850, ce n’est pas rien

 

« 850 », effectivement ce n’est pas rien. Je ne veux pas parler ici de l’année jubilaire des 850 ans de la cathédrale Notre-Dame de Paris. J’aurai l’occasion d’y revenir. Non, je veux ici vous partager ce nombre d’hosties que mes mains de prêtres ont eu la joie de donner aux âmes et aux corps des 68 enfants et 21 animateurs de notre colonie de garçons du 6 au 27 juillet. Je me suis livré à un petit calcul. Si je déduis les dimanches où nous étions à la paroisse de Saugues et le jour où nous étions en pèlerinage à la Chaise-Dieu (Le pain eucharistique venait alors de ces lieux) le nombre d’hosties que j’ai données au cours des messes que je célébrais au quotidien s’élève à environ 50. Vous rendez-vous  compte ? 50 communions par jour. N’est-ce pas magnifique ? N’y a-t-il pas lieu d’en rendre grâce ? Bien des curés en France n’ont pas atteint ce chiffre aux messes dominicales voire même le jour de la grande solennité du 15 août. Demandez à nos enfants et jeunes du patro « Qui est Jésus ? », la réponse fusera : « C’est le Messie, le Fils de Dieu ». Certains ajouteront plus personnellement : « C’est mon Seigneur et mon Dieu ; mon ami et mon confident ; c’est mon chemin, ma vérité et ma vie ».

 

Nos patronages ont repris leurs activités. Le mercredi 5 septembre, jour de la réouverture, les nouveaux découvraient avec émerveillement les activités, s’immergeaient avec plaisir dans l’ambiance et se voyaient tout étonnés conduire quelques instants à l’église pour un temps de catéchèse et de prière. Plus tard, dans l’après-midi, tandis que je passais dans les salles de jeux d’intérieur, un petit de 7-8 ans m’aborda et me dit gentiment avec un large sourire : « Père, je suis désolé, mais je ne crois pas en Dieu ». C’était tout à la fois mignon tant il le disait avec délicatesse, et triste tant son cœur d’enfant semblait comme déjà privé de l’essentiel. C’était pour moi comme un appel pressant à la mission. Comment ? oui comment un enfant de 7-8 ans plein de fraîcheur et de candeur pouvait-il déclarer aussi naïvement ne pas croire en Dieu ? Tout cœur d’enfant n’est-il pas porté à s’ouvrir à la transcendance, à l’infini, à l’absolu ?

 

La catéchèse vient elle aussi de reprendre. Des enfants sont venus … nous en espérons davantage. J’ai interrogé quelques-uns d’entre eux : « Combien de vos camarades d’école vont au catéchisme ? ». Et ces petits d’avancer un chiffre à leurs yeux important :  » 3, ou 4, ou 5 … beaucoup ».  Et les 20 ou 25 autres de chacune de leurs classes, où sont-ils ? comment grandiront-ils ?

 

L’évangile de ce dimanche est de circonstance. Jésus demande à ses disciples : « Pour les gens, qui suis-je ? ». Ceux-ci répondent : « Jean-Baptiste, pour d’autres, Elie ; pour d’autres, un des prophètes ». Pour les générations actuelles, pour tous ces jeunes qui poussent dans l’ignorance de Dieu, les réponses d’aujourd’hui seraient tout autres et ne manqueraient pas de nous surprendre. Pouvons-nous rester passifs face à une situation à ce point dramatique ? Avons-nous le droit de vivre du trésor de notre foi sans tout faire pour le partager et le propager ?. Rappelez-vous : 850 hosties … ce n’est pas rien. Voilà qui nous prouve la capacité de la jeunesse à se mobiliser et à se laisser séduire par le Christ. Pour nous, c’est plein d’espérance … mais il faut prier …mais il faut aussi se bouger, parler, attirer, témoigner de notre joie de croire. Voilà une mission pour nous et pour tous.

 

Père Gilles Morin

Curé