Extraits de la dernière audience générale du pape Benoît XVI

 

« Merci de tout cœur ! Je suis véritablement ému et je vois l’Eglise vivante ! …/… En ce moment, mon âme s’élargit et embrasse toute l’Eglise répandue dans le monde …/… Je sens que je vous porte tous dans la prière, en un présent qui est celui de Dieu, où je rassemble chaque rencontre, chaque voyage, chaque visite pastorale. Je ramasse tout et tous dans la prière pour les confier au Seigneur …/…

 

Nous sommes dans l’Année de la Foi, que j’ai voulue pour raffermir vraiment notre foi en Dieu, dans un contexte qui semble la mettre toujours plus au second plan. Je voudrais vous inviter tous à renouveler votre ferme confiance dans le Seigneur, à nous confier comme des enfants dans les bras de Dieu, sûrs que ses bras nous soutiennent toujours et sont ce qui nous permet de marcher chaque jour, même dans la difficulté. Je voudrais que chacun se sente aimé de ce Dieu qui a donné son Fils pour nous, qui nous a montré son amour sans limite. Je voudrais que chacun sente la joie d’être chrétien…/…

 

Ces derniers mois, j’ai senti que mes forces étaient diminuées, et j’ai demandé à Dieu avec insistance, dans la prière, de m’éclairer de sa lumière pour me faire prendre la décision la plus juste non pour mon bien mais pour le bien de l’Eglise. J’ai fait ce pas en pleine conscience de sa gravité et aussi de sa nouveauté, mais avec une profonde sérénité d’âme. Aimer l’Eglise signifie aussi avoir le courage de faire des choix difficiles, douloureux, en ayant toujours à cœur le bien de l’Eglise et non de soi-même…/…

 

Je ne retourne pas à la vie privée, à une vie de voyage, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc… Je n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l’Eglise, mais dans le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans l’enceinte de saint Pierre …/…

 

Je continuerai à accompagner le chemin de l’Eglise par la prière et la réflexion, avec ce dévouement au Seigneur et à son Epouse que j’ai cherché à vivre jusqu’à aujourd’hui chaque jour et que je voudrais vivre toujours. Je vous demande de vous souvenir de moi devant Dieu et surtout de prier pour les cardinaux, appelés à une tâche si importante, et pour le nouveau Successeur de l’apôtre Pierre : que le Seigneur l’accompagne de sa lumière et de la force de son Esprit.

 

(Benoît XVI : Place Saint-Pierre le mercredi 27 février 2013)

Plus que féérique

 

Nous étions jeunes séminaristes, en vacances quelques jours dans la région de Chamonix. Le soir, nous aimions contempler le ciel étoilé. L’un de nos professeurs, prêtre, alpiniste chevronné, se plaisait à nous indiquer chaque constellation et à nous la nommer. Il y avait vraiment de quoi s’extasier et admirer. Souvent je repensais à Abraham auquel le Seigneur avait dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux ». Moi, je n’y parvenais pas. « Vois quelle descendance tu auras ! » ; et je priais pour que Dieu fasse de moi un bon religieux-prêtre, ayant une multitude de filles et fils spirituels, tous citoyens des cieux, que je mènerais vers les hauteurs pour aimer, louer et glorifier le Seigneur. Quelle magnifique perspective pour un jeune séminariste !

 

Il y eut un matin où ce professeur nous fit sortir, de potron-minet, pour gravir  » les crochues «  dans le massif des aiguilles rouges. Nous étions dans la grisaille, sac au dos, nous élevant peu à peu sur les sentiers tortueux. Des nuages, et encore des nuages ; un ciel couvert et toujours couvert ; mais nous montions et montions sans cesse… Soudain, le soleil nous illumina ; oui, nous étions complètement éblouis ; les paysages s’étalaient devant nos yeux, chatoyants de leurs plus belles couleurs. Notre premier de cordée se retourna vers nous en souriant. Un rayon de soleil s’abattait sur lui. Il était radieux, transfiguré : « Regardez, nous dit-il, et contemplez». Pour la première fois, je  découvris le phénomène de la mer de nuages que plusieurs parmi vous ont certainement eu l’occasion d’admirer. C’était féérique … et je ne pus m’empêcher de repenser à Pierre, Jean et Jacques sur le mont Thabor, contemplant Jésus transfiguré..

 

Dimanche dernier, l’Eglise nous poussait avec Jésus au désert. Notre archevêque, le Cardinal Vingt-Trois, nous rappelait la nécessité du combat spirituel. La conversion implique une attention, une mobilisation, et des résolutions.

Aujourd’hui, il nous est clairement affirmé que par-delà nos routes humaines souvent enténébrées, au-delà des nuages de nos médiocrités, il y a la récompense : la splendeur du Ciel où le Christ règne pour les siècles des siècles. Et j’en suis sûr : c’est plus que féérique.

 

Sachons contempler le ciel étoilé pour nous rappeler l’attitude d’Abraham. Il crut aux promesses de son Seigneur. Croyons nous aussi que notre voyage dans la grisaille de ce monde ne durera qu’un temps. Laissons-nous « prendre » par le Christ pour monter vers les sommets, nous élever de jour en jour sans jamais nous décourager, pour parvenir au terme de notre vie au face à face éternel … et ça, je le sais, ce sera tellement plus que féérique.

 

Père Gilles Morin

Curé