« he’s no good »

 

De l’écrivain humoriste René Goscinny, nous connaissons tous, ‒ ou presque tous ‒, les aventures d’Astérix et Obélix. Nous sommes sans doute moins nombreux à avoir lu cette autre série de bande dessinée, truculente et quelque peu caustique : «  Les aventures du calife Haroun El Poussah ». Le protagoniste et héros/anti-héros n’est autre que le grand vizir de Bagdad : Iznogoud. Celui-ci possède presque tous les défauts existants : cruel, avare, égoïste, colérique et hargneux. Obsédé par l’idée de devenir « calife à la place du calife », il tente d’y parvenir par tous les moyens, mais sans jamais réussir. Homme de petite taille, il est la terreur de presque tout Bagdad, qui le déteste. Quant au Calife Haroun El Poussah, il est apprécié de son peuple. Naïf, oisif et débonnaire, il est le seul à croire en la fidélité de son grand vizir en qui il met toute sa confiance. Dans chaque épisode, une chance extraordinaire lui permet de survivre aux attentats de son grand vizir et de conserver son trône sans même se rendre compte du danger auquel il a échappé. Inlassablement, il continue d’appeler son grand vizir : « mon bon Iznogoud »…  nom qui n’est autre que la francisation de l’expression anglophone « he’s no good » (il n’est pas bon).

 

« Calife à la place du calife »… « Roi à la place du Roi » … « Dieu à la place de Dieu »… De dramatiques exemples nous disent, au fil des siècles, combien l’ambition et l’orgueil peuvent mener au pire : Régicides, parricides, et même déicide jalonnent l’histoire de l’humanité.

Rappelons-nous : Dès les origines, à peine créés, Adam et Eve, tentés par Satan, cherchent à s’émanciper de Dieu, à se débarrasser de Dieu, à être « comme des dieux ».

Rappelons-nous encore : « Es-tu roi ? » interroge Pilate. Et Jésus d’affirmer : « Tu l’as dit ; je le suis »… et la foule de crier « Nous ne voulons pas d’un tel roi ».

 

Aujourd’hui, les ″Iznogoud″ ne manquent pas. Trop souvent, l’homme s’érige en surhomme ; il s’arroge droits et privilèges quasi divins ; il revendique sa totale autonomie pour régner en maître. Il le fait subrepticement, habilement, malicieusement, parfois même frontalement et violemment. Mais attention, le Christ n’est pas le Calife Haroun El Poussah. Il est Dieu, le Roi du ciel et de la terre. Il n’est nullement oisif ni naïf. Il voit ; il sait ; il est la bonté infinie ; il est l’Amour.  Mais il est aussi Tout-Puissant, et quoique l’on tente, on ne détrône pas le Christ ; il est et restera éternellement Dieu. Dans sa miséricorde, il sera là à nous rappeler « he’s no good », ce n’est pas bien, ce n’est pas bon. Il ira même jusqu’à nous répéter inlassablement « mon bon Iznogoud » … parce qu’il croit en l’homme même quand l’homme ne croit plus en lui ; parce qu’il veut de l’homme même quand l’homme ne veut plus de lui.

 

Père Gilles Morin, curé