Incline-toi, et Lui t’élèvera

 

Heureusement pour moi, tous les paroissiens ne sont pas comme lui. Ce grand jeune aux couleurs de l’Afrique n’a pas encore 14 ans mais me dépasse déjà d’une tête. De dimanche en dimanche, il se présente dignement devant moi au moment de la communion, et m’oblige bien involontairement à me mettre sur la pointe des pieds et à élever le bras pour déposer sur sa langue le corps très saint du Christ. Je l’ai taquiné récemment sur cette situation : « Aie pitié de ton curé, lui ai-je lancé ; incline un peu la tête ; ce me sera plus facile ». Et lui, avec son large sourire, de mimer l’approche de sa prochaine communion en fléchissant les genoux pour être plus à ma hauteur. Le pauvre, ce n’est pas de sa faute ; il est vraiment grand, mais il a bon cœur … un cœur d’enfant. Là est l’essentiel. Il n’empêche ;je continue de sourire. Vous le savez en effet, au moment où vous lirez ces lignes je serai en Terre Sainte avec 42 paroissiens de tous âges et de toutes tailles. Jeudi prochain, nous serons à Bethléem, lieu de la Nativité de notre Seigneur. L’entrée de la basilique se fait par une porte basse qui implique de s’incliner… Et j’imagine mon grand jeune qui devrait vraiment se courber pour parvenir à pénétrer à l’intérieur de ce bel édifice. Oui, il faut se faire petit pour s’approcher de Jésus, se tenir devant Jésus et recevoir Jésus. Bien souvent, l’attitude du corps reflète le tréfonds de notre cœur.

 

Peu importe la taille du pharisien de la parabole de ce dimanche. Lui ne se courbe pas. Il se tient droit devant son Dieu car il se croit juste. Il ne peut donc accéder à la relation d’intimité à laquelle l’appelle son Seigneur. Ne se reconnaissant pas pécheur, il ne saurait avoir besoin d’un sauveur.

Voyez Zachée dont nous parlera l’évangile de dimanche prochain : lui est petit de taille mais plus encore humble de cœur. Il est pécheur, certes, mais il le reconnaît. Il n’hésite pas à se ridiculiser aux yeux de tous en grimpant sur un sycomore. Il espère, il attend un bouleversement de sa vie lié à la rencontre avec Jésus de Nazareth. Il est prêt, il est mûr pour accueillir son libérateur et sauveur. C’est pourquoi il peut s’entendre dire : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison … te voilà pardonné, racheté, sauvé ».

 

Nous serons donc 43, jeudi, à nous incliner pour pénétrer à l’intérieur de la basilique de la Nativité. Nous serons 43, par cette attitude du corps, à reconnaître notre misère et notre péché. Nous serons 43 à descendre … pour que Jésus descende en nous comme Rédempteur et Sauveur. Mais vous serez beaucoup plus nombreux, ici à Notre-Dame de Nazareth, à vous incliner devant le même Jésus qui veut entrer dans la maison de notre cœur en chaque communion eucharistique pour nous combler de sa vie et de son amour. C’est finalement si simple ; Jésus s’est abaissé pour être élevé. Si nous nous abaissons humblement et amoureusement, alors il nous élèvera un jour dans la gloire du ciel… et nos voix se joindront à celles de tous les saints pour magnifier le Dieu trois fois saint.

 

Père Gilles Morin

Curé