Lui le veut ; et nous, le voulons-nous vraiment ?

 

Comment a-t-il osé ? Tout lui interdisait d’approcher à ce point de Jésus. C’était un lépreux et la loi était on ne peut plus claire : « Le lépreux, homme impur, habitera à l’écart, sa demeure sera hors du camp ». Les cheveux en bataille et le visage couvert jusqu’aux lèvres, il aurait dû crier à distance : « Impur ! Impur ! » … et voilà pourtant qu’il tombe à genoux devant ce rabbi de Nazareth pour le supplier : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». La suite, nous la connaissons bien : l’intouchable (le lépreux) se laisse toucher ; quelle merveille ! Il est purifié, alléluia !

 

Nous nous apprêtons à entrer dans le temps du Carême. La démarche de cet « impur » est pour nous des plus admirables. Ne sommes-nous pas, tous, atteints par la lèpre du péché ? Allons-nous rester à distance du Christ ou nous en approcher ? Souhaitons-nous ─ pauvres pécheurs que nous sommes ─ nous résigner à notre médiocrité ou accourir vers Le Saint de Dieu pour être purifiés ? Impurs ! Impurs ! oui nous le sommes bel et bien. Alors, n’hésitons aucunement à avancer ; ne restons pas pétrifiés à nous enliser, à larmoyer ou plus encore à désespérer. Entrons dans la supplication et, tombants à genoux devant Jésus qui est toute miséricorde, disons-lui bien humblement : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ». Et bien sûr, Jésus le veut. Est-ce donc si difficile ?

 

Rappelons-nous l’apôtre Simon-Pierre. Sur le lac de Gennésaret, dans sa barque, sous le choc de la pêche miraculeuse, face au Christ, lui aussi se jette à genoux et dit : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! ». « Sois sans crainte », lui répond Jésus ; « viens » ; « approche-toi » ; et même « suis-moi ». Là encore, nous connaissons bien la suite : En ce même lieu, trois ans plus tard, Pierre quitte sa barque, se précipite sur la rive pour rejoindre son Maître et lui répéter par trois fois : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».

Tel doit être notre cheminement du Carême. Approcher, tomber à genoux et supplier avec la certitude que Jésus veut nous purifier. Encore une fois, est-ce si difficile ?

 

En ces temps qui sont les nôtres, Jésus vient vers les lépreux que nous sommes. Il nous supplie : « Si tu le veux, je peux te purifier ». Il veut nous approcher, nous toucher, nous sanctifier. Quelle sera notre réponse ? Trop souvent, notre monde le tient à distance, hors de nos villes, hors de nos vies, tel un pestiféré qui risque de nous contaminer. N’est-ce pas au Golgotha, hors de Jérusalem, qu’il a été crucifié. Là, c’étaient nos péchés dont il était chargé … pour en triompher et ainsi nous libérer, nous purifier et nous sanctifier.

 

Oui, Jésus est vraiment contagieux et même il veut nous contaminer. À son contact, on est gagné par la liberté, l’amour, la joie, la paix et  la sainteté. Alors, surtout ne restons pas à distance. Il veut nous purifier ; le voulons-nous vraiment ?

 

Père Gilles Morin,

Curé