Blanches colombes

 

Sans doute avez-vous admiré l’une ou l’autre photo d’un fait survenu sur la place Saint-Pierre à Rome le mercredi 15 mai. Le Pape François venait de bénir un bébé quand une cage contenant deux colombes est arrivée dans ses bras. En bon ami du Poverello d’Assise, il a décidé de libérer ces deux oiseaux. L’un s’est envolé aussitôt. L’autre s’est attardé sur sa soutane blanche, comme à son aise. Le Pape était ravi. Quelle belle image : La colombe blanche, symbole de la paix, se plaisant à demeurer sur l’homme de paix vêtu de blanc.

 

Mardi matin, j’attendais l’ouverture des portes de la Mairie du XVème arrondissement. Je venais accomplir des formalités administratives. Je n’étais pas seul. Nous étions une vingtaine de personnes à patienter mais aussi à admirer, dans le sas d’entrée de la Mairie, un groupe de colombes sagement posées à droite et à gauche, au sol comme en hauteur. C’était beau. À 8h30, avec une grande ponctualité, un homme vient, de l’intérieur, clés en main, pour nous faire entrer. Il découvre alors ce groupe de colombes. Comment faire pour que ces volatiles ne pénètrent dans la Mairie ? Réelle difficulté concrète qui l’a conduit à nous faire passer par une porte latérale. Les colombes, elles, étaient perçues comme un risque. Elles ne devaient pas entrer. Il fallait les chasser.

 

Vous vous souvenez, sans doute, de l’épisode biblique de Noé qui, de son Arche, fit s’envoler une colombe qui revint auprès de lui. La tentative fut renouvelée après sept autres jours, et cette fois la colombe revint avec « dans le bec un rameau tout frais d’olivier », ce qui apprit à Noé que le niveau des eaux avait enfin diminué. Il lâcha la colombe une nouvelle fois après une semaine, et l’oiseau ne revint pas. Ce signal annonçait la fin de l’épreuve du déluge. Notre pays n’est-il pas actuellement en crise et frappé par l’épreuve ? Les jours s’enchaînent, et il pleut… il pleut. Beaucoup plus profondément, les mois eux-aussi s’enchaînent, et malgré le bon sens et les protestations légitimes, la famille est malmenée, l’institution du mariage est dénaturée, les enfants sont « objetisés ». Y a-t-il encore lieu d’espérer ? C’est le moment de ne pas oublier le dernier mot du déluge : l’arc-en-ciel.

 

Pourquoi vouloir chasser de nos institutions la blanche colombe, symbole de l’Esprit Saint qui nous dit où est la vie et nous porte la paix ? Pourquoi s’en prendre aux veilleurs qui, bougies en mains, proclament de soir en soir un message de paix ? Pourquoi caricaturer et dédaigner des foules immenses qui marchent dans la paix pour rappeler les fondements de la paix ? La paix vient de Dieu. Or, nous le savons, Dieu est Trinité d’Amour, Père, Fils et Esprit-Saint. Une famille où l’on s’aime, c’est vraiment le visage de Dieu sur notre terre.  L’Evangile de la famille, c’est justement de nous clamer que Dieu est amour, de nous le montrer et de le rayonner. Sans familles, comment espérer la paix ; sans familles, comment savoir ce qu’est l’Amour ?

 

Père Gilles Morin

Curé