« Papa », « maman », c’est mieux

 

Tout comme moi, vous devez avoir quelques difficultés à suivre l’évolution du langage des jeunes, à intégrer leurs néologismes et à en déceler toute la portée. C’est souvent déroutant, quelques fois hilarant, parfois peu édifiant, voire même choquant.

 

Il faut ainsi savoir que lorsqu’un adolescent ou un grand jeune évoque son « daron » et sa « daronne », il parle en fait de son père et de sa mère. C’est là une terminologie argotique qui ne nous semble marquer ni la distinction ni le respect. Sans l’approuver, sachons la dépasser. Il y eut une époque où pour parler de nos parents, on disait  » mon vieux  » ou  » ma vieille  » ; voilà qui n’était guère plus édifiant. Certains d’entre vous se souviennent sans doute de cette chanson de Daniel Guichard, en 1974, qui en émut plus d’un :

 

« Dans son vieux pardessus râpé, chantait-il, il s´en allait l´hiver, l´été dans le petit matin frileux Mon vieux »…/…

Et la chanson se terminait par cet aveux douloureux :

« Dire que j´ai passé des années à côté de lui sans le r´garder ; on a à peine ouvert les yeux, nous deux…/…

Mais quand on a juste quinze ans, on n´a pas le cœur assez grand pour y loger toutes ces choses-là, tu vois .

Maintenant qu´il est loin d´ici, en pensant à tout ça, j´me dis

« J´aim´rais bien qu´il soit près de moi » PAPA. ».

 

Les mots évoluent dans le langage des jeunes, mais la réalité reste bien la même. Tous aspirent à avoir un papa et une maman qui s’aiment et qui les aiment. En tant de circonstances, c’est avec un large sourire ou les larmes aux yeux qu’ils parlent, non point de leur « vieux » ou de leur « vieille », ni de leur « daron » ou leur « daronne », mais bien de leur père et de leur mère, et mieux encore de leur papa et de leur maman.

 

Nous connaissons le 4ème commandement : « Tu honoreras ton père et ta mère …». Il peut être malmené ; il est, certes, trop peu respecté. Ne croyons pas qu’il soit moins aimé. Je le redis : les jeunes que je côtoie ont grand désir d’avoir un papa et une maman qui méritent leur honneur. C’est une aspiration profonde de leur cœur.

 

Les textes de ce dimanche sont, sans nul doute un véritable plaidoyer sur la famille. Ben Sirac se plaît à nous exhorter et à répéter  : «Celui qui honore son père … celui qui glorifie sa mère  … ».  Au chapitre 7, 27-28,  il précise même : « De tout ton cœur glorifie ton père, et n’oublie pas les souffrances de ta mère. Souviens-toi que tu leur dois la naissance, comment leur rendras-tu ce qu’ils ont fait pour toi ? »

 

Ne négligeons pas notre vie de famille. Ne passons pas des années sans nous regarder, quand bien même on a encore juste quinze ans. Souvenons-nous toujours de nos parents ; honorons-les, glorifions-les… « afin d’être heureux », nous dit la Parole de Dieu.

 

Père Gilles Morin

Curé

Le seul Messie

 

Plus de 700 ans avant l’Evénement de la Nativité, cette prophétie d’Isaïe résonne avec force et suscite notre admiration tant elle trouve sa réalisation dans la nuit de Noël : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe :Voici que « l’almah«  (terme hébreu signifiant « la vierge ») est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel (c’est-à-dire Dieu avec nous) ».

Joseph était un homme juste, un juif pieux pétri des Ecritures. Cette prophétie, il la connaissait ; ce signe annoncé, il l’attendait. Or voici le temps de son accomplissement. L’ange du Seigneur l’atteste et est là comme à lui dire : « Joseph, sois en sûr : la Vierge, c’est Marie ; elle a dit oui ; « elle mettra au monde un fils auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : le Seigneur sauve, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés« . À ton tour Joseph, prononce ton « fiat » ; qu’il s’unisse à celui de Marie ». Et Joseph dit oui.

 

Nous le savons : dans la nuit de la Nativité, l’ange du Seigneur s’approche des bergers qui étaient aux champs pour garder leurs troupeaux. « Je vous annonce une bonne nouvelle, leur dit-il, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur ». Pour eux, le signe est celui d’un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Ils vont donc en hâte ; ils trouvent ; ils exultent.

 

Voilà donc pour nous aussi les signes : une vierge ; un enfant emmailloté, une mangeoire. Allons, courrons, exultons. Il s’agit bien de la venue en notre monde du Sauveur … de Notre Sauveur … de l’Unique Sauveur.

 

Oui, l’Unique Sauveur, l’Oint du Seigneur… Peut-être avez-vous lu que récemment, un fait divers a défrayé la chronique du journal local américain « The Tennessean ». Les parents d’un bébé s’étaient rendus devant un tribunal parce qu’ils ne parvenaient pas à s’accorder sur le nom de famille que porterait leur garçon. La juge Lu Ann Ballew a donné son verdict : l’enfant portera les noms de son père et de sa mère. Mais elle a aussi imposé un changement de prénom à cet enfant que ses parents avait appelé « Messie ». Et la juge d’expliquer : « Le mot « Messhiah est un titre et ce titre n’a été mérité que par une seul personne, et cette personne est Jésus-Christ », (Cet enfant porte donc maintenant le beau prénom de « Martin »).

 

Dans la nuit de Noël, l’ange du Seigneur par la voix de l’Eglise nous chantera : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur … Il est Le Messie, Le Seigneur ». Allons, courrons, exultons et attestons  que « la joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » [1].

 

Père Gilles Morin

Curé


[1] Premiers mots de l’exhortation apostolique de notre pape François « Evangelii gaudium