Le triomphe de La Miséricorde

 

« Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie,…nous vous l’annonçons », écrit l’apôtre Jean dans sa première épître.

Comment aurait-il pu oublier son Maître bien-aimé exposé sur le bois de la Croix ? Avec Marie, il était là. De ses yeux, il a vu et entendu. Un tel drame ne s’oublie pas.

Comment aurait-il pu oublier sa course au tombeau le matin de Pâque, et cet instant saisissant où, entrant après Simon-Pierre dans le sépulcre vide, « il vit et il crut » ?

Comment aurait-il pu oublier son Jésus, vivant, ressuscité, se trouvant au milieu d’eux, et s’approchant de Thomas pour lui dire : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant » ? Jean était là ; il a vu et entendu.

 

On imagine la joie et l’émerveillement de Jean qui se définit lui-même comme « le disciple que Jésus aimait ». Il se souvient du battement de cœur de son Maître, au soir de la Cène. Il se souvient de ce même cœur, transpercé sur la Croix. Ce cœur était toute miséricorde ; il le sait. Il ne répandait que des flots d’amour ; il l’a vu. C’est alors que des méchants se sont déchaînés ; ils ont voulu empêcher ce cœur de vibrer, de pardonner, d’aimer, en un mot … de faire miséricorde. Mais on n’empêche pas l’Amour d’aimer, ni la Vie de vivre, ni La Miséricorde de déverser ses flots de tendresse et de pardon. Ce cœur transpercé est maintenant le Cœur du Ressuscité qui nous aime éternellement et inlassablement.

 

Nous avons tous notre histoire, marquée par la croix et la joie. Qui n’a pas eu, à un moment ou à un autre, son cœur transpercé par une épreuve ou un drame ? Qui n’a pas ressenti, face à des critiques ou des trahisons, comme des pics de lance qui ont laissé des traces ?

On peut alors se  durcir et s’aigrir, se recroqueviller et se venger. C’est stérile et destructeur. Il faut plutôt, à l’exemple du Christ, dilater encore davantage notre cœur pour qu’il ne cesse de vivre et d’aimer. De notre cœur doivent jaillir la tendresse et le pardon. Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux » ? Jésus ne nous a-t-il pas montré, en sa Passion et sa Résurrection, ce qu’est la miséricorde ?

Alors, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu, ce que nous avons contemplé, il nous faut l’annoncer. Notre monde a tant besoin de ce témoignage et de ce message de miséricorde. Nous avons mission de lui rappeler que nul ne peut empêcher l’Amour d’aimer, ni la Vie de vivre, ni la Miséricorde de faire miséricorde.

 

En ce dimanche de nos Journées d’Amitié, qu’il serait beau si toutes les personnes venant à Notre-Dame de Nazareth puissent repartir en se disant : « J’ai vu ; j’ai entendu ; j’ai contemplé … Quoi donc ? : l’amitié, le sourire et la joie, le don et le pardon, la tendresse et la bonté, la miséricorde et l’amour … »

 

Père Gilles Morin

Curé