Devoir de mémoire

 

J’avais environ treize ans lorsque je franchis pour la première fois les portes du patronage Maurice Maignen. Un camarde m’y avait attiré. Jy fus accueillis chaleureusement par le Frère et le Père, puis tout de suite intégré dans les jeux et immergé dans l’ambiance « patro » par les animateurs.

 

J’avais grand besoin d’être réveillé et revivifié dans ma vie chrétienne. Il me fallait être un peu bousculé, reconduit à des communions régulières et surtout ramené au merveilleux sacrement de la réconciliation. Je me disais chrétien, certes … mais pouvais-je vraiment répondre à mon Maître et Seigneur : « Tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime » ?

 

Peut-être connaissez-vous cette formule du pape saint Pie X : « Le prêtre doit être comme un lion en chaire, un ange à l’autel, un agneau au confessionnal ». Au patro, je fus pris en main et formé par un tel prêtre. Il était ardent, exigeant, ferme dans ses enseignements ; il rugissait parfois, proclamait la Parole à temps et à contretemps. Il avait effectivement quelque chose du lion. C’était aussi un homme de prière, célébrant la messe avec ferveur et dignité ; à l’autel, la blancheur de son aube évoquait à mes yeux d’adolescent la splendeur des anges. De plus, c’était un chasseur d’âmes … donc de mon âme. Je ne m’étais plus confessé depuis ma Profession de Foi. Ce prêtre, aumônier de mon patro qui était ma seconde famille, ne me lâcha pas, ne se résigna pas, surmonta mes multiples résistances pour m’ouvrir à nouveau au sacrement de Réconciliation. Un jour enfin, je fus à genoux devant lui qui me paraissait doux comme un agneau. Oui, j’étais au pied de Dieu si riche en miséricorde. Ce jour fut pour moi une véritable résurrection dont je ne cesse de rendre grâce. Je sentais, je savais dès lors, que je pouvais dire à mon Maître et Seigneur : « Tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime ».

 

Je dois tant à ce prêtre. Je n’ai pas le droit de l’oublier. Les circonstances font que cela ne m’est guère possible puisque je vis à ses côtés et qu’il est mon frère en communauté. Il s’agit, vous l’avez deviné, du Père Xavier Lécuyer. Nous fêtons, en ce dimanche, son jubilé.

 

50 ans de sacerdoce : quelle merveille !

En 50 ans, que de messes célébrées ! que d’âmes enfantées ! que de pécheurs pardonnés ! Et aussi, il ne faut pas l’oublier, le pauvre religieux-prêtre que je suis et qu’il a en bonne part suscité. Et ça, je ne saurais jamais l’oublier.

 

Père Gilles Morin

Curé