une réunion paroissiale et au terme de divers échanges, l’un des participants me bouleversa. Alors que je venais d’exposer les grands axes de notre année pastorale et aimant à souligner l’anniversaire de ce jour, il prit la parole pour affirmer, le regard embué et les larmes aux yeux : « N’oublions pas que nous sommes saint Vincent-de-Paul ». Et de répéter d’une voix saisie par l’émotion : « N’oublions pas que nous sommes saint Vincent-de-Paul ». Il savait de quoi il parlait ; son histoire personnelle l’attestait. Né et baptisé à N.D. de Nazareth en 1946, membre des conférences Saint Vincent-de-Paul depuis 1964, son parcours est marqué par ses liens étroits avec notre congrégation. Il la connaît et il l’aime. Son cœur vibre avec le nôtre aux petits et aux pauvres.

 

C’est aujourd’hui notre fête de rentrée … on pourrait presque dire « le week-end d’intégration » pour les nouveaux arrivants sur notre quartier. Rien à voir avec ceux qui marquent trop souvent les rentrées scolaires dans les facultés, les classes préparatoires et les grandes écoles. Pas de beuveries ni de coucheries. Simplement des chrétiens réunis autour du Christ dans le merveilleux sacrement de l’Eucharistie et heureux de se retrouver, au terme de cette célébration, dans une saine convivialité. Qu’avons-nous à dire aux nouveaux arrivants ? Que nous sommes le corps du Christ, certes, mais aussi que  » nous sommes saint Vincent-de-Paul « . Non seulement, cette grande œuvre de Notre-Dame de Nazareth est illuminée par ce géant de la charité que fut Monsieur Vincent, mais elle est aussi riche d’une histoire marquée par le charisme des religieux qui se sont mis sous son patronage. Il ne nous suffit pas de vivre de l’esprit de saint Vincent-de-Paul ; il nous faut aussi « être aujourd’hui saint Vincent-de-Paul », c’est-à-dire agir comme lui, servir comme lui, aimer comme lui « à la force de nos bras et à la sueur de notre front ». Alors, cette belle œuvre de Notre-Dame de Nazareth sera vraiment fidèle à son histoire et à sa vocation.

 

Père Gilles Morin

Curé