« Ressuscités avec le Christ »

 

« Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ », nous prêche saint Paul en ce jour de Pâques. Quelle bonne nouvelle ! Vous rendez-vous compte ? Nous sommes ressuscités, nous sommes des vivants. Et l’apôtre d’en tirer cette conséquence qui devrait aller de soi : « Recherchez donc les réalités d’en haut … Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre ».

 

Le monde dans lequel nous sommes immergés ne cesse de multiplier les sollicitations qui attisent nos passions les plus viles et nous laissent englués dans les choses d’ici-bas. Dans le même temps, il y a recul de l’amour véritable. Nos horizons se restreignent de plus en plus à une jouissance éphémère qui ne saurait combler notre cœur fait pour l’infini. Non, nous dit l’apôtre Paul ; non nous dit l’Eglise ; non nous dit Jésus. La vie n’est pas faite pour ronronner, vivoter, profiter, s’éclater ni s’enliser. Allons, relève-toi ; sors de tes sépulcres asphyxiants et nauséabonds ; Réveille-toi d’entre les morts … et le Christ t’illuminera, et tu respireras … et tu vivras.

 

L’une de nos paroissiennes dont le mari a effectué sa Pâque il y a peu, dont son cher époux est passé de nos réalités de la terre à celles du ciel, me racontait ce petit fait. Elle était là, chaque jour, toute attentionnée, près de son mari malade. Mais au quotidien aussi, elle préservait son grand rendez-vous de la messe. Elle savait que toute vie vient de Dieu et retourne à Dieu. Dans l’Eucharistie, elle puisait les forces nécessaires pour servir et aimer jusqu’au bout, l’espérance qui nous tourne vers le ciel, la foi qui nous dit que la mort a été vaincue par la vie. Un jour que sa fille était à la maison, notre paroissienne s’excusa auprès d’elle en lui disant : « Je vais à la messe, et je reviens ». La réplique de sa fille lui fit mal :     « Ta messe, on n’en a rien à faire ». Comment cela ? Cette femme n’était pourtant pas une irréfléchie. Elle savait que son papa s’apprêtait à mourir. La messe, tu n’en as donc rien à faire ? N’est-elle pas ce grand sacrement qui nous immerge dans la Pâque du Christ et nous rappelle que la mort a été vaincue par la vie ? Ne nous dit-elle pas qu’au matin de Pâque, Jésus est sorti du tombeau pour que, nous aussi, nous nous levions pour une gloire éternelle ? J’ai célébré les obsèques de cet homme qui était l’un de nos fidèles paroissiens. Son épouse, bien sûr, était présente, aimante et pleine d’espérance, enracinée dans la foi. Sa fille aussi était là, à ses côtés, tournée en cet instant « vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre ».

 

Aujourd’hui, partout dans le monde, un cri s’élève : « Le Christ est ressuscité, alléluia ! il est vraiment ressuscité, alléluia ! ». Laissons-le résonner à plein dans tout notre être. La nouvelle est tellement inouïe. Le Dieu de vie nous as créés et rachetés pour que nous ayons la Vie et que nous l’ayons en abondance … la sienne, une vie de ressuscité … pas celle des réalités d’en-bas … non, mais la sienne qui seule peut nous combler et qui est pour l’éternité.

 

SAINTE  ET  JOYEUSE  FÊTE  DE  PÂQUES !

 

Père Gilles Morin

Curé