Ne nous laissez pas seuls dans la prière

 

Ils vous laissent seuls en ce dimanche … du moins en ce qui concerne leur présence à la messe qui, je n’en doute pas, vous manquera. Nos servants d’autel sont en effet en pèlerinage ce week-end à Pontmain. Autant dire qu’en termes de prière, ils vous resteront bien présents. Soyez-en sûrs, en ce domaine, ils ne vous laisseront pas seuls.

 

Pontmain est un petit village près de Laval, aux portes de la Bretagne. La Vierge Marie est entrée dans son histoire un soir d’hiver, le 17 janvier 1871. La France vit alors des temps difficiles. L’armée française a capitulé à Sedan ; l’empereur Napoléon III est prisonnier. Les troupes prussiennes progressent sur notre territoire, allant de victoire en victoire. Elles sont aux portes de Laval. Les pontaminois voient le danger approcher. Le Père Michel Guérin, leur curé depuis 36 ans, est un homme de prière qui les fait prier la Vierge Marie. Mais il semble qu’en ces moments de l’histoire, la prière fasse preuve de son inefficacité. Les prussiens avancent, avancent … Rien ne semble pouvoir les arrêter. Le dimanche 15 janvier, après les vêpres, le curé entonne comme de coutume le cantique : « Mère de l’Espérance dont le nom est si doux, protégez notre France, Priez, priez pour nous ». Il se retrouve, hélas ! seul à chanter. Se retournant, il exhorte ses paroissiens à unir leur voix à la sienne : « Ne me laissez pas seuls dans la prière », aurait-il pu leur dire. Et voici que deux jours plus tard, en la date du 17 janvier 1871, la Vierge Marie apparaît dans le ciel de Pontmain. Durant trois heures, elle se montre, avec un visage maternel, à des enfants à la foi profonde, notamment à Eugène et Joseph Barbedette. La Dame est vêtue d’une robe bleue, parsemée d’étoiles d’or. Les mains étendues et le visage souriant, elle regarde les enfants. Le curé, alerté, invite la foule à réciter le chapelet. Bientôt se déroule sous les pieds de la Vierge une banderole où, successivement, s’inscrivent des lettres d’or qui composent ces paroles, épelées à haute voix par les enfants :

« Mais priez mes enfants ; Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher ».

Stupéfiant et apparemment incompréhensible : Trois jours plus tard, le 20 janvier, les troupes allemandes commencent à évacuer la Mayenne. Le message de Pontmain se réalise : « Priez, Dieu vous exaucera en peu de temps ». Le 28, l’armistice est signée.

 

« Mais priez, priez donc« , nous lance le pape François alors qu’il s’apprête à recevoir au Vatican le Président israélien Shimon Peres et l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Quel est donc le but de cette rencontre ? ni plus ni moins une prière pour la paix en Terre Sainte. « Ne nous laissez pas seuls« , supplie notre Saint-Père. Peut-être sommes-nous portés, comme les pontaminois en leur temps, à désespérer face aux échecs répétés de réconciliation. L’exemple de l’apparition de la Vierge dans ce petit village de Pontmain nous montre qu’il ne doit pas en être ainsi. Prions, prions encore, prions inlassablement et persévéramment. Prions comme les apôtres réunis autour de Marie au Cénacle. Jésus, n’en doutons pas, se laissera toucher. Ne sommes-nous pas tous à Lui ? Qu’il trouve sa gloire en nous.

 

Père Gilles Morin, curé