As-tu, oui ou non, reçu l’Esprit-Saint le don de Dieu ?

 

Vous le savez sans doute : chaque mois, notre communauté religieuse se réserve une journée de retraite. Nous la vivons au prieuré de Béthanie, chez les Sœurs du Sacré-Cœur de Montmartre à Blaru, près d’Evreux. Comme dans la plupart des lieux de prière, il y a, à l’entrée de la chapelle, un beau livre sur lequel ceux qui le souhaitent peuvent inscrire une intention de prière qu’ils confient à la communauté des Sœurs. Lors de notre dernière retraite, j’y ai vu inscrits ces quelques mots : « Seigneur, fais que je devienne un grand joueur de foot, que j’ai le ballon d’or et que je puisse participer à la ldc (comprendre : « La ligue des champions ») ». On serait porté à dire : « Rien que ça ». Ne faudrait-il pas plutôt s’écrier : « C’est tout ; seulement ça ? ». Je ne connais ni le nom ni l’âge du jeune qui a déposé cette intention, mais si je l’avais en face de moi, je lui demanderais : « As-tu été confirmé ? As-tu reçu l’Esprit-Saint le don de Dieu ? Alors laisse résonner en toi ses 7 dons ».

 

→ Par le don de la crainte de Dieu, il te murmure : « Tu aimes Dieu et Dieu t’aime, n’est-ce pas ? C’est si beau ! Surtout, n’abîme pas et ne brise pas cette relation, ne la défigure pas, ne va pas détruire en toi l’œuvre de ses mains.

→ Par le don de piété, il t’invite constamment à l’intimité. Chaque jour, et plus encore aux moments les plus difficiles de ta vie, il sera toujours là pour te redire que tu as du prix aux yeux du Seigneur et qu’il t’aime.

→ Par le don de science, il te tourne vers l’essentiel et non vers le superficiel. Il te fait connaître la vraie valeur des choses pour louer Dieu en toutes choses.

→ Par le don de conseil, l’Esprit devient le guide de ta vie, celui qui t’éclaire dans les décisions que tu dois prendre pour qu’elles soient conformes à l’Evangile du Christ.

→ Par le don de force, il te donne vigueur pour mener les bons combats et te garder dans la fidélité au Christ, quelles que soient les attaques du Malin.

→ Par le don d’intelligence, il te fait entrer de plus en plus dans la connaissance du mystère de Dieu ; il t’aide à comprendre de l’intérieur la personne et les paroles du Sauveur ; il te fait découvrir la pensée de Dieu sur toi et sur le monde.

→ Par le don de sagesse, il te répète inlassablement : « Vis comme Jésus, fais comme Jésus, parle comme Jésus ».

 

Alors, vois-tu, si tu laisses agir en toi l’Esprit-Saint, tu désireras plus grand et plus beau que ces quelques mots que tu as noté sur ce beau livre. Tu demanderas aux Sœurs de prier pour plus grand et plus beau que tes horizons trop terrestres.

 

Je ne sais ce qui habite le cœur des enfants et jeunes qui sont confirmés en notre paroisse en cette solennité de la Pentecôte. Les garçons rêvent peut-être de devenir eux aussi de grands footballeurs ; les filles de monter un jour sur la scène sous le faisceau des projecteurs. Tout au long de la retraite préparatoire, je me suis efforcé de leur dire : « Aspirez à plus, désirez plus. L’Esprit-Saint veut faire de vous des saints et des saintes de ce début du troisième millénaire ».

 

Mais, et nous ? N’avons-nous pas été confirmés ? N’avons-nous pas reçu l’Esprit-Saint le don de Dieu ? Pourtant, il nous arrive encore d’avoir si souvent des désirs étriqués, de voir trop petit, de vouloir trop peu. Laissons donc agir en nous l’Esprit-Saint et ses 7 dons. Nos vies seront alors bouleversées et embrasées … et nous irons de l’avant, vers le Ciel.

 

Père Gilles Morin,

Curé

En moi : l’amour du monde ou l’amour de Dieu ?

 

Je le soulignais dimanche dernier au cours de l’homélie : on ne peut vivre sans amour. On comprend dès lors la force de cette parole de l’apôtre Jean :« Nous devons » ; non pas « si nous voulons » mais « nous devons ». Oui, « puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres ». Pas à la manière du monde  mais à celle de Dieu.

 

Nous sentons bien que seul l’amour peut combler notre cœur. Nous nous laissons aller parfois à un beau rêve, à un monde où ce commandement de l’amour serait réalité. Avouons que trop souvent nous sommes sous le choc de ce douloureux constat : La vérité n’est pas crue, la justice n’est pas recherchée, la fidélité n’est pas encouragée, la vie n’est pas respectée, la dignité de l’homme est marchandée et les droits de Dieu sont bafoués. Où est donc l’Amour avec un grand « A » ? Avec le Poverello d’Assise, nous pourrions donc, les larmes aux yeux, laisser échapper ce cri du cœur : « L’Amour n’est pas aimé ».

 

Mais alors, il est urgent d’aimer ; c’est un impératif, un commandement, un devoir. C’est une question de vie ou de mort. On nous dissipe et on nous étourdit avec de multiples questions économiques, ludiques, sportives, culturelles et politiques souvent biaisées et superficielles. Mais la grande question n’est-elle pas : « Qui nous apprendra à aimer ? Qui nous fera découvrir l’Amour qui doit être aimé ? » Il y va de notre bonheur.

« Dieu » – me direz-vous : Oui mais, saint Jean nous l’a rappelé dans la première lecture,  “Dieu, personne ne l’a jamais vu“.

Qui donc alors fera aimer l’Amour qui doit être aimé, si ce n’est chaque chrétien digne de ce nom, habité par cette conviction que “puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres“… Non pas de l’amour chanté par le monde  mais de l’amour même qui brûle dans le cœur de Dieu.

 

Nous nous préparons à la belle solennité de la Pentecôte. Il est vraiment urgent de vivre et d’embraser le monde du feu de l’amour de Dieu. N’a-t-il pas été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint ? St Jean nous dit dans la première lecture que “celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu“. Mais attention, Dieu peut-il vraiment demeurer en nous si, tout en nous déclarant chrétien, nous vivons comme des païens ? Dieu peut-il se manifester à travers nous si nous sommes au diapason des comportements, idéologies, discours et passions de ce monde, si notre vie transpire l’esprit du monde ?

 

Parlant de ses disciples, Jésus affirme en toute vérité à son Père : « Ils ne sont pas du monde de même que moi je ne suis pas du monde ». Que pourrait-il dire de nous aujourd’hui ? Posons-nous au moins la question.

 

Un texte très ancien décrit les premiers chrétiens en ces termes : “Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair …/… Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde …/… L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde“ (lettre à Diognète). Voilà les vrais disciples du Christ, ceux qui demeurent dans l’amour et en qui Dieu demeure, envoyés dans le monde pour l’embraser et le transfigurer. Encore une fois, et nous ? Mériterions-nous aujourd’hui un tel témoignage ?

 

Père Gilles Morin, curé