Vatican II (le vrai) : une boussole fiable

 

Il y a bien des années, j’étais en camp avec des adolescents dans les petites montagnes boisées de la région stéphanoise. Un animateur chevronné nous guidait. Sacs au dos, nous marchions vers notre lieu de rendez-vous. Les sentiers étaient nombreux, les pins se ressemblaient, chaque croisement nous déroutait. Des heures durant, nous avons marché, et marché encore … tourné et tourné encore. Nous ne parvînmes, épuisés, à notre campement qu’à la tombée du jour. Intérieurement, je ne pouvais m’empêcher d’en vouloir un peu à notre animateur. « Si seulement il avait pris une boussole », me répétai-je.

 

Il y a 50 ans, près de 2500 évêques se rassemblaient dans la nef de la basilique Saint-Pierre de Rome pour l’ouverture du concile Vatican II. Le monde avait connu de telles mutations qu’il convenait de lui rappeler et de lui offrir des lumières pour marcher vers le Royaume. Au terme de la dernière session conciliaire, dans son discours de clôture du 7 décembre 1965, le pape Paul VI pouvait dire : « Le Concile tout entier se résume finalement dans cette conclusion religieuse : il n’est pas autre chose qu’un appel amical et pressant qui convie l’humanité à retrouver, par la voie de l’amour fraternel, ce Dieu dont on a pu dire : s’éloigner de lui, c’est périr ; se tourner vers lui, c’est ressusciter ; demeurer en lui, c’est être inébranlable ; retourner à lui, c’est renaître ; habiter en lui, c’est vivre ». Vers la fin de son pontificat, le bienheureux pape Jean-Paul II affirma quant à lui : « Je sens plus que jamais le devoir d’indiquer le Concile comme la grande grâce dont l’Eglise a bénéficié au vingtième siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence ». Aujourd’hui, notre pape Benoît XVI nous dit lui aussi que le Concile, lu et reçu selon une juste interprétation et dans la fidélité à la Tradition, « peut être et devenir toujours davantage une grande force pour le renouveau, toujours nécessaire de l’Eglise ».

 

Notre monde en errance n’a-t-il pas besoin d’une boussole … d’une boussole fiable ? De si nombreuses âmes ignorent encore le Christ et son message. Combien encore s’éloignent de Dieu au lieu de demeurer en Lui, se désintéressent de Dieu au lieu de se passionner pour Lui. Les évêques, réunis actuellement autour de notre pape pour le synode sur la nouvelle évangélisation, savent l’urgence de la mission. « Dans notre temps aussi, vient de leur rappeler Benoît XVI, l’Esprit Saint a suscité dans l’Eglise un nouvel élan pour annoncer la Bonne Nouvelle, un dynamisme spirituel et pastoral qui a trouvé son expression la plus universelle et son impulsion la plus autorisée dans le concile Vatican II »… et le pape d’ajouter : « Une des idées fondamentales de la nouvelle impulsion que le Concile Vatican II a donnée à l’évangélisation est celle de l’appel universel à la sainteté, qui, comme tel, concerne tous les chrétiens ».

 

Aujourd’hui, dans notre société, une multitude d’idées sont brassées, nous sommes constamment sollicités, stimulés à nous agiter, travailler ou nous « éclater », si peu à nous sanctifier … et nous marchons ainsi, de jour en jour, … et trop souvent nous tournons et tournons encore,  et nous nous épuisons. L’appel à la sainteté est pour toi, nous dit le Concile. Quel bel appel ! N’est-ce pas là une magnifique boussole ?

 

Père Gilles Morin,

Curé