L’étoile

 

« Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Tels sont les mots des mages aux habitants de Jérusalem. Ils expriment leur quête d’absolu ; ne sont-ils pas venus de loin pour adorer Celui qui, à leurs yeux, n’est pas un roi comme ceux de la terre mais bien le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le Dieu de l’Univers … un Roi pour tous, un Roi pour eux. Parce qu’ils suivent l’étoile jusqu’au bout, ils trouvent, et leur vie tout entière en est chamboulée. Ils repartent par un autre chemin ; désormais, pour eux, rien ne sera plus comme avant. Pour toujours, une étoile brillera dans le ciel de leur cœur : et cette étoile ne sera autre que l’Enfant Jésus qu’ils ont contemplé à Bethléem.

 

Les habitants de notre quartier, eux aussi, ont vu se lever une étoile à l’approche de Noël. Tous nous avons pu l’admirer. Elle scintille de tous ses feux au-dessus du porche d’entrée de notre paroisse. Elle est comme un appel : « Debout, resplendissez ! Elle est venue votre lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur vous ». Nombreux sont les parisiens de notre secteur qui ont franchi le portail du 351 de la rue Lecourbe ; nombreux encore ceux qui se sont approchés de la crèche et qui l’ont admirée. Certains ont été jusqu’à s interroger, tels ces deux hommes d’âge mûr qui, le soir même de Noël, m’ont abordé.

Excusez-nous, mon Père. Pourriez-vous, en quelques mots, nous parler de Jésus et nous dire ce qu’est la crèche ?

Leur accent étranger ne faisait que confirmer leur saine curiosité. Essayez de vous imaginer devoir, en quelques mots, répondre à de telles questions. De mon petit mieux, je me suis brièvement efforcé de les enseigner, de les catéchiser. Spontanément me revenait à l’esprit les paroles du cantique qui venait de résonner dans notre église : « Viens à la crèche, voir le roi du monde : En lui vient reconnaître, ton Dieu, ton Sauveur ». J’ai donc conduit ces deux hommes sous la tente, devant la crèche. Certes, ils ne se sont pas prosternés mais ils ont admiré, leurs regards se sont illuminés.  Ils sont repartis peu après, et je l’espère par un autre chemin.

 

Certains parmi vous se souviennent peut-être de ce chant pour enfant où il est dit : « Il y a une étoile dans les yeux de chaque homme ». Dans quelques jours, nous sortirons du temps liturgique de Noël pour entrer dans le temps ordinaire. Nous retirerons la crèche tant admirée, nous ôterons l’étoile illuminée. Que restera-t-il donc ? Il y aura toujours une étoile dans nos yeux, capable d’attirer, d’interroger et de guider : l’étoile de la joie de l’Evangile que nous portons au plus intime de nous-mêmes. Puisse-t-elle transfigurer nos visages chaque jour de cette année nouvelle ! Puisse-t-elle ainsi conduire nos frères à la pleine Lumière qui n’est autre que le Christ ! Alors 2015 sera vraiment une année de mission.

 

Père Gilles Morin,

Curé