Il suffit … c’est apparemment si facile

Palmes à la main, la foule l’a admiré et acclamé : « Hosanna au Fils de David » ; Peu de jours après, elle va vociférer et le condamner « Mort à cet homme,… crucifie-le ».
Le Larron, lui, n’a ni bougé ni crié ; il était emprisonné. Peu de jours après, avec Jésus sur une croix, il va Le regarder et Le supplier. Il va en être sauvé.

Nous le savons : le Christ n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Jusqu’au bout, il va se livrer tout entier à cette mission de Salut. Son dernier dialogue sur notre terre se fait donc avec un malfaiteur.  C’est le choc de ce que les grands prêtres pourraient appeler le scandale de la miséricorde. Ce rabbi non seulement fait bon accueil aux pécheurs mais il leur ouvre même les portes du paradis. Ce qu’ils considèrent avec exaspération doit au contraire susciter notre admiration. Oui, admirons.

À ce bon larron, il a suffi d’un regard et d’une supplication ô combien intenses pour s’entendre dire : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Ce brigand au cœur contrit a crié ; Jésus s’est précipité. « Il faut moins de peine pour se sauver que pour se damner », disait saint Jean-Marie Vianney. C’est vrai ; il suffit d’un cœur qui pleure, d’un cri de détresse, d’un regard de contemplation.

En ce dimanche des rameaux, nous sommes de cette foule en liesse. Nous avons conscience cependant, à un degré ou à un autre, d’être de pauvres pécheurs, de piètres larrons. La lecture de la Passion va résonner au plus intime de nous-mêmes et nous bousculer. Par-delà l’émotion, posons notre regard sur le Supplicié, poussons notre cri d’espérance vers le Crucifié. N’en doutons pas, il va se précipiter …  et se précipiter pour nous pardonner « plus vite qu’une mère n’aura retiré son enfant du feu », nous assure le curé d’Ars.

Demain sera pour nous la journée du pardon. Nous serons comme le bon larron. Nous viendrons confesser nos péchés, nous en serons pardonnés. Notre cœur suppliera : « Jésus, souviens-toi de moi » ; le Sauveur répondra : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ». C’est apparemment si simple ; il suffit de regarder le crucifié, de craquer, de pleurer, d’espérer, d’aimer.

Père Gilles Morin
Curé