Marie-Madeleine, Pierre, Jean … vous et moi

 

Elle n’était qu’une prostituée. Elle s’était enlisée dans des amours dénaturés mais avait été saisie par l’Amour incarné. Présente au Golgotha ; elle fut la première au tombeau. Témoin de la résurrection, elle en fut la première messagère. Marie-Madeleine, la prostituée, toute à la joie, courut, courut … non vers un saint mais vers un lâche, un renégat.

 

Il était fougueux et prompt à sortir l’épée. Il ne manquait ni de passion ni d’audace. D’ailleurs, il l’avait clairement affirmé : « Je suis prêt à aller jusqu’à la mort ». Pourtant, Pierre avait bel et bien renié Jésus. Non pas une fois, mais trois. Le regard de son Maître avait croisé le sien ; le coq avait chanté ; et il avait pleuré. Pour l’heure, il était face au tombeau vide. Serait-ce l’heure de la résurrection tant annoncée ? L’inouï, l’invraisemblable, serait-il devenu réalité ? Mais alors, l’heure était venue aussi pour lui d’affermir ses frères.

 

C’était “celui que Jésus aimait“. Il s’était penché sur le cœur de son maître. Il en connaissait le rythme et les battements.  Un enfant contemplant une icône représentant cette cène disait candidement : « Jean ausculte Jésus car il est malade. Son cœur a beaucoup de fièvre ». Cette fièvre, c’est celle de l’amour. Au pied de la croix, près de la Vierge Marie, Jean en est le témoin. Au matin de Pâques, dans sa course vers le tombeau, il devance Pierre ; dans son adhésion au mystère de la résurrection, il le devance encore.

 

Nous venons de vibrer aux événements lourds d’intensité dramatique de ces derniers jours. Disciples du Christ, nous avons été bouleversés par les récits de la Passion. Nous ne sommes pas des saints, mais en ce matin de Pâques, Dieu nous appelle au tombeau. … et ce tombeau est vide.

  • Nous nous reconnaissons en Marie-Madeleine, de par nos errements dans l’amour. Comme elle, nous avons à être témoins de la résurrection.
  • Nous nous sentons tellement proches de Pierre, ardents en parole et si prompts à déserter, souvent lâches et infidèles mais aussi prêts à regretter et à pleurer. À notre niveau, nous avons à affermir nos frères.
  • Tout comme Jean et même mieux que lui, nous entendons battre le cœur du Christ et, dans l’eucharistie, nous percevons l’intensité de son amour. Avec lui, nous avons à reconnaître les signes de la présence vivante de Dieu dans notre vie et dans notre monde.

 

Nous ne sommes pas des saints, et c’est pourtant bien à nous que Jésus se révèle et se montre comme le Ressuscité, le Vivant à jamais. Aussi chantons-nous à pleine voix : Alléluia !

 

 

SAINTE ET JOYEUSE FÊTE DE PÂQUES !

 

Père Gilles Morin, curé