Message de Benoît XVI (extraits) pour la 50ème Journée Mondiale de prière pour les vocations

 

En cette 50ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, célébrée le 21 avril 2013, quatrième dimanche de Pâques, je voudrais vous inviter à réfléchir sur le thème: «Les vocations, signe de l’espérance fondée sur la foi», qui s’inscrit bien dans le contexte de l’Année de la Foi et dans le 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II… /…

 

Chers frères et sœurs, en quoi consiste la fidélité de Dieu à laquelle nous devons nous confier avec une ferme espérance? En son amour. Lui, qui est Père, répand son amour dans notre être le plus profond, par l’Esprit Saint (cf. Rm 5,5). Et cet amour précisément, manifesté pleinement en Jésus Christ, interpelle notre existence, requiert une réponse sur ce que chacun veut faire de sa propre vie, sur ce qu’il est disposé à mettre en jeu pour la réaliser pleinement. L’amour de Dieu suit parfois des chemins impensables, mais rejoint toujours ceux qui se laissent trouver. L’espérance se nourrit donc de cette certitude : «Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru» (1 Jn 4,16). Et cet amour exigeant, profond, qui dépasse la superficialité, nous donne courage, nous fait espérer dans le chemin de la vie et dans l’avenir, nous fait avoir confiance en nous-mêmes, dans l’histoire et dans les autres. Je voudrais m’adresser tout particulièrement à vous les jeunes et vous redire: «Que serait votre vie sans cet amour? Dieu prend soin de l’homme de la création jusqu’à la fin des temps, lorsqu’il mènera à bien son projet de salut. Dans le Seigneur ressuscité nous avons la certitude de notre espérance!»…/…

 

Aujourd’hui encore Jésus répète: «Viens! Suis-moi!» (Mc 10,21). Pour accueillir cette invitation, il faut ne plus choisir soi-même son propre chemin. Le suivre signifie immerger sa propre volonté dans la volonté de Jésus, lui donner vraiment la priorité, le mettre à la première place par rapport à tout ce qui fait partie de notre vie: la famille, le travail, les intérêts personnels, soi même. Cela signifie Lui remettre notre propre vie, vivre avec Lui dans une intimité profonde, entrer à travers Lui en communion avec le Père dans l’Esprit Saint et, en conséquence, avec les frères et sœurs. Cette communion de vie avec Jésus est le «lieu» privilégié où l’on fait l’expérience de l’espérance et où se réalisera une vie libre et remplie!

 

Les vocations sacerdotales et religieuses naissent de l’expérience de la rencontre personnelle avec le Christ, du dialogue sincère et confiant avec Lui, pour entrer dans sa volonté. Il est donc nécessaire de grandir dans l’expérience de la foi, comprise comme relation profonde avec Jésus, comme écoute intérieure de sa voix, qui résonne en nous. Ce chemin, qui rend capable d’accueillir l’appel de Dieu, peut advenir à l’intérieur de communautés chrétiennes qui vivent un intense climat de foi, un témoignage généreux d’adhésion à l’Evangile, une passion missionnaire qui conduit au don total de soi pour le Royaume de Dieu, alimenté par la fréquentation des Sacrements, en particulier de l’Eucharistie, et par une fervente vie de prière.

 

…/…Quand un disciple de Jésus accueille l’appel divin pour se dédier au ministère sacerdotal ou à la vie consacrée, se manifeste un des fruits les plus mûrs de la communauté chrétienne, qui aide à regarder avec une particulière confiance et espérance vers l’avenir de l’Eglise et vers sa mission d’évangélisation…./…


Du Vatican, le 6 octobre 2012

Devoir de mémoire

 

J’avais environ treize ans lorsque je franchis pour la première fois les portes du patronage Maurice Maignen. Un camarde m’y avait attiré. Jy fus accueillis chaleureusement par le Frère et le Père, puis tout de suite intégré dans les jeux et immergé dans l’ambiance « patro » par les animateurs.

 

J’avais grand besoin d’être réveillé et revivifié dans ma vie chrétienne. Il me fallait être un peu bousculé, reconduit à des communions régulières et surtout ramené au merveilleux sacrement de la réconciliation. Je me disais chrétien, certes … mais pouvais-je vraiment répondre à mon Maître et Seigneur : « Tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime » ?

 

Peut-être connaissez-vous cette formule du pape saint Pie X : « Le prêtre doit être comme un lion en chaire, un ange à l’autel, un agneau au confessionnal ». Au patro, je fus pris en main et formé par un tel prêtre. Il était ardent, exigeant, ferme dans ses enseignements ; il rugissait parfois, proclamait la Parole à temps et à contretemps. Il avait effectivement quelque chose du lion. C’était aussi un homme de prière, célébrant la messe avec ferveur et dignité ; à l’autel, la blancheur de son aube évoquait à mes yeux d’adolescent la splendeur des anges. De plus, c’était un chasseur d’âmes … donc de mon âme. Je ne m’étais plus confessé depuis ma Profession de Foi. Ce prêtre, aumônier de mon patro qui était ma seconde famille, ne me lâcha pas, ne se résigna pas, surmonta mes multiples résistances pour m’ouvrir à nouveau au sacrement de Réconciliation. Un jour enfin, je fus à genoux devant lui qui me paraissait doux comme un agneau. Oui, j’étais au pied de Dieu si riche en miséricorde. Ce jour fut pour moi une véritable résurrection dont je ne cesse de rendre grâce. Je sentais, je savais dès lors, que je pouvais dire à mon Maître et Seigneur : « Tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime ».

 

Je dois tant à ce prêtre. Je n’ai pas le droit de l’oublier. Les circonstances font que cela ne m’est guère possible puisque je vis à ses côtés et qu’il est mon frère en communauté. Il s’agit, vous l’avez deviné, du Père Xavier Lécuyer. Nous fêtons, en ce dimanche, son jubilé.

 

50 ans de sacerdoce : quelle merveille !

En 50 ans, que de messes célébrées ! que d’âmes enfantées ! que de pécheurs pardonnés ! Et aussi, il ne faut pas l’oublier, le pauvre religieux-prêtre que je suis et qu’il a en bonne part suscité. Et ça, je ne saurais jamais l’oublier.

 

Père Gilles Morin

Curé