ICI

 

Je vous l’assure solennellement : Notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants.

Avec les pèlerins qui reviennent de Terre Sainte, nous avons mis nos pas dans les pas de Jésus de Nazareth. En chacune de nos eucharisties résonnait ce mot : « ICI ».

À Nazareth, il nous était rappelé qu’ICI, la Vierge Marie avait reçu la visite de l’ange Gabriel, et qu’ICI avait résonné son humble « fiat ».

À Bethléem, nous courbant pour accéder à la grotte de la Nativité et  nous agenouillant pour baiser l’étoile indiquant le lieu de l’enfantement, nous étions émus de savoir qu’ICI le Verbe s’était fait chair.

Sur le bord du Jourdain, tout en renouvelant les promesses de notre baptême, dans ces eaux sanctifiées par l’immersion du Christ, nous étions saisis par le fait qu’ICI, le Serviteur avait baptisé son Maître, Jean son Sauveur.

Dans notre traversée en bateau du lac de Tibériade, nous pouvions réaliser qu’ICI, Jésus avait marché sur les eaux et qu’il avait calmé les flots déchaînés.

Sur le Mont Thabor, nous pouvions encore dire qu’ICI, le Christ était apparu dans sa gloire, son visage resplendissant comme le soleil, ses vêtements devenant blancs comme la lumière.

À Jérusalem surtout, accomplissant notre chemin de croix à la suite du Christ, nous étions touchés au plus intime de nous-mêmes en pensant qu’ICI Jésus était tombé, mais que toujours il s’était relevé ; qu’ICI il avait été raillé, humilié, condamné, exécuté, mais qu’il avait tout pardonné.

Entrant dans la basilique du Saint-Sépulcre et gravissant les marches nous conduisant au Golgotha, nous agenouillant là encore pour baiser l’étoile du lieu de la crucifixion et toucher le rocher où la croix avait été plantée, nous ne pouvions que pleurer en nous disant qu’ICI, Jésus était mort pour nous et pour tous.

Que dire alors du tombeau ? Je vous l’assure : il est vide. Le Christ n’y est plus. Au matin de Pâques, il n’y avait que quelques femmes à se rendre en ce lieu. La pierre avait été roulée. Le corps du Seigneur et Maître avait bel et bien disparu. Et ce fut d’ICI que la Bonne Nouvelle se répandit comme un feu : Le Christ est ressuscité, alléluia : il est vraiment ressuscité, alléluia ! C’est que Jésus est le Vivant à jamais. Notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants.

Que dire encore du tombeau ? Si, au matin de Pâques, seules quelques femmes s’y sont rendues, aujourd’hui ce sont des foules innombrables qui se pressent pour pouvoir y accéder. Il est donc particulièrement difficile de parvenir à entrer dans l’édicule qui recouvre ce tombeau pour réussir à voir ce lieu qui nous ramène au cœur de notre foi. Et pourtant … Dimanche dernier, à 4h30 du matin, nous étions une dizaine de paroissiens de Notre-Dame de Nazareth à pénétrer dans ce tombeau, nous glissant parmi un tout petit groupe de pèlerins venus y participer à la messe. Vous rendez-vous compte ? Avoir la célébration eucharistique en ce lieu exigu, au lieu même du tombeau, pour vivre ce grand mystère : celui de l’actualisation de la mort et de la Résurrection du Christ … quelle merveille ! Nous étions là à nous redire : Oui, c’est ICI que le Christ est sorti du tombeau. Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants.

 

Père Gilles Morin

Curé