« Arrondissement lumière »

 

Paris, « ville lumière » ! Il suffit d’avoir survolé en nocturne notre capitale pour constater combien elle mérite ce titre. C’est une vraie splendeur ! des lumières à l’infini qui scintillent comme autant d’étoiles dans la nuit. D’où lui vient ce titre ? Il faut, semble-t-il, remonter au XVIIIe siècle. Du fait de la montée de la criminalité dans les rues et les coins sombres de Paris, le Préfet demanda à tous les habitants de mettre des bougies ou des lampes à huile sur le rebord de leurs fenêtres, ceci afin d’éclairer entièrement la ville. Ce serait à ce moment là que Paris obtint le surnom de Ville Lumière.

 

Si notre capitale continue d’être resplendissante de ses illuminations, particulièrement à l’approche de Noël, trop d’âmes et de cœurs errent dans l’obscurité et sombrent dans la désespérance. Il y a un peu plus de 2000 ans pourtant, Jésus, vraie ″Lumière qui éclaire tout homme est venu dans le monde et les siens ne l’ont pas accueilli″. Aujourd’hui et éternellement, il reste la véritable Lumière. On peut être aveugle dans la ville, si illuminée soit-elle. Les plus anciens parmi vous se souviennent peut-être de ce chef-d’œuvre cinématographique de Charles Chaplin qui s’intitule justement : « Les lumières de la ville ». Ce film muet, en noir et blanc, met en scène un pauvre vagabond qui rencontre une jeune fleuriste aveugle. Celle-ci est persuadée qu’il est extrêmement riche Il n’ose pas la détromper. Charlot va se démener et tout tenter pour lui venir en aide afin qu’elle guérisse. La scène finale est pleine d’émotion. Le vagabond, après plusieurs mois de prison, passe devant l’échoppe de la jeune fille et la reconnaît.  Celle-ci se moque gentiment de lui et lui propose une fleur et une pièce. Lorsque leurs mains se touchent, elle comprend alors sa cruelle méprise et reconnaît enfin son bienfaiteur. Alors qu’il lui demande si elle peut voir maintenant, elle lui répond, le visage tout illuminé : « oui, maintenant je vois ».

 

Notre archevêque, le Cardinal André Vingt-Trois, a remis à chaque paroisse un bâton de pèlerin auquel est suspendue une lanterne. Elle est pour nous tous une invitation à préparer les chemins du Seigneur, à aller vers nos frères et sœurs qui ne voient pas, qui ne savent pas, qui sont frappés de cécité spirituelle. Approchons-nous d’eux, doucement, délicatement, pour les illuminer. Démenons-nous, surpassons-nous, pour que la lumière du Christ dessille leurs yeux, embrase leurs cœurs et resplendisse sur leurs visages. Que dans la nuit de Noël, chacun puisse affirmer en vérité : « Oui, maintenant je vois ».

 

Ce lundi 8 décembre, à l’occasion de la solennité de l’Immaculée Conception, fête patronale de notre paroisse, nous mettrons au bord de nos fenêtres des veilleuses ou lumignons. Plus encore, nous processionnerons dans les rues de notre quartier, flambeaux à la main, pour honorer la Vierge Marie, elle qui nous donna Jésus-Sauveur. De nuit comme de jour, nos rues ont encore parfois leur lot de dangerosité. Nous y porterons le scintillement de nos cierges, mais plus encore le rayonnement de nos visages et l’écho de nos chants. Puisse ainsi notre XVème mériter le nom de ″Arrondissement lumière″.

 

Père Gilles Morin, curé