Carême : J moins 3

Oui ou non, faisons-nous vraiment confiance à Dieu ? Je le répète : Oui ou non, sommes-nous bien convaincus que Dieu ne nous lâche pas et qu’il ne nous abandonnera jamais ? « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, nous rappelle le Seigneur par la voix du prophète Isaïe, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierais pas. »

Mes années passées en Afrique m’ont habitués à entendre de la bouche des plus pauvres : « On est entre les mains de Dieu » ou encore « Inch Alla ! Si Dieu le veut ». Certes, ces expressions dans la bouche de certains étaient parfois chargées d’une note de fatalisme, mais la plupart du temps elles reflétaient une belle confiance en Dieu qui prend soin de tous : « Regardez les oiseaux du ciel, nous dit Jésus : ils ne font ni semailles ni moissons, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. »

Et les plus pauvres d’entre les pauvres ? me direz-vous. Sainte Mère Teresa répondait lucidement à cette question : « Si les pauvres meurent de faim, ce n’est pas parce que Dieu les néglige. C’est parce que ni toi ni moi ne sommes assez généreux. C’est parce que nous ne sommes pas des instruments d’amour dans les mains de Dieu. Parce que nous ne reconnaissons pas le Christ quand, une fois de plus, il nous apparaît dans l’homme affamé, dans la femme esseulée, dans l’enfant qui cherche un âtre où se réchauffer. »

Les lectures de ce dimanche nous préparent donc magnifiquement au temps du carême qui s’ouvrira mercredi. Un temps pour nous rappeler combien nous sommes aimés de Dieu ; un temps pour raviver notre enracinement et notre confiance totale en Lui ; un temps pour nous convertir. Ces trois jours qui nous séparent du mercredi des cendres sont occasion pour nous d’envisager dès à présent nos objectifs et résolutions de ce carême 2017, de le faire posément, sagement, sereinement et avec discernement. Il importe que nous sachions repérer les mille attentions et tendresses de Dieu à notre égard, au quotidien pour savoir nous en émerveiller et en rendre grâce.  Nous sommes ses fils.  Ne prend-t-il pas grand soin de nous ? Il est là, toujours là. Par-delà les difficultés qui jalonnent notre vie, n’avons-nous pas à manger ? Le pape François, dans son encyclique « laudato si » sur l’écologie, a ces quelques mots qui méritent notre attention et nous invitent peut-être à prendre une résolution. Après avoir dénoncé « l’anxiété maladive qui nous rend superficiels, agressifs et consommateurs effrénés », et évoquant le passage de l’Evangile de ce dimanche, le Saint Père écrit : « S’arrêter pour rendre grâce à Dieu avant et après les repas est une expression de cette attitude (celle du cœur qui vit tout avec une attention sereine). Je propose aux croyants de renouer avec cette belle habitude et de la vivre en profondeur. Ce moment de la bénédiction, bien qu’il soit très bref, nous rappelle notre dépendance de Dieu pour la vie, il fortifie notre sentiment de gratitude pour les dons de la création, reconnaît ceux qui par leur travail fournissent ces biens, et renforce la solidarité avec ceux qui sont le plus dans le besoin. »

Vous le savez : le Christ est ressuscité le troisième jour. Nous disposons de trois jours pour nous préparer à ce merveilleux temps du carême qui est un temps de conversion pour notre résurrection. Alors, bonne préparation, de belles résolutions … pour notre sanctification.

Père Gilles Morin, curé

Bonne Nouvelle

J’étais récemment en métro sur la ligne 8 que la plupart d’entre vous connaissent certainement bien et utilisent peut-être même au quotidien. Tel n’est pas mon cas. Je devais effectuer un changement à « Strasbourg saint Denis ». Le nom de la station précédente, qui m’était pourtant familier, me frappa particulièrement : « Bonne Nouvelle ». Oui, ces mots étaient écrits, bien en évidence, et même annoncés au micro. Juste au niveau où je me trouvais à l’arrêt dans la rame, une belle affiche titrait : « La flûte enchantée ». C’était l’annonce publicitaire de cette œuvre magnifique de Mozart à l’opéra de Paris.

Bonnes nouvelles ! Aujourd’hui, certains pourraient lister les euphories d’un instant : victoire du PSG sur le Barça, montée dans les sondages de leur candidat préféré à la présidentielle, dernière acquisition technologique, concert, soirée festive, repas dans un bon restaurant etc … On se souvient de cette expression latine : Panem et circenses, littéralement « pain et jeux du cirque », souvent traduite par « Du pain et des jeux », utilisée dans la Rome antique pour dénoncer l’usage délibéré fait par les empereurs romains de distributions de pain et d’organisation de jeux dans le but de flatter le peuple afin de s’attirer la bienveillance de l’opinion populaire. Cette expression est tirée de la Satire X du poète latin Juvénal, qui lui donne un sens satirique et péjoratif. Nos bonnes nouvelles se réduisent-elles à de tels horizons superficiels, éphémères et terrestres ? Allons-nous nous contenter de si peu ?

Il est révélateur de souligner que la station de métro  « Bonne Nouvelle », dont la thématique décorative est aujourd’hui celle du cinéma, porte son nom en référence à l’église dédiée à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle qui met en lumière le mystère de l’Annonciation. « Et verbum caro factum est … et le Verbe s’est fait chair … et il a habité parmi nous ». Cette Bonne Nouvelle a une autre carrure que celles colportées par l’esprit du monde. C’est notre Évangile.

Bonne Nouvelle ! Voilà justement que la Parole de Dieu de ce dimanche nous percute en nous rappelant notre vocation : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint », et Jésus lui-même insiste : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Quelle perspective ! Quel but ! Nous sommes faits pour cela. Notre vie n’est pas du cinéma ; elle ne saurait s’engluer dans « du pain et des jeux ». C’est pourtant trop souvent ce que le monde nous propose. « Que personne ne s’y trompe, nous dit l’Apôtre Paul : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage ». Notre Bonne Nouvelle nous exhorte donc à devenir fou à la manière de Dieu … Et n’est-ce pas la folie de Dieu de nous aimer comme il nous aime et de vouloir que nous soyons saints comme il est saint ?

Père Gilles Morin, curé