Nous en Lui, et Lui en nous

 

« En ce jour-là, nous dit Jésus dans l’Evangile de ce dimanche, vous reconnaîtrez que vous êtes en moi, et moi en vous ». N’attendons pas un futur qui nous échappe ; posons cet acte de foi dès aujourd’hui … jusqu’au jour de la pleine vision.

 

Le Pape François est actuellement en Terre Sainte. Il l’a dit et répété : son voyage est strictement religieux. Ceux qui ont pu faire ce pèlerinage le savent : Savoir que le Christ est en nous et se rendre en son pays pour être conduit à vivre davantage en Lui est une grâce inouïe. Cinquante ans après l’émouvante rencontre historique de Paul VI avec le Patriarche Athénagoras, notre Saint Père se trouve donc au cœur de Jérusalem pour prier et pleurer avec le Christ, tout près de Lui. Au Calvaire situé dans la basilique du Saint-Sépulcre, en ce lieu où les divisions entre disciples du Christ s’étalent scandaleusement, le Pape François et le Patriarche Bartholomaios de Constantinople, entourés des représentants des Églises chrétiennes de Jérusalem, vont s’agenouiller et supplier l’unique Sauveur et Prince de la Paix de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu qui aujourd’hui encore sont trop souvent dispersés. Cette démarche se veut être comme « une étreinte universelle ». Jésus est en nous ; si nous sommes vraiment en lui, alors nous devons être un seul peuple de frères.

 

Ce dimanche nous appelle aux urnes pour les élections européennes. Comment ne pas nous rappeler les exhortations du saint pape Jean-Paul II dans son exhortation apostolique Ecclesia in Europa ?

 

« La culture européenne, écrivait-il, donne l’impression d’une « apostasie silencieuse«  de la part de l’homme comblé qui vit comme si Dieu n’existait pas. Et le saint pape de poursuivre : « L’Europe a besoin d’un saut qualitatif dans la prise de conscience de son héritage spirituel… L’Eglise répète à l’Europe : « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui le héros qui apporte le salut«  (So 3,17) » Mais alors, si le Seigneur est en toi, sois en lui, vis pour lui, reste fidèle à ses commandements, aime-le. Surtout, insiste Saint Jean-Paul II,  « ne cède pas au découragement, ne te résigne pas à des modes de penser et de vivre qui n’ont pas d’avenir … Europe qui es au début du troisième millénaire : « Retrouve-toi toi-même. Sois toi-même. Découvre tes origines. Avive tes racines … Ne crains pas ! L’Evangile n’est pas contre toi, il est en ta faveur ».

 

Ce dimanche est aussi celui où nous fêtons nos mamans ; c’est la journée nationale de la vie ; c’est aussi pour nous à Notre-Dame de Nazareth le Trophée des Familles. Au cœur de toute société et donc au cœur de l’Europe, il y a la famille. « On devra montrer au moyen d’exemples efficaces, écrivait encore Jean-Paul II, la vérité et la beauté de la famille fondée sur le mariage entendu comme union stable et féconde d’un homme et d’une femme … Et le saint pape de nous lancer à tous : « C’est pourquoi, en toute confiance et affection, je renouvelle mon invitation à toutes les familles chrétiennes qui vivent en Europe : « Familles, devenez ce que vous êtes !«  Vous êtes une représentation vivante de l’amour de Dieu … Vous êtes le sanctuaire de la vie  … le lieu où la vie, don de  Dieu, peut être convenablement accueillie et protégée contre les nombreuses attaques auxquelles elle est exposée ». Au cœur de nos familles, Dieu est présent ; nos familles sont-elles en Lui, puisent-elles leur amour en Lui ?

 

Ce week-end est également marqué à Notre-Dame de Nazareth par la première communion des enfants de notre paroisse. Jésus va murmurer à chacun dans le fond de son cœur : « Je viens pour ne faire qu’un avec toi, tellement je t’aime. Je suis pleinement et réellement en toi ; tu es en moi. Nous ne sommes plus qu’un ». Quelle merveille ! c’est déjà le Ciel.

