Le Sacrement qui rend tout possible

 

« Tout est possible si une nouvelle ère eucharistique devient ce qui anime la vie de l’Eglise, affirmait avec force le pape Jean-Paul II au début de son pontificat. Que l’amour et l’adoration de Jésus dans le Saint-Sacrement soient donc le signe le plus lumineux de notre foi ».

 

En ces temps difficiles, la Vierge Marie est là à nous rappeler que «  rien n’est impossible à Dieu « . Elle le sait ; elle l’a enseigné. Elle, la Vierge par excellence, a conçu du Saint Esprit le Fils éternel du Père ; Elle, premier ostensoir vivant, a porté au monde Jésus-Sauveur. À son image, il nous faut adorer, contempler et rayonner le Corps du Christ. En son adoration est le signe le plus lumineux de notre foi.

 

L’adoration : être bouche bée devant le Saint-Sacrement, quelle merveille ! C’est le cœur du cœur, l’attitude la plus amoureuse et donc la plus fondamentale. Elle nous est pourtant si difficile. Un simple souvenir pour vous le redire : Vers la fin du mois d’août dernier, j’étais en semaine de retraite spirituelle avec mes frères Religieux de Saint Vincent-de-Paul. Une journée entière était réservée à l’adoration du Saint Sacrement. J’étais face à Jésus, les yeux rivés sur l’ostensoir, admirant la blanche hostie. Dans le silence, je savourais en mon cœur le doux murmure intérieur de mon Seigneur et Sauveur. Mais voilà qu’un papillon de nuit se mit à virevolter. Il tournicotait autour de l’ostensoir, je ne voyais plus que lui ; il me dissipait, m’exaspérait … plus moyen de discipliner mon regard pour le fixer sur l’Amour de ma vie. Et voilà, de plus, qu’entra l’un de nos frère âgés, mal entendant. Jusqu’alors, j’étais dans le silence, mais son sonotone se mit à siffler et à siffler encore. C’était, me semblait-il, du  » non stop « . Je  focalisais sur ce bruit, je n’entendais plus que lui ; il m’agaçait, me perturbait … plus moyen de jouir de la douce voix du grand Amour de ma vie.

 

Telle est bien la réalité de notre quotidien trop souvent marqué par l’agitation, la dissipation et l’excitation. Nous sommes si fragiles et inconstants qu’un rien nous détourne de l’admiration, de la contemplation et de l’adoration. Ce ne sont pas d’abord nos actions en tout sens, si nécessaires soient-elles, qui transfigureront notre monde et feront de notre cœur un petit paradis. C’est ce grand mystère de l’Eucharistie que nous fêtons en ce jour, c’est cette présence du Corps et du Sang de notre Seigneur, vraie vie de l’Eglise, qui rend toujours tout possible.

 

En cette solennité de la Fête-Dieu, nous laissons résonner en nous l’appel de notre pape François à ne pas nous engoncer dans le bien être ni nous assoupir, à ne pas nous disperser ni nous recroqueviller, à sortir jusqu’aux périphéries, non pour nous agiter mais pour évangéliser … pour porter et montrer à tous le Corps et le sang de Celui qui nous aime à l’infini et qui rend Tout possible. Oui, au Saint-Sacrement, rien n’est impossible !

 

Père Gilles Morin

Curé