Merveille que cette réponse à ma réponse

 

Nous connaissons bien ce cri du cœur de Jésus qui retentit à nouveau dans l’Evangile de ce jour : « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Ces paroles − vous vous en souvenez − résonnent particulièrement dans l’Eglise à l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Vers cette période de fin janvier 2013, je recevais un mail d’une personne qui me partageait son désaccord avec l’éditorial de la feuille paroissiale portant sur ce thème. Je la sentais blessée. Je ne pouvais la laisser ainsi ; je ne voulais aucunement entrer en polémique. Il me fallait lui porter un peu de lumière et l’assurer de mes prières. Après l’avoir remerciée de la franchise de son courrier, je lui écrivais ces quelques mots :

 

« C’est dans la prière que nous puisons les lumières et la force de nous laisser guider par le Christ et son Eglise. C’est cette vie spirituelle qui nous rappelle que nous ne sommes que des serviteurs quelconques, comme le souligne Jésus dans l’Évangile. Je m’efforce de mon petit mieux de remplir ma mission dans un esprit de service. Je n’y parviens que bien imparfaitement. Priez donc pour moi, afin que je sois davantage docile à l’Esprit de vérité et de sainteté. Priez aussi afin, qu’après avoir discerné la volonté de Dieu, j’ai toujours la force de l’accomplir. C’est là l’une des oraisons dominicales que je trouve à la fois belle et simple. Oui, priez pour le pauvre curé que je suis, afin que je sois plus fidèle en toute chose … et plus saint ».

 

Ma réponse, est restée sans réponse …  C’est du moins ce que je pensais jusqu’à avant-hier, où, ouvrant ma boite de courrier électronique, j’eu l’heureuse surprise de voir s’afficher … la réponse à ma réponse … et quelle réponse ! Jugez-en vous-même :

 

« Avec ce message il vous faudra accepter mes excuses car ces mots sont bien tardifs et votre réponse était pourtant si belle ! Vous l’aviez sans doute compris, en réagissant avec mon premier email j’étais aveuglée et en colère …. grâce à vos prières j’ai vécu cette année et depuis bien longtemps les plus belles fêtes de Pâques de ma vie de chrétienne ! En fait, je crois m’être un peu réconciliée avec l’Eglise même si de nombreux désaccords demeurent, j’ai décidé d’adopter une attitude plus conciliatrice et donc plus ouverte. Pour cela j’ai été soutenu dans mes prières par une collègue de travail et par une meilleure lecture et écoute des évangiles. Vous voyez, je progresse et aujourd’hui je me réjouis de ce jour d’Ascension que j’appréhendais parfois en considérant à tord ce jour comme un abandon. Vous conviendrez avec moi je l’espère qu’il nous faut encore plus de force pour affronter le quotidien et j’attends avec impatience un « coup de main » du Saint Esprit ! ». (1)

 

Ô que oui, il nous faut encore plus de force, j’en conviens ! Ô que oui, il nous faut un bon « coup de main » de l’Esprit-Saint, sans nul doute. Mais le Christ ne nous l’a-t-il pas promis ? « L’Esprit et l’Epouse disent « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il approche. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement ». Quelle joie dans mon cœur de me dire que cette personne dont je ne connais que le nom tout en ignorant son visage, dit à plein cœur : « Viens ! ». Elle a soif, elle s’approche, elle désire … nul doute que l’Esprit-Saint l’abreuve de l’eau de la vie. Quant à moi, je lui dis un immense MERCI.

 

Père Gilles Morin

Curé

 

(1) Cet éditorial a été rédigé avec l’accord de la personne concernée

Celle qui nous conduit à la lumière

 

Il y eut un jour où je vins au jour, où mes yeux s’ouvrirent, dans l’émerveillement d’une profusion de lumière. Oui, il y eut le jour de ma naissance qui ne fut possible que parce que, par-delà l’amour de mes parents, j’eu la grâce d’avoir une maman qui, neuf mois durant, me porta et m’accompagna jusqu’à ce moment fabuleux de ma venue en ce monde. Une maman, ce devrait toujours être pour son enfant un trait de lumière qui mène à LA Lumière.  Voir sa petite ou son petit irradié et transfiguré, quelle splendeur et quelle joie immense pour tout parents.

 

Dans mes jeunes années, j’aimais fredonner au son de la guitare cette chanson bien connue de Johnny Hallyday : « Les portes du Pénitencier ». Un jeune emprisonné regrettait d’avoir fait pleuré sa mère, d’avoir tant erré pour ne l’avoir pas écouté. Aujourd’hui, j’aime prendre le temps de relire les pages de ma vie. Il en est de merveilleuses, il en est d’autres beaucoup moins glorieuses, il en est même de désastreuses. Il y a cependant une constante et un regret. Si j’avais fait confiance à ma maman, si je ne lui avais pas tant de fois désobéi et si je l’avais davantage écoutée, je me serais évité tant de faux pas, d’enfermement, de désillusions et de tristesse. Si j’avais toujours tenu la main de celle qui m’avait ouvert à la lumière, j’aurais évité tant d’obscurité et de ténèbres. Ma route aurait été tellement plus ensoleillée. Fort heureusement, ma maman ne m’a jamais lâché, elle a toujours veillé, elle m’a toujours pardonné. J’en rends grâce à Dieu.

 

Nous sommes entrés dans le mois de mai qui est le mois de Marie. Nous ne sommes ici-bas que des pèlerins. Attention à ne pas nous laisser anesthésier et engluer dans les séductions de ce monde. Tôt où tard, les portes ne manqueraient pas de se refermer ; elles seraient comme celles d’un pénitencier. Il nous faut voir plus haut, viser plus beau. Le Christ est ressuscité pour que nous ayons la vie, non celle de ce monde mais celle du Ciel. Par son Ascension, il est remonté près de son Père pour nous préparer une demeure ; n’allons pas nous accrocher à la terre. Ne rapetissons pas nos désirs, n’aplatissons pas nos idéaux, ne réduisons pas nos aspirations les plus nobles et les plus saintes. Pour cela, tenons la main de la Vierge Marie ; écoutons-la ; prions-la ; aimons-la.

 

Saint Jean, dans l’apocalypse, nous fait part d’une vision : celle de la cité sainte, de la Jérusalem céleste, resplendissante de la gloire de Dieu, ayant l’éclat d’une pierre précieuse…  « Cette cité, nous dit-il, n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine, et sa source de lumière, c’est l’agneau ». Voilà qui devrait nous faire rêver, voilà ce à quoi nous devons aspirer. Comment y parvenir ? Puisqu’il s’agit d’aller vers la lumière, rappelons-nous notre maman de la terre qui nous a ouvert à la clarté de ce monde d’ici-bas. Il nous faut donc notre maman du Ciel qui nous mène vers la lumière céleste pour nous y faire entrer dans l’éternité. Je vous le redis donc avec insistance, tenons bien la main de la Vierge Marie ; écoutons-la ; prions-la ; aimons-la. La où est Marie, là se trouve toujours Jésus ; là où est la Mère, là est son Fils, là est l’Agneau, là est la source de La Lumière qui ne s’éteint jamais.

 

Père Gilles Morin

Curé