 

Père Gilles Morin, curé

Saint Louis ou le président Calles ?

 

Vous le savez : j’étais à Rome ces dernières semaines pour la tenue du chapitre général de notre Congrégation des Religieux de Saint Vincent-de-Paul. Cette rencontre fut soutenue et intense. Nos journées étant laborieuses voire épuisantes, il nous a été proposé un soir de regarder un beau film qui vient de sortir en France dans les salles de cinéma : « Cristeros ». Vraiment un très beau film à voir … et à voir au plus vite avant qu’il ne disparaisse des programmations des semaines à venir.

 

Ce film nous plonge dans le Mexique du début du XXème siècle. Dès 1913, un décret du gouvernement ordonne la fermeture des églises et l’arrestation des prêtres. On interdit de dire « adios » ou « Si Dieu le veut » (« si Dios quiere »), de sonner les cloches, d’apprendre à prier aux enfants ; on détruit les églises, expulse les congrégations religieuses. En 1924-1928, le Président Plutarco Elias Calles, qui a juré de détruire la foi chrétienne, mène une politique anticléricale et provoque un soulèvement formé essentiellement de paysans qui prennent les armes, ne voyant plus d’autre recours, pour défendre leurs libertés, y compris religieuses. Ces gens du peuple se battent en endossant l’uniforme du chapelet ou d’un grand crucifix autour du cou. Avec arrogance et moquerie, leurs ennemis les nomment « Les Cristeros ». Dans ce contexte historique fait de violence, plusieurs, prêtres et laïcs, furent assassinés en haine de leur foi. Certains furent canonisés par le pape Jean-Paul II ; d’autres furent béatifiés plus récemment par le pape Benoît XVI. Parmi eux, le jeune José Luis Sanchez del Rio qui tient une très belle place dans le film qui vient de sortir. Il n’avait que 14 ans. C’était le porte drapeau des Cristeros qui l’avaient surnommé « Tarcisius » en référence à ce jeune saint des premiers siècles qui donna sa vie pour protéger l’Eucharistie de la profanation et qui est le patron des servants de messe. Le jeune José Luis fut arrêté, emprisonné et atrocement torturé. Le 10 février 1928, les soldats l’obligèrent à se diriger vers le cimetière après lui avoir coupé la plante des pieds et on le contraint à marcher longuement pieds nus. Sur le chemin il lui fut dit que s’il disait « mort au christ roi » il aurait la vie sauve, José Luis répondit alors « Longue vie au Christ Roi ». Il fut alors exécuté dans le cimetière.

 

Ce mercredi 21 mai, l’Eglise fêtera justement, dans son calendrier liturgique, la mémoire des saints martyrs du Mexique. Puissent-t-ils attiser en nous le désir d’être guidés par le Christ, Roi de l’univers et notre roi, Lui qui est Le Chemin, La Vérité et La Vie.

 

En ce dimanche, notre paroisse est en pèlerinage. Elle va vers un roi… un roi de la terre qui a marqué l’histoire de notre pays : le roi Louis IX. Dans son testament adressé à son fils aîné, saint Louis lui fait entre autres ces pressantes recommandations :

« Cher fils, je t’enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir… je t’enseigne que tu sois toujours dévoué à l’Eglise de Rome et à notre Saint-Père le pape, et lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel… et je prie Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ qu’ il te garde et te défende que tu ne fasses chose qui soit contre sa volonté, et qu’il te donne grâce de faire sa volonté afin qu’il soit servi et honoré par toi ».

 

Tout naturellement, à l’approche des élections de dimanche prochain, une question surgit : Quelle Europe voulons-nous ? Un continent façonné par l’Evangile et cheminant sous la houlette du Christ ? ou un monde dirigé par un gouvernement à la Plutarco Elias Calles qui, frontalement ou insidieusement, vise à exclure les valeurs et la foi chrétienne jusqu’à un individualisme effréné qui ne peut conduire qu’à des formes de totalitarisme.

 

Père Gilles Morin, curé