Le tocsin ou la volée

 

Il y a un siècle, dans un contexte de tensions dans les relations franco-allemandes,  des voix s’élevaient en notre pays face à un courant pacifique béat et irresponsable. Le 3 août 1914, une annonce terrifiante secouait notre nation : celle de l’entrée dans cette page d’histoire appelée à juste titre « La Grande guerre », tant furent nombreux les soldats morts sur les champs de bataille. Mon grand-père, parmi tant d’autres, fut mobilisé. Je ne l’ai connu que dans ma petite enfance ; il mourut en effet trop tôt des suites d’un gazage subit au cours de ce conflit meurtrier. Au cours de notre été 2014, le vendredi 1er août à 16h00, les cloches de nos églises ont donc sonné lentement et gravement le tocsin en souvenir de cet anniversaire.

 

Il y a 70 ans le 24 août 1944, les soldats de la 2ème DB sous le commandement du Général Leclerc entraient dans Paris. Mon père qui n’avait pourtant que 16 ans en faisait partie. Que de fois il m’a raconté cet événement … et quel événement ! celui de la libération de Paris ! Le 25 août de cet été 2014, si vous étiez dans la capitale, vous avez pu entendre les cloches de nos églises parisiennes qui sonnaient à la volée pour commémorer cet anniversaire.

 

Ce sont là des pages de notre histoire que nous ne pouvons … que nous ne devons aucunement oublier. Nous avons l’exigence d’en garder mémoire. Tant de nos devanciers se sont levés, ont combattu, et sont morts pour faire que notre pays reste une terre de liberté.

 

Cet été a été marqué aussi par le drame de populations entières, entre autre en Irak et sans oublier la Syrie, qui ont dû fuir, tout quitter, s’exiler, se réfugier … Parmi elles tant de nos frères et sœurs chrétiens. Les cloches de leurs églises n’ont pu sonner le tocsin. Nous rêvons qu’elles puissent un jour sonner à pleine volée la joie du retour au pays et des biens retrouvés. Des voix se sont élevées, des bonnes volontés se sont mobilisés, les médias ont protesté. Face à de tels drames, la passivité ne saurait être de mise, le silence devient coupable.

 

Ce que le Seigneur déclare au prophète Ézékiel est une parole adressée à chacun d’entre nous : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur » … « Avertis, dénonce … « Si ton frère a commis un péché, va lui parler et montre lui sa faute » car à toi, je demanderai compte du sang de celui qui s’abandonne à sa conduite mauvaise … à plus forte raison des souffrances et esclavages subits par tant d’innocents ».

 

C’est la rentrée ! Nous sommes tous appelés  à nous lever et à nous mobiliser pour éviter les drames, prévenir les conflits, travailler à un bel avenir. Tant de nos proches sont loin de Dieu ; si nombreux sont ceux qui ignorent la tendresse et la miséricorde du Sauveur. N’est-ce pas un drame ? C’est la reprise des catéchismes ; pouvons-nous rester passifs, tels des « chiens muets », face à la spirale de déchristianisation et de déstructuration des nouvelles générations ? Si nous ne voulons pas entendre, dans l’avenir, résonner le son du tocsin, levons-nous courageusement, avertissons, annonçons la Bonne Nouvelle pour que dans chaque cœur résonne le son de la volée qui nous dit que le Christ est vivant, qu’il est l’Amour et qu’il est véritablement le chemin, la vérité et la vie. Il est par excellence Le Libérateur.

 

Père Gilles Morin,

Curé